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Tunisie : des tentatives d'attentats menacent le tourisme

Déjà destabilisée par une crise politique majeure, la Tunisie vient de subir coup sur coup deux tentatives d'attentat manquées. La particularité de ces deux événements ? Ils ciblaient des zones touristiques, ce qui n'avait jamais été le cas auparavant. Inquiets pour l'avenir du tourisme, les autorités tunisiennes tentent de rassurer.
Article rédigé par Lucas Roxo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
  (Reuters)

La côte-est tunisienne avait jusqu'ici été épargnée. Bastion du tourisme, peuplée de visiteurs étrangers en été, elle a pourtant été victime de deux tentatives d'attentats, cette semaine. 

A Sousse, un kamikaze s'est fait exploser sur une plage, mercredi, sans faire de victimes. Il visait l'hôtel Riadh Palm, dans le centre de Sousse, mais il a été repéré par les gardes et pourchassé sur quelques dizaines de mètres jusqu'à la plage. 

A Monastir, une attaque visant le mausolée du premier président tunisien Habib Bourguiba a été déjouée, a également expliqué le ministère de l'Intérieur.

Deux membres d'un groupe salafiste

Les deux actes, qui n'ont pas été revendiqués, sont le fait de deux Tunisiens. Le porte-parole du ministère, Mohamed Ali Laroui, a précisé sur la radio Mosaïque FM qu'ils appartenaient à Ansar Ashariaa, un groupe salafiste jihadiste classé "organisation terroriste " par les autorités.

Le ministère de l'Intérieur n'a pas tardé à faire des recherches : dans la soirée de mercredi, il a annoncé l'arrestation de "cinq terroristes ayant des liens directs avec les assaillants ". 

Le secteur du tourisme inquiet

Même si les deux attentats ont été déjoués, les médias tunisiens et les acteurs économiques ne cachent pas leurs craintes pour l'avenir du tourisme. Un secteur encore en convalescence depuis la révolution de janvier 2011 qui avait entraîné une chute de 30 % des revenus et qui peine toujours à revenir à son niveau d'avant le soulèvement populaire.

Et si les affrontements impliquant des jihadistes se sont multipliés (neuf morts au sein des forces de l'ordre en octobre), ils visaient la police, la gendarmerie et l'opposition. Mais jamais les touristes. Le gouvernement n'a d'ailleurs eu cesse de souligner ces derniers mois qu'aucun touriste n'avait été touché dans les vagues successives de violences. Une relative tranquillité qui risque de prendre fin. 

"Merci les terroristes !" (une professionnelle du secteur hôtelier)

"Le tourisme tunisien vous dit 'merci les terroristes' ! ", a lancé sous le choc une professionnelle du secteur hôtelier. Le patronat tunisien, Utica a ainsi dénoncé "une escalade du terrorisme qui s'attaque désormais à des secteurs stratégiques de l'économie en cette conjoncture économique difficile ". Même l'ambassade de France a publié de nouvelles consignes de sécurité sur son site Internet, pour ses ressortissants souhaitant voyager en Tunisie. 

Les autorités tentent d'être rassurantes

Le ministre du Tourisme a organisé une conférence de presse ce vendredi matin pour réagir aux événements récents. Jamel Gamra a tenté de se montrer rassurant. 

Il a ainsi expliqué qu'au niveau du secteur touristique, il y avait "quelques annulations de réservations " mais que la Tunisie avait "évité le pire ". 

Le président de la Fédération tunisienne des agences de voyages, Mohamed Ali Toumi, a également été dans le sens du ministre. "Les gens sont un peu réticents à réserver des séjours, c'est vrai mais nous considérons que ça ne peut être que passager, ça va être difficile pendant les prochains jours, après on reviendra à la normale, si Dieu le veut ", a-t-il expliqué.

Pour s'assurer du bon déroulement des prochaines semaines, le gouvernement a tout de même considérablement renforcé la sécurité dans les zones touristiques. Patrouilles, contrôles policiers et déploiements de brigades devant les supermarchés : une nouveauté pour les plages de la côte tunisienne. 

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