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Tunisie : l'Assemblée constituante secouée par des menaces de mort

Les travaux autour de la Constitution tunisienne ont été suspendus, ce dimanche, après une vive altercation entre des députés. Taxé "d'ennemi de l'islam" par un élu de la frange la plus dure d'Ennahda pendant un débat, Mongi Rahoui, de la coalition de gauche Front populaire, a expliqué avoir reçu des menaces de mort. Une situation qui n'est pas sans rappeler celle connue par Chokri Belaïd il y a quelques mois. 
Article rédigé par Lucas Roxo
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
  (Aimen Zine AP/SIPA)

La journée de samedi avait connu son lot d'événements, alors que les députés tunisiens adoptaient un par un les articles de la Constitution. Mais rien de comparable à ce qui s'est déroulé ce dimanche, à l'Assemblée nationale constituante (ANC). Dans une ambiance électrique, la séance, qui avait débuté à 11h, a été levée après seulement une heure, les protestations des élus rendant la poursuite des travaux impossible. 

La raison : les menaces de mort qu'aurait reçu Mongi Rahoui, un député de la coalition de gauche Front populaire. L'origine de ces menaces provient des déclarations d'un élu d'Ennahda. Selon un enregistrement disponible en ligne, Habib Ellouze, de la frange la plus dure d'Ennahda, a dit à la radio Saraha-FM que Mongi Rahoui était "connu pour son animosité pour l'islam ".

Une déclaration qui faisait suite à la prise de parole de Mongi Rahoui, qui avait samedi violemment critiqué l'adoption des articles 1 et 2 de la Constitution. Il avait lui-même provoqué la suspension de la séance après ses remarques sur la place tenue par la religion dans ces articles.

Habib Ellouze s'excuse

L'élu nahdaouite a dans un premier temps affirmé que ses propos à une radio avaient été sortis de leur contexte, avant de présenter ses excuses à Rahoui et à l'ANC.

"Combien faut-il encore de sang pour comprendre qu'on est unis (dans l'islam)? Je te dis que je suis musulman, que mon père, ma mère, mon grand-père et mon peuple sont musulmans ", a répondu, dans l'hémicycle, Mongi Rahoui. 

De son côté, Ennahda a "rejeté entièrement " les propos de Habib Ellouze contre Mongi Rahoui. Mais les débats se sont alors enflammés, mettant fin à la séance de ce dimanche, qui a toutefois repris ce dimanche après-midi.

Des propos qui rappellent ceux à l'encontre de Chokri Belaïd

Mongi Rahoui a lui dénoncé le fait qu'après ces déclarations, ce qui avait été dit par Habib Ellouze "avait conduit à des menaces de mort " contre lui. Une source policière a confirmé que sa sécurité avait été renforcée, et lui a même affirmé avoir reçu un soutien de la part de Moncef Marzouki, le président tunisien. 

Plusieurs représentants de l'opposition laïque n'ont toutefois pas manqué de souligner que de tels propos faisaient de l'élu une cible pour la mouvance salafiste armée, déjà accusée d'avoir tué deux opposants de gauche en 2013, Chokri Belaïd et Mohamed Brahmi. Une manifestation devant l'Assemblée nationale constituante a dans le même temps été organisée, en soutien à Mongi Rahoui. 

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