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"J'irai en Tunisie cet été" : les internautes se mobilisent après les attentats de Tunis

Derrière les #JeSuisBardo et #JeSuisTunisien, des internautes tentent de préserver l'image d'un pays blessé après l'attaque terroriste qui a frappé le musée du Bardo mercredi.

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des touristes dans un bus à Tunis (Tunisie), mercredi 18 mars 2015.  (CITIZENSIDE / MOHAMED KRIT / AFP)

Les touristes narguent les terroristes. Au lendemain de l'attaque de Tunis, qui a fait au moins 21 morts, dont au moins 19 étrangers, au musée du Bardo, des internautes relaient, jeudi 19 mars, un message de courage : "Ne cédez pas à la peur, continuez de visiter la Tunisie."  Le tourisme tunisien, déjà en crise depuis la révolution de 2011, pourrait, en effet, subir de plein fouet les répercussions de l'attentat de mercredi. Or, 10% de la population tunisienne travaille dans ce secteur.

"Venez en Tunisie"

Rimoucha Thabti a assisté, mercredi soir, au rassemblement de solidarité devant les portes fermées du musée du Bardo. En rentrant chez elle, cette blogueuse, qui se définit comme journaliste citoyenne, a "posté des messages optimistes sur les réseaux sociaux. Parce que leur but [celui des terroristes], c'est de nous briser le moral." "Supportez notre Tunisie et venez cette été #JeSuisBardo", tweete-t-elle alors. "C'est important d'encourager les gens à venir ici, en publiant de belles photos de ce qu'est vraiment la Tunisie, en disant aux étrangers et, par la même occasion, aux terroristes, que nous sommes forts et que nous n'avons pas peur", explique-t-elle, contactée par francetv info.

Par solidarité, des internautes du monde entier ont posté des photos d'eux, portant des pancartes où l'on peut lire : "Je vais venir en Tunisie." Sur Twitter, plusieurs médias tunisiens se font l'écho de cette solidarité internationale, compilant les clichés, largement retweetés par de jeunes tunisiens. 

Une industrie convalescente

L'initiative spontanée des internautes fait écho à celle de Zied Chargui. Employé au ministère du Tourisme tunisien, il a lancé en janvier une opération de communication virale avec l'objectif de relancer l'attrait pour cette destination. Son nom : "Je serai en Tunisie le..." Les touristes y annoncent leurs dates de voyages dans le pays, tandis que ceux déjà sur place font part de leurs impressions.

Depuis, certains selfies pris à l'occasion de cette campagne, circulent une nouvelle fois, tandis que de nouveaux messages sont postés, cette fois en réponse aux attaques. 

 

S'il reste difficile de connaître le nombre d'annulations de réservations touristiques dans le pays, certains groupes, comme TUI France, contacté par l'AFP, ont assuré avoir annulé les prochains voyages à destination de Djerba. Costa Croisières et MSC Croisières ont, quant à eux, suspendu leurs escales prévus dans la capitale tunisienne. Chez un tour opérateur lillois, contacté mercredi soir par francetv info, on relativise le phénomène : "Pour l'instant, aucun client n'a souhaité annuler son voyage, assure une employée. Mais de manière générale, le Maghreb n'est plus une destination prisée par les touristes. Les clients ont peur, ce qui est très dommage. On a très peu de demandes vers ces pays depuis les attentats de Paris." Elle note toutefois avoir reçu un appel étonnant dans la journée : "Une personne qui voulait des renseignements pour un voyage à Tunis !"

"Après le choc, on relativise"

"Ma première réaction a été de remettre en question ce voyage", reconnaît Emilie, une jeune Marseillaise qui doit partir mercredi pour Tunis, où elle rend visite à des amis. "Et puis après le choc, on relativise", explique-t-elle à francetv info. "Une attaque comme celle-ci peut arriver partout : c'était à Tunis, mais avant il y a eu Paris. On ne peut pas se laisser contrôler par la peur", dit-elle, désormais "surprise par [sa] réaction initiale." A l'origine de ce réflexe, elle pointe un contexte négatif, dans lequel la menace terroriste semble exacerbée par l'importance qu'elle occupe aujourd'hui dans les médias. "Je me suis dit : si tu veux prendre la bonne décision, n'allume pas la télé !"

Emilie, qui a déjà visité la Tunisie, sera prudente sur place, évidemment. "Mais de la même manière que je suis vigilante chaque fois que je voyage à l'étranger. Par exemple : si je dois prendre un taxi seule, je serai attentive. Mais je l'aurais été avant l'attaque aussi."

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