En Tunisie, les victimes des "émeutes du pain" témoignent, 34 ans après
À la fin de l’année 1983, la hausse du prix du pain et des céréales a conduit à l'une des plus grandes révoltes populaires de la Tunisie. Les contestations avaient fait plusieurs dizaines de morts.
"Ce moment est historique pour moi car il me ramène 34 ans en arrière." En Tunisie, les victimes des "émeutes du pain" ont été auditionnées publiquement par l’Instance Vérité & Dignité (IVD), le 4 janvier dernier. L’IVD est chargée depuis 2014 de recenser les violations des droits humains commises sous les régimes des dictateurs Bourguiba puis Ben Ali. Ses travaux doivent permettre aux victimes d’être réhabilitées et d’obtenir réparation.
En ce début d’année 2018, l’instance indépendante s’est penchée sur les exactions commises pendant l’une des plus grandes révoltes populaires de la Tunisie.
Une augmentation de 100% des prix des céréales et du pain
Fin décembre 1983, le gouvernement tunisien décide d’augmenter de 100% les prix de produits de base, comme le pain, la semoule et les céréales. Cette décision s’inscrit dans un plan d’austérité exigé par le Fonds Monétaire International censé réduire la dette publique.
Le mécontentement des Tunisiens se traduit par un soulèvement populaire et des protestations violentes qui durent une dizaine de jours. La contestation démarre au sud du pays et gagne progressivement l’ensemble du pays et la capitale, le 3 janvier 1984. Malgré la mise en place d’un couvre-feu et de l’état d’urgence, la colère des Tunisiens tourne à l’émeute. Plus de 800 personnes ont été arrêtées et, selon le bilan officiel, la révolte a fait 89 morts. Mais officieusement, on estime que le nombre de victimes est en réalité le double.
Le président tunisien Habib Bourguiba finit par revenir sur cette augmentation des prix. Son intervention télévisée, le 6 janvier 1984, mettra ainsi fin aux émeutes.
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