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Torture, harcèlement, perquisitions abusives : Amnesty International dénonce les dérives de l'état d'urgence en Tunisie

Dans un rapport publié lundi 13 février, l'ONG Amnesty International s'inquiète des "méthodes brutales" exercées par les forces de l'ordre en Tunisie, alors que l'état d'urgence devrait être reconduit cette semaine dans le pays.

Article rédigé par franceinfo, Justine Fontaine
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
L'état d'urgence est instauré depuis novembre 2015 en Tunisie. (NACER TALEL / ANADOLU AGENCY)

"Torture", "arrestations arbitraires", "perquisitions abusives". Dans un rapport publié lundi 13 février, Amnesty International dénonce la recrudescence "importante" de "méthodes brutales du passé" exercées en Tunisie, notamment depuis la remise en place de l'état d'urgence en novembre 2015, après une série d'attentats dans le pays.

Le 14 janvier 2011, le président tunisien Ben Ali renonçait au pouvoir et quittait la Tunisie sous la pression des révolutionnaires du printemps arabe. Mais aujourd'hui, six ans après, une grande majorité des policiers de l'Ancien régime, sont toujours en poste. Certains d'entre eux, n'hésitent pas à procéder à des arrestations arbitraires et abusives.

Assignations à résidence sans motif

Quelques années avant la révolution, Seif Eddine (nom d'emprunt) a été accusé dans le cadre de la loi anti-terroriste et condamné à une peine de prison avec sursis. Mais depuis, cet homme de 37 ans, n'est jamais passé depuis devant un juge. Pourtant, il y a un peu plus d'un an, les policiers l'ont convoqué au commissariat pour l'assigner à résidence sans lui expliquer pourquoi ni lui donner une copie du document qu'il a signé. "C'était pendant l'état d'urgence, ils ont arrêté beaucoup de gens et un mois après ça, ils m'ont convoqué au commissariat et m'ont fait signer des documents" raconte Seif Eddine. 

Depuis Seif Eddine, qui porte la barbe et un habit religieux, a écrit au procureur pour contester son assignation à résidence, sans succès. Chauffeur de bus pour les pèlerins à la Mecque, il risque aujourd'hui, de perdre son emploi. Sa mère se rappelle aussi les pressions subies par son fils, comme ce jour où il a été retenu par des policiers à l'aéroport : "J'étais sous le choc, je pleurais, j'ai fait un malaise (...) j'ai cru qu'il était accusé de quelque chose de grave" explique-t-elle.

Des cas de tortures, rarement condamnés

Pour Amnesty International, l'histoire de Seif Eddine, n'est qu'une illustration parmi tant d'autres, des débordements exercés par la police tunisienne depuis le retour de l'état d'urgence. "Notre préoccupation, c'est qu'il puisse y avoir des investigations indépendantes quand il y a des accusations de torture ou de mauvais traitements et que les personnes impliquées dans ces violations des droits humains, puissent en rendre compte".

Jusqu'à maintenant les condamnations pour torture en Tunisie, sont rares. En 2014, sur 230 affaires portées en justice, cinq seulement ont abouti à des condamnations.


Amnesty International dénonce les dérives de l'état d'urgence en Tunisie - Un reportage de Justine Fontaine

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