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Turquie : un projet d'aménagement urbain enflamme Istanbul

La police turque a fait usage samedi matin de gaz lacrymogènes aux abords de la place Taksim, dans le centre d'Istanbul, pour disperser plusieurs centaines de manifestants. Des milliers de personnes protestent contre un projet de construction d'un centre commercial. Mais la contestation du pouvoir islamiste en place n'est pas loin. Le Premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan, concède des "actions extrêmes" de la police.
Article rédigé par Rémi Ink
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
  (EPA/MAXPPP)

Les violences ont éclaté hier et ont fait plusieurs dizaines de
blessés. Elles ont duré une partie de la nuit. Et elles ont repris ce matin.
Après un long face-à-face avec des manifestants qui tenaient une barricade dans
l'avenue Istiqlal, une artère piétonne et commerçante qui mène à la place Taksim,
dans le centre d'Istanbul, les forces de l'ordre ont tiré une salve de grenades
lacrymogènes pour disperser la foule.

D'autres incidents ont été signalés un peu plus tôt dans la
matinée dans le quartier de Besiktas, lorsqu'un groupe de manifestants venus de la rive anatolienne de la mégapole turque a traversé un pont sur le barrage et
a été dispersé par la police.

Des arbres qui cachent la forêt

Un projet d'aménagement urbain a provoqué les premiers heurts. Sur
la place Taksim, un centre commercial doit être bientôt construit. Mais 600
arbres du parc Gezi tout proche doivent être préalablement déracinés. Hors de question pour ces
manifestants qui affrontent les policiers turcs.

Ce mouvement de protestation est l'un des plus importants dirigés
contre le pouvoir islamo-conservateur depuis son entrée en fonction en 2002.
Derrière ce projet d'aménagement urbain, c'est en réalité le pouvoir en général
qui est critiqué. Des manifestations ont d'ailleurs également lieu dans d'autres villes turques comme Ankara, Izmir ou Bodrum. 

"Les arbres, c'est juste la goutte d'eau qui fait déborder le
vase. Les gens en ont ras-le-bol de tout ce que ce gouvernement leur
fait
", explique un jeune manifestant dans le cortège. 

La police trop violente ? 

Comme pour tenter de calmer le jeu, le Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan a concédé que la police avait agi dans certains cas de façon "extrême ". 

"Il est vrai qu'il y a eu des erreurs, et des actions extrêmes dans la réponse de la police. Les mises en garde nécessaires ont été faites." (Recep Tayyip Erdogan) 

Pour Jean-Francois Pérouse, spécailiste de la vie politique turque et directeur de l'Institut francais d'études anatoliennes à Istanbul, ce mouvement existe "depuis plusieurs semaines et a enflé depuis hier soir ".

Il faut dire qu'une loi controversée a été votée la semaine
dernière. Elle restreint la consommation et la vente d'alcool, devenue
interdite dans certains endroits d'Istanbul, entre 22 heures et 6 heures du
matin. Comme un geste de défi, certains manifestants avançaient dans les rues
bière à la main.

Erdogan ne lâchera pas 

Le Premier ministre Recep Tayyip Erdogan a réagi fermement samedi, excluant le retrait du projet urbain, et affirmant que la police resterait mobilisée tant que nécessaire pour faire respecter l'ordre. Il somme les manifestants d'Istanbul de cesser "immédiatement" leur action. "Je demande aux protestataires d'arrêter immédiatement leurs manifestations pour éviter plus de dommages aux visiteurs, aux piétons et aux commerçants ", a-t-il déclaré.

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