Reportage Municipales en Turquie : les yeux sont tournés vers Istanbul, ville clé du scrutin où Erdogan fait campagne pour son candidat

Les élections municipales du dimanche 31 mars s'annoncent décisives pour l'avenir du pays, tant l'enjeu du scrutin est devenu national. À l'image de la bataille entre le maire actuel d'Istanbul et son rival, soutenu par le président Erdogan.
Article rédigé par Marie-Pierre Vérot
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le président turc Recep Tayyip Erdogan en meeting le week-end dernier à Istanbul, pour soutenir son candidat de l'AKP, Murat Kurum, aux municipales. (MARIE-PIERRE VEROT / RADIO FRANCE)

En Turquie, c’est la dernière ligne droite avant les élections municipales du dimanche 31 mars. Un scrutin local mais dont l’enjeu est national. Il s’agit de savoir si le président Erdogan va parachever sa mainmise sur le pays. Sa présidence toute-puissante, le Parlement dominé par son parti l’AKP… Il ne reste à l’opposition que les grandes villes, au premier rang desquelles Istanbul, où Recep Tayyip Erdogan tenait meeting le week-end dernier.

Le soleil est revenu sur Istanbul, mais ce n’est pas la foule des grands jours sur le tarmac de l’ancien aéroport Atatürk, où le président Erdogan a coutume de rassembler ses fidèles. Il est venu apporter son soutien au candidat de son parti, l’AKP, qui affronte le maire sortant Ekrem Imamoglu. Murat Kurum porte les espoirs de revanche du président : reprendre Istanbul, la ville phare de Turquie.

Mais ce n’est pas Kurum que les militants sont venus voir. "On est là parce que le raïs nous l’a demandé", admet une jeune femme. C’est bien Erdogan que tous veulent acclamer. C’est d’ailleurs son portrait sur les drapeaux que l’on vend. "C’est très important d’être là, s'enflamme Ermin, les larmes aux yeux. Le raïs est unique, que le Dieu lui donne longue vie. C’est un leader mondial."

Un vendeur de drapeaux, près du meeting du président turc Erdogan. (MARIE-PIERRE VEROT / RADIO FRANCE)

Le président pousse la chansonnette avant de promettre une ère nouvelle pour Istanbul. Une ville, ajoute-t-il, que l’opposition a laissé dépérir. Pour la journaliste Barçin Yinanç, le résultat de dimanche aura de profondes répercussions. "Les résultats des élections municipales ont des conséquences sur l’avenir du président Erdogan et sur l'avenir de la démocratie en Turquie, qui a régressé malheureusement sous le règne d'Erdogan, déplore-t-elle. Et tous les yeux seront rivés sur Istanbul."

"Si M. Imamoglu gagne les élections à Istanbul, il deviendra le rival le plus sérieux contre le président Erdogan dans quatre ans, quand il y aura des élections présidentielles."

Barçin Yinanç, journaliste turque

à franceinfo

Un parti islamiste s'invite dans l'élection

Les sondages donnent les deux candidats pour Istanbul au coude à coude. Chaque voix compte. Et il y a un caillou qui grossit dans la chaussure du président, c’est un parti islamiste. Le Yeniden Refah, le Nouveau parti de la prospérité, séduit de plus en plus les électeurs de l’AKP. Son dirigeant Fatih Erbakan tenait justement meeting lui aussi dimanche, pas très loin du rassemblement de Recep Tayyip Erdogan.

Le "moudjahidin Erbakan", comme scandent ses partisans, appuie où cela fait mal. Il dénonce la crise économique, l’inflation, le commerce que l’AKP poursuit avec Israël. "Nos maires, lance-t-il, ne recherchent pas le profit mais ils sont du côté de la morale et de l’honnêteté". Le parti du président Erdogan combat sur deux fronts, l’opposition républicaine mais aussi les islamo-nationalistes devenus désormais de dangereux concurrents.

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