Recep Tayyip Erdogan remporte la présidentielle turque au premier tour
Sans surprise, le chef du gouvernement islamo-conservateur a obtenu 52% des voix.
Le scrutin ne laisse pas beaucoup de place au suspense. A la publication de résultats quasi-complets, l'actuel Premier ministre, Recep Tayyip Erdogan, a été élu dimanche 10 août président de la République dès le premier tour. C'est la première fois en Turquie que ce scrutin est disputé au suffrage universel direct.
Le chef du gouvernement islamo-conservateur, âgé de 60 ans, au pouvoir depuis 2003, a obtenu près de 52% des voix. Le principal candidat de l'opposition Ekmelettin Ihsanoglu obtiendrait 35,9% et celui de la minorité kurde, Selahhatin Demirtas, 8,5%.
Les bureaux de vote ont fermé leurs portes à 17h, heure locale, à l'issue d'un scrutin marqué par une participation en recul par rapport aux municipales de mars. Selon le sondeur Adil Gür, de la compagnie A&G, elle devrait osciller entre 70 et 75%.
Ses rivaux craignent une dérive autocratique
Grand favori de ce scrutin, l'homme fort du pays devrait ainsi obtenir carte blanche pour continuer à transformer le pays à la barre d'une présidence qu'il veut renforcer. "Le régime parlementaire turc prévoit un rôle essentiellement honorifique pour le président de la République, mais l’ambition d’Erdogan est de se bâtir un système présidentiel sur mesure. Un premier pas vers l’autocratie, dénoncent en chœur ses opposants", explique le JDD.fr.
Selon le quotidien, si Erdogan accède aux fonctions suprêmes, "il ne restera plus grand monde pour empêcher Erdogan de radicaliser le régime. Militaires, journalistes trop critiques, manifestants de la place Taksim à Istanbul l’an dernier, membres de la confrérie de l’imam Fethullah Gülen, qui l’ont attaqué sur la corruption, tous ont été éliminés par la force et la répression", poursuit le JDD, notant que seule la Cour constitutionnelle pourrait encore lui résister : "Sans doute sa prochaine cible."
Une année difficile pour son camp
Paradoxalement, le triomphe attendu du Premier ministre intervient au terme d'une année politique très difficile pour son camp. En juin 2013, des millions de Turcs ont dénoncé dans les rues sa dérive autoritaire et islamiste. Dès le mois de mars, des heurts avaient éclaté entre policiers et manifestants, à Istanbul, après les funérailles d'un garçon de 15 ans, mort des suites de blessures causées par la police. La sévère répression de la révolte qui a suivi a sérieusement écorné l'image du régime.
Enfin, l'hiver dernier, un scandale de corruption sans précédent a éclaboussé le pouvoir, poussant Recep Tayyip Erdogan à dénoncer un "complot" de son ex-allié islamiste Fethullah Gülen, avant de purger la police et de museler les réseaux sociaux et la justice.
Mais, même contesté comme jamais, il avait déjà remporté les élections locales de mars et reste très populaire dans un pays qu'il a débarrassé de la tutelle de l'armée et dont la majorité religieuse et conservatrice a profité de la forte croissance économique sous son règne.
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