Syrie : à Kobané, des réfugiés d'Afrin reprochent à la communauté internationale de les avoir "trahis"
En Syrie, une partie des habitants d'Afrin, sous contrôle turc depuis le 18 mars, a fui vers Kobané où franceinfo a pu recueillir le témoignage de familles kurdes, désespérées d'attendre vainement un soutien international.
La Turquie a menacé mercredi 28 mars d'intervenir à Minjeb, une ville du nord de la Syrie, si les combattants kurdes n'évacuent pas cette zone. L'ultimatum intervient dix jours après la prise de contrôle, par l'armée d'Ankara, d'Afrin, plus à l'ouest, où la population est majoritairement kurde. Des habitants ont fui contre leur gré, ainsi qu'en témoignent des réfugiés arrivés à Kobané, après un long et éprouvant périple.
Trois familles d'Afrin ont pu rejoindre Kobané, il y a à peine dix jours. Elles sont hébergées chez des proches où les enfants peuvent jouer dans la cour d'une maison. Sehnaz, l’une des mères, explique que tous se sont "mis à l’abri des bombardements turcs". Un déplacement coûteux et pénible, en raison des dizaines de barrages du régime syrien à franchir, indique-t-elle.
C’était long, car les soldats demandent de l’argent aux déplacés, 100 dollars. Nos voisins sont restés coincés car ils ne peuvent pas payer cette somme.
Sehnaz, une habitante d'Afrin réfugiée à Kobanéà franceinfo
Après les bombardements, la fuite précipitée, ces familles se doutent que leur ville est livrée aux pillards. Novin, qui fait partie du groupe des réfugiés d'Afrin, ne décolère pas. "La communauté internationale nous a trahis, lance cette mère de famille. Elle nous a abandonnés sous les bombes des avions turcs."
Personne n’est venu nous aider, on ne pouvait compter que sur nous-mêmes.
Novin, mère de famille réfugiée à Kobanéà Kobané
Novin reproche au préside turc d’être "un lâche" et de leur avoir fait vivre un enfer, dit-elle. Sa voix est alors couverte par les enfants qui scandent "Vive la résistance d’Afrin", pour rappeler que leur ville est désormais occupée par les forces turques.
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