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Rétablissement de la peine de mort, purges et arrestations : ce que l'on sait de l'après coup d'Etat en Turquie

Des centaines de généraux et de magistrats ont été arrêtés à travers la Turquie pour leur soutien présumé à la tentative de putsch dans ce qui s'apparente à une vaste purge, suscitant de fermes mises en garde de l'étranger.

Article rédigé par franceinfo avec AFP et Reuters
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Le président Recep Tayyip Erdogan salue ses partisans, après les obsèques d'une des victimes du putsch militaire, à Istanbul (Turquie), le 17 juillet 2016.  (ALKIS KONSTANTINIDIS / REUTERS)

Un vaste coup de filet est en cours, dimanche 17 juillet, en Turquie au lendemain de l'échec d'une tentative de putsch sanglante menée par des militaires rebelles contre le régime du président Recep Tayyp Erdogan. Les affrontements, avec avions de chasse et chars, ont donné lieu à des scènes de violences inédites à Ankara et Istanbul depuis des décennies. Ces violences ont opposé les rebelles aux forces loyalistes ainsi qu'à des dizaines de milliers de personnes descendues dans les rues du pays. Voici ce que l'on sait de l'après coup d'Etat.

Un bilan humain qui s'alourdit

Au moins 290 personnes ont été tuées, selon un nouveau bilan communiqué par le ministère turc des Affaires étrangères. "Plus de 100 putschistes" ont été abattus et au moins "190 de nos citoyens ont trouvé la mort", selon un communiqué du ministère. Un précédent bilan faisait état d'au moins 265 tués.

6 000 gardes à vue : "Le grand ménage continue"

La tentative de putsch semble avoir été le fait d'une minorité de militaires, qui ne disposait pas de soutien parmi la haute hiérarchie de l'armée. Alors que la tentative de renversement était en cours, le président Erdogan a rapidement accusé le prédicateur exilé aux Etats-Unis Fethullah Gülen. L'ancien imam a fermement démenti. Ankara a demandé aux Etats-Unis de l'extrader.

"Il y a environ 6 000 personnes en garde à vue. Le grand ménage continue", a déclaré dimanche le ministre de la Justice, Bekir Bozdag. Le gouvernement avait annoncé samedi l'arrestation de près de 3 000 soldats pour leur implication présumée.

D'après la télévision NTV, 34 généraux de différents grades ont été arrêtés jusqu'à présent. Parmi eux, des figures emblématiques, comme Erdal Ozturk, commandant de la troisième armée, et Adem Huduti, commandant de la deuxième armée. Dimanche, dans la ville de Denizli (ouest), le commandant de la garnison Ozhan Ozbakir a été arrêté avec 51 soldats, a annoncé l'agence Anadolu. Par ailleurs, un gradé de haut rang de l'armée de l'air, le général Bekir Ercan Van, et une douzaine d'officiers ont été arrêtés sur la base d'Incirlik (sud), utilisée par la coalition internationale pour ses raids contre les jihadistes en Syrie.

Enfin, l'aide de camp du président Recep Tayyip Erdogan a été placé en garde à vue. Le colonel Ali Yazici, aide de camp du président depuis le 12 août 2015 et à ce titre un proche du président, faisait l'objet d'une demande de placement en garde à vue émise par le parquet d'Ankara. Selon la chaîne d'information CNN-Türk, Yazici se trouvait à Ankara au moment de la tentative de putsch alors que M. Erdogan était en vacances à Marmaris, dans le sud-ouest, d'où il s'était ensuite rendu à Istanbul.

La purge ne se limite pas à l'armée, selon l'agence Anadolu, qui rapporte que des mandats d'arrêt ont été délivrés à l'encontre de 2 745 juges et procureurs dans toute la Turquie. Le nombre des arrestations est difficile à estimer. La télévision NTV en a recensé plus de 500, tandis que l'agence Dogan a indiqué que 44 juges et procureurs avaient été arrêtés dans la nuit de samedi à dimanche dans la ville de Konya et 92 à Gaziantep.

Erdogan souhaite le rétablissement de la peine capitale

Recep Tayyip Erdogan, a estimé dimanche qu'après la tentative de putsch militaire, le pays ne pouvait différer le rétablissement de la peine de mort, ce dont, a-t-il dit, le gouvernement discutera avec les partis de l'opposition. S'adressant à la foule de ses partisans qui, devant sa résidence d'Istanbul, réclamaient le rétablissement de la peine capitale, le chef de l'Etat a répondu : "Nous ne pouvons pas ignorer cette revendication". 

La peine de mort a été abolie en Turquie en 2004 pour satisfaire aux critères requis par l'Union européenne en vue d'une adhésion d'Ankara. Il n'y a pas eu d'exécution capitale en Turquie depuis 1984.

La communauté internationale inquiète

Si les grandes capitales ont affirmé leur soutien au président Erdogan démocratiquement élu pendant la tentative de putsch, elles s'inquiètent désormais de l'utilisation qui pourrait en être faite par Ankara. Le président américain Barack Obama a rappelé à la Turquie "le besoin vital" que toutes les parties concernées "agissent dans le cadre de l'Etat de droit". Le ministre canadien des Affaires étrangères Stéphane Dion a enjoint samedi Ankara de régler "l'après coup d'État" selon les "principes fondamentaux de la démocratie".

Le coup d'Etat raté en Turquie n'est pas un "chèque en blanc" au président Erdogan pour faire des "purges", a estimé le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault. Pour la chef de la diplomatie européenne Federica Mogherini, "le respect de la loi, de l'Etat de droit et de la démocratie sont (...) le meilleur moyen pour affronter les difficultés que la Turquie vit, avec la guerre à ses frontières, le drame du terrorisme et la nécessité de renforcer la cohésion sociale et le dialogue politique".

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