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Turquie: pour Erdogan, «la femme est avant tout une mère»

Le président Recep Tayyip Erdogan multiplie les déclarations à l’emporte-pièce. Dans son viseur : l’opposition de gauche, les Kurdes et l’Union européenne. A la veille du troisième anniversaire de la fronde antigouvernementale, le président turc choisit de durcir son discours islamo-conservateur et de s’en prendre à la France.
Article rédigé par Mohamed Berkani
France Télévisions - Rédaction Culture
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2min
Le président turc Recep Tayyip Erdogan et son épouse Emine. ( REUTERS - Ivan Alvarado)

Il a les statistiques contre lui. La population turque a connu une croissance exponentielle ces dernières années pour arriver à 79 millions d'habitants. Le président Recep Tayyip Erdogan a appelé les mères à accroître les naissances. «Je le dis clairement. Nous allons accroître notre descendance. Dans ce cadre, le premier devoir appartient aux mères. On nous parle de contraception, de planning familial. Aucune famille musulmane ne peut avoir une telle mentalité», croit savoir le chef islamo-conservateur.
 
Sur le fond, rien de nouveau. Lors de la Journée de la femme, le 8 mars, il avait réduit la femme à la procréation: «Je sais qu'il y en aura encore qui en seront gênés, mais pour moi la femme est avant tout une mère.» Sa famille idéale: un couple avec trois enfants. Le planning familial? Une «trahison contre des générations de Turcs». L’avortement? «Un crime contre l’humanité». Père de quatre enfants, deux filles et deux garçons, il a voulu, sans succès jusqu’à présent, limiter le droit à l'avortement et la pilule du lendemain.


Ce discours du président Recep Tayyip Erdogan est intervenu la veille du troisième anniversaire de la fronde antigouvernementale visant le régime islamo-conservateur. Objectif : souder sa majorité contre la gauche, notamment la jeunesse citadine. «Vous ne pourrez pas usurper notre droit à la contraception, ni nos autres droits, avec vos déclarations moyenâgeuses. Nous défendrons nos droits», a déclaré sur Twitter le collectif Kadin Cinayetleri, qui milite contre les violences faites aux femmes.

Istanbul, ville sous surveillance policière
Les arrestations se multiplient à Istanbul. Le gouvernement a interdit tout rassemblement autour de l'emblématique place Taksim d'Istanbul, point de départ de la révolte du printemps 2013. C'est dans le petit jardin public Gezi qu'est née la vague de contestation contre le régime d’Erdogan, qui règne sans partage sur le pays depuis 2003, d'abord à la tête de l'exécutif, puis président depuis 2014.


La veille de ce troisième anniversaire, le président turc avait tancé la France sur les violences policières survenues lors des manifestations contre la loi travail. Comme pour prévenir les critiques qui ne manqueraient pas d’arriver après la répression des opposants à sa politique de la place Taksim.

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