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229 milliards: le coût des violences liées aux armes à feu aux Etats-Unis
La fusillade d'Orlando, provoquée par un homme apparemment seul dans une boîte de nuit d'Orlando (Floride) le 12 juin 2016, a fait au moins 50 morts ainsi que des dizaines de blessés. Au total, 11.000 personnes sont victimes, chaque année aux Etats-Unis, d’homicides par arme à feu. Mais une question est rarement posée : quel est le coût économique de ce gâchis ?
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Temps de lecture : 4min
(Publié pour la première fois le 20-4-2015)
«La violence par arme à feu est étonnamment élevée pour un pays aussi riche. S’il y a peu de différence dans les niveaux de criminalité entre pays industrialisés, le taux d’homicide par arme à feu est en revanche 20 fois supérieur aux Etats-Unis», constate les experts de la Bloomberg School of Public Health(Nouvelle fenêtre), de l’université Johns-Hopkins (Baltimore, Maryland) cités par La Croix(Nouvelle fenêtre).
Pour autant, si le nombre d’homicides est connu, on dispose apparemment de peu de données sur ce qu’ils coûtent à la société américaine. Reste à savoir pourquoi. «La première raison est que la National Rifle Association(Nouvelle fenêtre) et d’autres lobbies des armes à feu font, depuis longtemps, pression sur les leaders politiques pour que l’on arrête la recherche» dans ce domaine, affirme le site américain Mother Jones(Nouvelle fenêtre).
Aussi, pour tenter d’obtenir des chiffres, ce site de gauche a collaboré avec le chercheur Ted Miller(Nouvelle fenêtre), de l’organisation indépendante Pacific Institute for Research and Evaluation (PIRE(Nouvelle fenêtre)), «l’un des rares à étudier à fond le sujet» depuis une trentaine d’années. Leur travail s’est intéressé aux coûts directs engendrés par les services d’urgence, les enquêtes de police, les soins médicaux à long terme, les prises en charge psychologiques, les frais de justice (y compris les séjours en prison des coupables)… L’enquête porte aussi sur les coûts indirects : perte de revenus, pertes pour les employeurs, conséquences pour la qualité de vie…
Le coût? Plus de 229 milliards de dollars par an
Bilan : au total, les dépenses dépasseraient 229 milliards de dollars (plus de 212 milliards d’euros). Les dépenses directes s’élèveraient à 8,6 milliards. De leur côté, les frais indirects sont estimés à au moins 221 milliards. Dans cette dernière catégorie, les dépenses les plus importantes (estimées à partir des décisions des tribunaux) concernent en premier lieu «les impacts sur la qualité de vie des victimes» (169 milliards de dollars), suivis des pertes de revenus (estimées à 49 milliards chaque année).
Selon Mother Jones, 87% du total de ces dépenses seraient couvertes par le contribuable. Soit un coût moyen de 400.000 dollars par homicide par arme à feu. Pour autant, ces chiffres considérables ne prendraient pas suffisamment en compte les dépenses liées aux «traitements médicaux à long terme et (aux) handicaps».
Les conséquences de ces drames, notamment celles à long terme, dépassent l’imagination. Mother Jones cite ainsi le témoignage de Jennifer Longdon(Nouvelle fenêtre), une jeune femme devenue paraplégique en 2004 après qu’elle eut été prise pour cible par un ou des tireurs sur un parking près de Phoenix (Arizona). L’affaire(Nouvelle fenêtre) est probablement «un acte de violence gratuit», pense la victime. Elle n’a, en tout cas, jamais été élucidée.
Jennifer Longdon a été hospitalisée une vingtaine de fois pour des complications diverses, entre autres pour s’être cassée les deux jambes en tombant de sa chaise roulante. Son assureur a réussi à faire annuler le contrat. Alors que ses revenus annuels avant le drame s’élevaient à 80.000 dollars, elle a dû se déclarer en faillite personnelle(Nouvelle fenêtre). Elle ne reçoit plus que 2000 dollars d’indemnités mensuelles versées par le système de Sécurité sociale publique. Lequel a aussi payé pour les 250.000 dollars qu’ont coûtés en 10 ans les différents traitements médicaux. Et tout cela sans parler des aménagements nécessaires dans le petit logement de la victime pour lui permettre de s’adapter à sa nouvelle vie.
«La violence par arme à feu est étonnamment élevée pour un pays aussi riche. S’il y a peu de différence dans les niveaux de criminalité entre pays industrialisés, le taux d’homicide par arme à feu est en revanche 20 fois supérieur aux Etats-Unis», constate les experts de la Bloomberg School of Public Health(Nouvelle fenêtre), de l’université Johns-Hopkins (Baltimore, Maryland) cités par La Croix(Nouvelle fenêtre).
Pour autant, si le nombre d’homicides est connu, on dispose apparemment de peu de données sur ce qu’ils coûtent à la société américaine. Reste à savoir pourquoi. «La première raison est que la National Rifle Association(Nouvelle fenêtre) et d’autres lobbies des armes à feu font, depuis longtemps, pression sur les leaders politiques pour que l’on arrête la recherche» dans ce domaine, affirme le site américain Mother Jones(Nouvelle fenêtre).
Aussi, pour tenter d’obtenir des chiffres, ce site de gauche a collaboré avec le chercheur Ted Miller(Nouvelle fenêtre), de l’organisation indépendante Pacific Institute for Research and Evaluation (PIRE(Nouvelle fenêtre)), «l’un des rares à étudier à fond le sujet» depuis une trentaine d’années. Leur travail s’est intéressé aux coûts directs engendrés par les services d’urgence, les enquêtes de police, les soins médicaux à long terme, les prises en charge psychologiques, les frais de justice (y compris les séjours en prison des coupables)… L’enquête porte aussi sur les coûts indirects : perte de revenus, pertes pour les employeurs, conséquences pour la qualité de vie…
Le coût? Plus de 229 milliards de dollars par an
Bilan : au total, les dépenses dépasseraient 229 milliards de dollars (plus de 212 milliards d’euros). Les dépenses directes s’élèveraient à 8,6 milliards. De leur côté, les frais indirects sont estimés à au moins 221 milliards. Dans cette dernière catégorie, les dépenses les plus importantes (estimées à partir des décisions des tribunaux) concernent en premier lieu «les impacts sur la qualité de vie des victimes» (169 milliards de dollars), suivis des pertes de revenus (estimées à 49 milliards chaque année).
Selon Mother Jones, 87% du total de ces dépenses seraient couvertes par le contribuable. Soit un coût moyen de 400.000 dollars par homicide par arme à feu. Pour autant, ces chiffres considérables ne prendraient pas suffisamment en compte les dépenses liées aux «traitements médicaux à long terme et (aux) handicaps».
Les conséquences de ces drames, notamment celles à long terme, dépassent l’imagination. Mother Jones cite ainsi le témoignage de Jennifer Longdon(Nouvelle fenêtre), une jeune femme devenue paraplégique en 2004 après qu’elle eut été prise pour cible par un ou des tireurs sur un parking près de Phoenix (Arizona). L’affaire(Nouvelle fenêtre) est probablement «un acte de violence gratuit», pense la victime. Elle n’a, en tout cas, jamais été élucidée.
Jennifer Longdon a été hospitalisée une vingtaine de fois pour des complications diverses, entre autres pour s’être cassée les deux jambes en tombant de sa chaise roulante. Son assureur a réussi à faire annuler le contrat. Alors que ses revenus annuels avant le drame s’élevaient à 80.000 dollars, elle a dû se déclarer en faillite personnelle(Nouvelle fenêtre). Elle ne reçoit plus que 2000 dollars d’indemnités mensuelles versées par le système de Sécurité sociale publique. Lequel a aussi payé pour les 250.000 dollars qu’ont coûtés en 10 ans les différents traitements médicaux. Et tout cela sans parler des aménagements nécessaires dans le petit logement de la victime pour lui permettre de s’adapter à sa nouvelle vie.
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