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Année record pour le recul des glaces dans l'océan Arctique

L'étendue maximum des glaces arctiques a été la plus faible mesurée en hiver en 2015 depuis le début des observations par satellite en 1979, a indiqué le 20 mars le Centre américain de la neige et de la glace (National Snow and Ice Data Center/NSIDC).
Article rédigé par Pierre Magnan
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Carte du recul des glaces en Arctique (en orange, la limite moyenne des glaces entre 1981 et 2010 et en blanc, la situation en février 2015). ( National Snow and Ice Data Center)

La superficie de la banquise a atteint 14,54 millions de km² le 25 février, ce qui devrait être le maximum pour l'année, selon une estimation préliminaire du NSIDC, soit 1,10 million de km² sous la moyenne de 15,64 millions de km², mesurée de 1981 à 2010, et 130.000 km² au-dessous du précédent minimum en 2011.

En 2015, le maximum a été atteint quinze jours plus tôt que la moyenne entre 1981 et 2010, à savoir le 12 mars, précise le NSIDC.

Même si la date de l'étendue maximum de la banquise arctique varie d'une année sur l'autre, il apparaît désormais improbable qu'il se produise une accumulation de glace suffisante pour surpasser l'étendue atteinte le 25 février, estiment les glaciologues.

  (National Snow and Ice Data Center)

Au cours de l'hiver 2014-2015, les glaces dans l'océan Arctique se sont accrues de 9,91 millions de km², un accroissement nettement inférieur comparativement à 2013-2014, qui avait connu une augmentation record.

 
Les causes du phénomène
La faible formation de glace durant ce dernier hiver s'explique en partie par un mois de février caractérisé par une combinaison inhabituelle du jet stream, qui s'est traduit par un réchauffement de l'Arctique du côté de l'océan Pacifique, entraînant une faible étendue de la glace dans la mer de Béring et d'Okhotsk.

Durant les deux première semaines de mars, les températures sur l'ensemble de l'est de l'Arctique, à environ mille mètres d'altitude, ont été de plusieurs degrés au-dessus de la moyenne (jusqu'à huit à dix degrés en mer de Barents au nord de la Norvège), précise le NSIDC.
 

Pour l'organisation écologique World Wide Fund for Nature (WWF), «cela devrait être une sonnette d'alarme. Le changement climatique ne s'arrêtera pas au cercle arctique et sans une réduction drastique des émissions de gaz à effet de serre, nous finirons par avoir un climat complètement différent, imprévisible et destructeur pour les écosystèmes et les humains», a déclaré dans un communiqué Samantha Smith, responsable de l'Initiative climat et énergie au WWF.
 
Elle rappelle que 2014 a été l'année la plus chaude sur le globe depuis le début des relevés de température en 1881.

Dans un article de Médiapart, Michel de Pracontal explique les débats scientifiques provoqués par la fonte des glaces arctiques. Cette fonte peut-elle provoquer d'importants changements climatiques? «La surface de glace en été a diminué de plus de 11% par décennie depuis 1979. Il en est résulté une nouvelle étendue d’eau sombre qui absorbe l’énergie solaire. Cet apport d’énergie produit un flux d’humidité et de chaleur dans l’atmosphère arctique. Cela amplifie le réchauffement local : la température de surface augmente deux fois plus vite en Arctique qu’aux latitudes plus basses», écrit-il avant de conclure qu'il est encore trop tôt pour mesurer les conséquences de ces évolutions, sachant que les études satellites de ces glaces ne remontent qu'à plus de 30 ans.

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