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Assaut du Capitole : "Très impressionnant" d'écouter la "description d'une véritable scène de guerre" par une policière, souligne un historien

Une commission d'enquête parlementaire a rendu ses premières conclusions, vendredi, sur l'attaque du Capitole par des partisans de Donald Trump il y a un an et demi.

Article rédigé par franceinfo
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Les élus membres de la commission d'enquête parlementaire sur l'assaut du 6 janvier 2020, à Washington, le 9 juin 2022. (JABIN BOTSFORD / POOL / AFP)

"C'était très impressionnant, cette description d'une véritable scène de guerre", a raconté vendredi 10 juin sur franceinfo Corentin Sellin, professeur agrégé d’histoire et chroniqueur pour le site Les Jours. Il a suivi les premières auditions de la Commission d'enquête sur l'assaut du Capitole du 6 janvier 2021 retransmises en direct et en prime time sur les chaînes de télévisions américaines.

La description des scènes de violence par une policière et la diffusion de nouvelles images de l'émeute ont saisi l'auditoire, selon l'historien : "On sentait vraiment à l'émotion. On voyait aussi l'impact de ces images et de ce témoignage qui rappelaient à quel point cette émeute avait marqué l'histoire des États-Unis par sa violence."

franceinfo : Que retenez-vous de ces premières auditions ?

Corentin Sellin : La première, c'est la mise en cause politique très forte de Donald Trump et de sa responsabilité dans l'insurrection du 6 janvier. Le chef de la commission Thompson et sa principale collaboratrice, l'élue républicaine Liz Cheney, ont bien dit qu'il y avait eu un complot, une tentative de coup d'État qui était faite pour profiter à Donald Trump et pour le maintenir au pouvoir. C'était quand même très impressionnant d'entendre cela dans le cadre d'une audition parlementaire retransmise à la télévision en direct.

Quel rôle a joué Donald Trump ?

Il en a profité, il a incité. Pour reprendre une formule qui a été employée, il a "allumé la mèche" qui a explosé. Ce sera l'intérêt des prochaines sessions de savoir quel est son degré d'implication et surtout de coordination avec les émeutiers. C'était vraiment le premier impact, le premier choc. C'était vraiment très impressionnant.

La deuxième chose à retenir correspond plutôt à la seconde partie de l'audition. C'étaient des témoignages en direct des policiers, en particulier d'une policière du Capitole qui est intervenue ce jour-là, avec en plus des images jamais montrées de l'émeute. C'était d'une violence incroyable. C'est ce qu'a décrit la policière : quelque chose d'une violence de guerre, une scène de guerre. C'est-à-dire avec des personnes qui étaient là pour faire mal, voire pour tuer. Elle a dit que jamais elle n'avait été préparée à cela, à vivre une telle scène, qu'elle avait glissé sur du sang. C'était très impressionnant, cette description d'une véritable scène de guerre.

"On entendait parfois les réactions du public sur place. On sentait vraiment l'émotion. On voyait aussi l'impact de ces images et de ce témoignage qui rappelaient à quel point cette émeute avait marqué l'histoire des États-Unis par sa violence. Cela a été un moment très fort de cette première audition."

Corentin Sellin, professeur agrégé d’histoire

à franceinfo

Ces auditions sont retransmises sur l'ensemble des chaînes américaines hormis Fox News. C'est important de mobiliser les Américains ?

C'est très important parce qu'il ne faut pas oublier qu'on est déjà 18 mois après les événements. Évidemment, le temps a fait son œuvre. Il y a eu d'autres choses dans l'actualité et donc il faut chercher une exposition maximum pour rappeler la gravité historique de ce qui s'est passé. C'est ce que recherche la Commission d'enquête sur l'insurrection du 6 janvier 2021 en ayant choisi le prime time. Les autres auditions ne seront normalement pas en prime time. Elles se dérouleront dans la journée.

"Évidemment, il y a aussi un enjeu politique. On s'approche des élections de 2022, des élections de mi-mandat dans lesquelles l'ex-président Trump joue un grand rôle du côté républicain."

Corentin Sellin, professeur agrégé d’histoire

à franceinfo

La républicaine Liz Cheney a été ciblée parce qu'elle participe à cette commission. Ils ne sont que deux Républicains à participer à cette commission. Elle a d'ailleurs lancé un appel à ses collègues, on serait tenté de dire "anciens" collègues républicains, en leur disant : quand Donald Trump sera parti, votre attitude par rapport à ce 6 janvier, il ne restera que votre déshonneur si vous continuez à le soutenir aveuglément. On voit qu'il y a un impact politique aussi, qui est attendu par cette exposition en prime time.  

Cette commission va transmettre ses preuves à la Justice. Le deuxième temps sera judiciaire ?

C'est une question centrale, évidemment. On retrouve le schéma du Watergate, le fameux scandale des années 1970 avec le président Nixon, c'est-à-dire une commission d'enquête parlementaire qui auditionne des témoins avec l'impact aussi médiatique et de l'autre côté, une justice fédérale qui mène sa propre enquête. Quel degré de coopération entre les deux ? La grande difficulté pour la justice fédérale, c'est que jamais un ex-président n'a été poursuivi dans l'histoire des États-Unis. Est-ce que le ministre de la Justice actuel, nommé par Joe Biden, peut prendre, à partir des découvertes de la commission d'enquête parlementaire qui lui sont transmises, cette décision historique de poursuivre un ex-président pour une sorte de conspiration contre l'État ? C'est vraiment une question centrale. On n'a pas la réponse pour l'instant.

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