11-Septembre : retour à Ground Zero, "revenu à la vie" vingt ans après la tragédie
Vingt ans après l'effondrement des deux tours du World Trade Center, retour sur les lieux des attaques et sur la vie dans le quartier, entre souvenirs douloureux et résilience.
Samedi 11 septembre 2021, les États-Unis et son président se recueilleront à "Ground Zero", site emblématique et meurtri des deux tours du World Trade Center, disparues dans l'attaque menée il y a vingt ans par des terroristes d'Al-Qaïda et causant près de 3 000 morts. Aujourd'hui, le chaos, la poussière et les gravats ne sont plus là : plus de 25 milliards de dollars ont été investis et les gratte-ciel ont poussé comme des champignons autour du mémorial et du musée.
Le quartier vit et vibre, parfois au rythme des marteaux-piqueurs, avec quelques chantiers à terminer. Ground Zero, c'est fini, le vide est comblé. Sur les cendres des Tours jumelles, le One World Trade Center s'est élevé et chatouille le ciel new-yorkais depuis 2014, avec ses 541 mètres. À ses côtés, quatre immeubles presque aussi imposants complètent l'horizon. Plus près du sol, un centre culturel verra également bientôt le jour en plus de la nouvelle gare.
Tout cela donne du corps à ce quartier, mais le cœur c'est le mémorial. L'eau s'écoule des fontaines monumentales et se déverse dans deux trous béants, l'empreinte laissée par les Twin Towers. Sur les parapets, près de 3 000 noms sont gravés dans le bronze. Ceux des victimes.
Girard Owens, un ancien pompier new-yorkais de 68 ans, était présent ce jour-là au sous-sol de la Tour Nord. C'est l'un des derniers pompiers à évacuer juste avant l'effondrement et après avoir aidé un groupe de personnes à s'échapper. "Les gens criaient, c'était terrible. Partout ici, il y avait des corps, les gens sautaient dans le vide, peut-être de 300 mètres de haut. C'était absolument horrible mais il fallait aller dans la tour et aider les gens à sortir."
Peu de temps après le drame, très vite, Girard Owens s'est retrouvé à la retraite. Puis malade. "J'ai eu quatre cancers" souffle-t-il. Il cherche un nom sur le mémorial. "Aujourd'hui, je suis ici pour dire au revoir à un de mes amis. Un policier. C'était un sacré dur. Je ne serai pas là pour l'anniversaire, il y aura trop de monde, je préfère venir aujourd'hui". L'eau s'écoule, apaisante. "Ecoutez-là, c'est beau. Je suis en paix."
"Ground Zero", pour dire le vide et la désolation. Pourtant, en 2001, peu de temps après la tragédie, il y a eu une étincelle de vie dans le quartier défiguré. Comme un symbole de résilience. Un bar où les forces de l'ordre ont pris leurs habitudes, où les ouvriers qui évacuaient des millions de tonnes de débris venaient boire un verre. Le O'Hara's. C'était l'un des rares établissements encore ouverts dans le secteur à l'époque.
Et aujourd'hui encore, il offre un supplément d'âme au quartier flambant neuf du One World Trade Center. Sur les murs, de grandes photos montrant notamment le bar quelques jours après la tragédie, couvert de poussières et de débris. "Tout a explosé ici, se souvient Mike Kean, le patron du bar. Nous n'étions pas morts, nous voulions revenir à la vie. On a mis six à huit mois pour rouvrir, c'était le 1er avril. C'était misérable, cet endroit, après les attaques. Tout le monde avait perdu un ami, son lieu de travail, toutes ces vies étaient bouleversées. Alors revenir dans notre bar, pour déjeuner ou après le travail, ça leur donnait un sentiment de normalité. C'était comme revenir à la maison."
Pourtant explique Mike Kean, "chaque année à la date anniversaire, c'est le même sentiment de malaise qui vous déchire le ventre, c'est assez horrible".
Dans le bar, des milliers de badges de policiers ou de pompiers recouvrent les murs. "C'est un bar très familial, explique Gloria, qui a ses habitudes. Je viens ici tout le temps, je travaille sur le chantier juste en face". Chacun de ces badges a une histoire. "Tout le monde accroche son badge, tout le monde met un bout de soi. Ici, ils aiment les policiers, les pompiers, les secouristes, les ouvriers, tous ces gens qui ont construit l'Amérique". Ce bar est pour elle un peu comme une preuve de vie : "Ils sont toujours là pour nous servir de l'alcool, un sourire, de la bonne nourriture... c'est la vie !"
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