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États-Unis : les suprémacistes "voulaient faire un coup de force à Washington, ce n'est clairement pas une réussite"

A peine une quarantaine de manifestants suprémacistes se sont retrouvés devant la Maison Blanche dimanche face à 3 000 contre-manifestants. Un échec peut être préparé, selon l'historien Thomas Snegaroff.

Article rédigé par franceinfo
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Des groupes de suprémacistes blancs, néo-nazis, alt-right, antifa et leurs contre-manifestants ont défile dimanche 12 août à Washington aux Etats-Unis. (TASOS KATOPODIS / MAXPPP)

La manifestation des suprémacistes blancs a fait un flop dimanche 12 août à Washington, avec à peine une quarantaine de manifestants devant la Maison Blanche face à environ 3 000 manifestants anti-racistes. Ce n'est donc "clairement pas une réussite", selon Thomas Snegaroff, historien spécialiste des États-Unis pour franceinfo. Une manifestation organisée un an après le rassemblement de Charlottesville où une manifestante de gauche avait été tuée par un militant d'extrême-droite.

franceinfo : Comment expliquer l'échec de cette manifestation ?

Thomas Snegaroff : D'abord par le choix du lieu. Washington est une ville qui n'est pas favorable aux suprémacistes, contrairement à Charlottesville, en Virginie, où ça avait démarré avec le déboulonnage de la statue du général Lee, grande figure de l'armée confédérée de la guerre de Sécession. Ils n'étaient pas nombreux, environ 500, le 12 août 2017 à s'y opposer. Un an après, ils étaient beaucoup moins nombreux, ils voulaient faire un coup de force à Washington. Mais on peut se demander aussi si cet échec n'était pas un peu préparé. Une manière de dire : 'Vous voyez, le nombre est de l'autre côté et on ne peut même pas exprimer nos idées, notre liberté d'expression, le premier amendement de la Constitution si cher aux Américains', donc c'est un élément qui peut donner le sourire aux suprémacistes blancs. Avec 40 manifestants ce n'est clairement pas une réussite, mais le choix de Washington était quand même très audacieux.

Il y a un an, Donald Trump avait renvoyé dos à dos les suprémacistes et les militants anti-racistes et avait refusé de condamner un camp ou l'autre. Cette fois avant la manifestation, le président américain a condamné tous les types de racismes. Est-ce qu'il y a une évolution dans le discours ?

Pas tant que ça. On a été un peu vite en besogne en voyant le tweet de Trump en disant : 'Enfin, il a pris la mesure de ce qu'il se passe et il rejette les formes de racisme', mais il n'a pas spécifiquement cité les suprémacistes et les néo-nazis. Tous les racismes, ça fait un peu penser à la formulation d'il y a un an "on both sides", la violence de part et d'autre. Donald Trump n'a pas nommé spécifiquement l'Alt-Right, cette nébuleuse complexe entre les néo-nazis, les suprémacistes, des gens du Ku Klux Klan, et le président n'a pas pris parti pour les uns ou pour les autres. Il a été a minima dans son rôle. On attend encore une dénonciation ferme et forte du racisme qui fait le plus de morts aux États-Unis, celui de l'extrême-droite.

Beaucoup reprochent à Trump d'avoir favoriser cette parole décomplexée et ce discours pro-blanc. Quel est le poids dans la classe politique américaine de ces suprémacistes et néo-nazis ?

Ils sont peu nombreux, il y a environ 2 500 néo-nazis aux États-Unis, entre 5 000 et 8 000 membres du KKK [ Ku Klux Klan], c'est peu. Mais certains manifestants anti-racistes disent qu'ils ont troqué la cagoule blanche pour le costume trois pièces. Ils sont à Washington dans les couloirs des lobbys, ce sont eux nos ennemis. 75 % des Américains pensent en tout cas que les relations inter-raciales ont empiré depuis un an. C'est aussi cela la réalité des États-Unis.

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