"Choisis la vie, pas la mort !": devant la dernière clinique du Kentucky à pratiquer des IVG, menacée de fermeture, les patientes harcelées
Franceinfo s’est rendu à Louisville, aux États-Unis, où la pression sur cette clinique, la dernière de l'État du Kentucky à pratiquer des IVG et menacée de fermeture, est telle que les patientes sont obligées de s’y rendre escortées.
"Ici on tue des bébés !" Franceinfo s’est rendu à Louisville, aux États-Unis, où la pression sur la dernière clinique du Kentucky à pratiquer des IVG et menacée de fermeture, est telle que les patientes sont obligées de s’y rendre escortées. Chaque matin, à partir de 8 heures, une petite douzaine de manifestants s’installent en effet devant la porte de l’établissement, pancartes avec images de fœtus et slogans chocs en sus. "Il y a des conséquences, entend-on réciter l’une d’entre eux à une jeune patiente qui approche, au coin de la rue. Cet avortement peut vous rendre stérile, vous n’aurez pas d’autres enfants. Vous avez aussi beaucoup plus de risques de développer un cancer du sein…"
Anti-IVG, Donna vient ici cinq matins par semaine
Donna, la manifestante, propose ensuite à la jeune fille, effrayée, d’aller quelques mètres plus loin dans une autre clinique où, promet-elle, on lui fera écouter le cœur de son enfant. Donna vient ici cinq matins par semaine, avec à la main un chapelet et un compteur pour savoir combien de femmes sont entrées dans la clinique. Dont elle souhaite plus que tout la fermeture : "Le plus tôt sera le mieux. Vous savez sans doute que c’est la dernière clinique du Kentucky…"
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Pour permettre aux jeunes filles de parvenir jusqu’à la clinique, des bénévoles en gilets orange les attendent au coin de la rue puis les escortent jusqu’aux portes aux vitres teintées de l’établissement. George est étudiant en médecine, présent ici deux matins par semaine : "Ces manifestants peuvent marcher vers les patients et les harceler, soit verbalement, soit physiquement dès qu’elles s’approchent de la clinique", explique George. Nous sommes là pour garantir aux patientes qu’elles aient un peu d’espace pour arriver jusqu’ici."
Beaucoup de ces femmes sont effrayées, alors cette escorte les aide
George, étudiant en médecinefranceinfo
Une fois que la patiente est entrée dans la clinique, d’autres manifestants se pressent contre les vitres teintées et crient leurs prières pour intimider les patientes et le personnel : "Ils ont tué 4 000 bébés ici l’an dernier et encore autant cette année. S’il te plaît choisis la vie, pas la mort… C’est un endroit très dangereux ici !"
Si le reportage vous a intéressé, quelques vidéos #kentucky #ivg pic.twitter.com/jmSFSk87kh
— Gregory Philipps (@gregphil) 22 février 2018
Depuis des mois, cette clinique EMW Women's Surgical Center se bat contre l’État du Kentucky qui lui reproche de ne pas être en règle sur le transport des patientes et notamment pour les urgences médicales. Heather Gatnarek est l’avocate qui représente la clinique, pour le compte d’une association de défense des droits civiques. Elle dénonce une bataille politique : "Nous avons un gouverneur conservateur, tout comme notre assemblée, indique Heather Gatnarek. Le gouverneur a déjà rencontré plusieurs de ces groupes ‘pro-vie’, comme on les appelle ici, parmi les plus extrêmes. Et le but de ces groupes et que le Kentucky soit le premier groupe à ne plus pratiquer d’avortement."
"Des femmes vont mourir"
Il y a 20 ans, aux États Unis, 450 cliniques pratiquaient des IVG, elles sont deux fois moins nombreuses aujourd’hui. Dans le Kentucky, celle-ci est donc la dernière. "Si elle est fermée, c’est une catastrophe, prédit Georges, le bénévole en gilet orange. Ce que l’on risque de voir, c’est le retour des avortements clandestins, qui sont dangereux. Si cela ferme ici, il est certain que des femmes vont mourir." Le Kentucky n’est pas un cas isolé : dans cinq autres États américains (le Mississipi, les deux Dakota, le Wyoming et la Virginie occidentale), il n’existe plus qu'un seul endroit où les femmes qui veulent avorter peuvent encore le faire. La clinique EMW Women's Surgical Center de Louisville sera fixée sur son sort dans les prochains jours.
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