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Chute d'un drone américain : cet accident n'est pas le premier au-dessus de la mer Noire

Tandis que la Russie et les Etats-Unis se renvoient les responsabilités, laissant craindre une escalade, la zone où a eu lieu l'incident, au large de l'Ukraine, n'est pas si paisible.
Article rédigé par franceinfo
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Un drone américain MQ-9 dit "Reaper", dans l'Arizona, aux Etats-Unis, en 2022. (JOHN MOORE / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

Que s'est-il passé autour de ce drone au-dessus de la mer Noire ? Les tensions restent vives entre Washington et Moscou après un incident aérien. Les Etats-Unis accusent l'aviation russe d'avoir "intercepté et percuté" un drone américain Reaper, qui effectuait une mission de surveillance dans l'espace aérien international, au-dessus de la mer Noire, et provoqué sa chute, ce que la Russie dément. "Notre drone MQ-9 effectuait des opérations de routine dans l'espace aérien international quand il a été intercepté et percuté par un avion russe, entraînant le crash et la perte du MQ-9", a déclaré le général James Hecker, commandant des forces aériennes américaines en Europe.

>> Ce que l'on sait du crash d'un drone américain au-dessus de la mer Noire, qui provoque un incident diplomatique entre les Etats-Unis et la Russie

Pour le Pentagone, pas de doute possible : il s'agit d'un acte "dangereux et non-professionnel", parlant d'une manœuvre peut être involontaire, ne disant toutefois pas s'il s'agit d'un acte intentionnel ou d'une marque d'incompétence des pilotes russes. Dans un communiqué, Washington décrit une banale mission, comme il y en a beaucoup et en particulier dans cette zone proche de la Russie et l'Ukraine.

Moscou conteste 

Généralement, ces missions de reconnaissance se déroulent bien, rappelle le porte-parole du département de la Défense américaine, le général Pat Ryder : les avions de chasse s'approchent d'un appareil, les pilotes se mettent à côté pour voir de quoi il s'agit. Mais mardi, l'un des Soukhoï qui était devant le drone américain l'aurait percuté, touchant son hélice, selon les Etats-Unis, entraînant la chute de l'appareil. Par ailleurs, le Pentagone indique qu'il n'a pas de navire de guerre déployé en mer Noire.

La réponse de Moscou ne s'est d'ailleurs pas fait attendre : dès mardi soir, l'armée russe contestait la version américaine. Du côté de Moscou, on confirme effectivement que deux chasseurs sont allés à la rencontre du drone, alors qu'il approchait de la Crimée. Mais aucun des appareils russes n'a fait usage de ses armements, ni n'a percuté l'aéronef américain, affirme l'Etat major russe, qui renvoie même la responsabilité sur les Etats-Unis. Le drone volait avec ses transpondeurs éteints, affirment les Russes, et aurait violé la zone que l'armée russe utilise dans le cadre de son opération militaire en Ukraine.

L'ambassadeur de Russie aux Etats-Unis va même plus loin, mercredi matin dans un message diffusé sur Telegram. Il accuse Washington de faire du renseignement pour le compte des Ukrainiens avec ce genre de drone et ce dans le but d'attaquer les forces russes. "Ce type de vol est une action hostile", explique Anataly Antonov, qui estime que ce sont les Etats-Unis qui sont responsables de l'escalade. La Russie qui, donc, tout en contestant avoir attaqué délibérément ce drone, envoie un signal à Washington concernant ce type de vol pour le futur.

Pas la première fois

Reste que cet accident n'est pas le premier au-dessus de la mer Noire. Cette zone est d'ailleurs particulièrement sensible : il y a des frictions à haute altitude dans le secteur depuis plusieurs semaines.

À l'automne dernier, les Britanniques s'étaient ainsi plaints qu'un chasseur russe avait déclenché un tir de missile, juste à côté d'un avion espion de la Royal Air Force. D'après Londres, Moscou avait alors plaidé le dysfonctionnement technique. 

Des incidents avant même la guerre en Ukraine. En août 2020, toujours dans ce même secteur, un bombardier B52 de l'US Air Force avait été intercepté par deux Soukhoï 27 russes, qui avaient volé très près de l'appareil américain en passant à moins de 30 mètres de son nez.

Et, déjà, les Etats-Unis avaient parlé de "comportement dangereux et non-professionnel". Si les pilotes russes sont réputés pour effectuer des manœuvres agressives, évidemment, dans un contexte de grande tension, comme actuellement, au-dessus de la mer Noire, cela prend des proportions plus importantes, et fait craindre des risques d'escalade.

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