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Comment les républicains vont changer la politique étrangère d'Obama

Avec la défaite du parti démocrate lors des élections de mi-mandat américaines, Barack Obama a complètement perdu le contrôle du Congrès au profit des républicains. Désormais, les deux camps ont la capacité de neutraliser l’autre et ils devront gouverner par compromis. Qu’est ce que cela signifie pour la politique étrangère américaine ?
Article rédigé par Titouan Lemoine
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 2 min
Barack Obama et John McCain (ici lors de leur débat lors de la campagne présidentielle de 2008) se retrouvent une nouvelle fois face à face. McCain est l'un des leaders des républicains en matière de politique étrangère et il devrait prendre la tête de la commission de Sénat pour les Forces Armées. (STAN HONDA, EMMANUEL DUNAND / AFP)

Dans le précieux système des contre-pouvoirs américains , la politique étrangère est d’ordinaire un domaine réservé du président. Mais les atermoiements de Barack Obama sur les dossiers syriens ou russes ont contribué à la déroute électorale des démocrate et donné une voix aux républicains.
 
Il est peu probable que la politique étrangère américaine sorte transformée des midterms, mais le Congrès pourrait forcer Obama a trancher ses positions face à l’Iran ou à la Russie.
 
L’Iran, une question nucléaire
C’est le dossier le plus pressant au calendrier diplomatique américain, le premier qui testera les relations entre Obama et le Congrès. Les Etats-Unis et le G7 sont engagés dans des négociations sur le nucléaire iranien, qui doivent aboutir avant le 24 novembre.
 
La communauté internationale tente de persuader Téhéran de limiter son programme nucléaire en échange d’un allègement des sanctions qui pèsent sur le pays, voire d'une alliance contre Daech. L’élection d’un Congrès républicain, favorable à de nouvelles sanctions, remet en cause la capacité de Barack Obama à respecter les promesses faites.
 
Pour l’instant, Obama a la capacité de lever les sanctions à la fin des négociations. Mais selon de nombreux analystes, le nouveau Congrès est largement en faveur de sanctions renouvelées contre la République Islamique. Si le Sénat proposait une loi dans ce sens lors de son entrée en session en janvier, il pourrait forcer Obama à appliquer son veto (ce qui correspondrait à un suicide politique) ou à suivre le mouvement et adopter une attitude plus ferme face à Téhéran.
 
Les faucons de retour au Moyen-Orient ?
Sur le combat contre l’Etat Islamique en Irak et en Syrie, démocrates et républicains s’opposent farouchement. Les « faucons » républicains sont partisans d’un engagement militaire résolu à travers tout le Moyen-Orient.
 
Derrière John McCain, les républicains poussent pour une présence beaucoup plus importante de l’armée américaine contre l’Etat Islamique. Leur programme comprend une augmentation du nombre de conseillers militaires, l‘intensification immédiate des frappes aériennes et surtout, la présence de soldats américains au combat dès 2015.
 
En revanche, les républicains s’opposent farouchement au retrait des troupes US d’Afghanistan. Ils pourraient la aussi forcer Barack Obama à utiliser son veto pour faire respecter son programme, voire réussir à passer outre en s’alliant avec les plus « faucons » des démocrates et obliger l'administration Obama à revoir son plan de retrait.
 
A l’Est, rien de nouveau ?
« Les faucons ont attendu une occasion de frapper leur poitrine et montrer leurs muscles géopolitiques, cela fait peu de doutes que la Russie sera au centre de cette démonstration de bravade. » Pour le Huffington Post, Daniel Wagner explique que l’arrivée d’un Congrès républicain pourrait tendre un peu plus les relations entre Etats-Unis et Russie.
 
Toutefois, Ria Novosti fait observer que l’administration américaine est déjà engagée dans une politique de sanctions face à la Russie suite à la crise ukrainienne et que les deux pays se rapprochent sur les dossiers du Moyen-Orient. Un « jeu d’échec » qu’il sera difficile de quitter, avec ou sans déclarations tonitruantes.
 
Un prélude à l’élection présidentielle
La capacité d’Obama et du Congrès républicain à s’entendre sur la politique étrangère pourrait présager de l’ampleur des changements qu’un éventuel successeur républicain apporterait. Si le compromis l’emporte, la position américaine pourrait rester stable.
 
Mais si les républicains tiennent absolument à faire appliquer leur programme à la lettre, les confrontations avec les démocrates vont beaucoup compliquer les deux dernières années d’Obama. Un avant goût de ce que pourrait donner la victoire d'un républicain en 2016 ?

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