États-Unis : un ancien ambassadeur soupçonné de 40 ans d'espionnage au profit de Cuba

Cette affaire est "l'une des infiltrations parmi les plus longues, et touchant à des niveaux les plus importants, d'un agent étranger au sein de l'Etat américain", a estimé le ministre de la Justice Merrick Garland.
Article rédigé par franceinfo
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Victor Manuel Rocha à La Paz, en 2011. (GONZALO ESPINOZA / AFP)

C’est une histoire dont on fait des films à Hollywood. Un ancien ambassadeur des Etats-Unis était convoqué au tribunal lundi 4 décembre pour une première audience dans un tribunal fédéral de Miami, accusé d'avoir été un espion pour le compte de Cuba pendant plus de 40 ans.

Victor Rocha est né en Colombie avant d'être naturalisé américain. Sa carrière est un exemple d'avancée dans l'administration américaine. Il occupe plusieurs postes dans les ambassades américaines au Mexique, en Argentine et en République dominicaine, puis intègre le Conseil de sécurité nationale de la Maison-Blanche en 1994 et 1995, lors de la présidence Clinton. Enfin, entre 2000 et 2002, Victor Rocha devient ambassadeur des Etats-Unis en Bolivie.

Or, depuis 1981, il travaille pour la principale agence de renseignements de Cuba, et sa lente montée au sein du département d'Etat lui ont permis d'avoir accès à des documents confidentiels et, donc, une influence sur la politique étrangère américaine.

Un faux agent de liaison pour confondre le double jeu

Les autorités américaines avaient des soupçons, et pour les confirmer, c'est une véritable opération de contre-intelligence qui est montée. Un agent infiltré du FBI se fait passer, à la fin de l'an dernier, pour un membre des services secrets cubains et prend contact avec lui par WhatsApp, afin de confirmer les doutes à son sujet.

L'agent rencontre Victor Rocha sur une aire d'autoroute à Miami. Et c'est là qu'il révèle son double jeu, décrit son processus méticuleux, discipliné, pour espionner toutes ces années. L'ennemi dans sa bouche, ce sont les États-Unis. Puis, l'espion fait l'éloge de Fidel Castro, évoque ses "camarades" à Cuba, demande au faux agent de liaison d'envoyer ses "chaleureuses salutations" à la direction du renseignement à La Havane et parle du "grand sacrifice" que fut pour lui sa vie d'agent secret. 
Ce qu'il a fait pendant "près de 40 ans", c'est "plus qu'un grand Chelem", s'est-il félicité lors d'un second rendez-vous à Miami avec le même agent.

Même à la retraire, une influence et de l'espionnage

Même après avoir quitté le département d'Etat en 2002 au terme d'une trentaine d'années de service, il a poursuivi son travail d'espionnage pour Cuba, d'après le ministère de la Justice américain. Embauché comme conseiller en affaires internationales dans des cabinets de conseil et d'avocats en Floride, il a notamment été conseiller pour le US Southern Command, l'organe qui coordonne les forces armées américaines en Amérique latine, dont Cuba. 

Cette affaire est "l'une des infiltrations parmi les plus longues, et touchant à des niveaux les plus importants, d'un agent étranger au sein de l'Etat américain", a fait savoir lundi dans un communiqué le ministre de la Justice Merrick Garland. 

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