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Mexique: des Haïtiens fondent un «Little Haïti» à la frontière américaine

Article rédigé par Laurent Filippi
France Télévisions
Publié Mis à jour
En 2010, un séisme fait 200.000 morts et 1,2 million de sans-abri à Haïti. Des milliers de personnes migrent vers les Etats-Unis. En octobre 2016, l’île des Caraïbes est à nouveau frappée par un ouragan, Matthew. Six mois plus tard, la faim ronge le sud du pays. 40.000 Haïtiens reprennent la route de l’exil vers les USA. Mais le voyage s’arrête à Tijuana, au Mexique, où est né un «Little Haïti».

10 photos illustrent ce propos.

l'administration sortante de Barack Obama annonce que les Haïtiens ne rentraient plus dans le cadre du Temporary Protection Status (TPS). Réservé aux victimes de catastrophes naturelles, le TPS leur permettait de vivre légalement aux Etats-Unis. 1.600 migrants ont alors été renvoyés en Haïti. Et les 4.000 placés dans des centres de rétention sont sous le coup d'une expulsion. Dans le même temps, le gouvernement a arrêté d’émettre des permis d’entrée sur le territoire américain.
  (Edgard Garrido / Reuters)
les Etats-Unis ont stoppé pour quelques temps ces mesures, et les Haïtiens bénéficiant déjà du TPS ont été prolongés jusqu’en juillet 2017. L’arrivée au pouvoir de Donald Trump, qui a promis de renvoyer 3 millions de clandestins et de renforcer le mur entre les Etats-Unis et le Mexique, ont anéanti l’espoir de nombreux Haïtiens de pouvoir pénétrer sur le sol américain. (Carlos Garcia Rawlins / Reuters)
qui avait octroyé 40.000 visas humanitaires suite au tremblement de terre de 2010.  L’organisation de la Coupe du monde de football en 2014 et des Jeux olympiques en 2016 avaient permis à de nombreux Haïtiens de trouver du travail. Mais la fin de ces événements et la crise économique qui a frappé le Brésil les ont obligés à trouver une nouvelle terre d’accueil. Donc, pour la plupart, ils ont repris la route vers les Etats Unis. (Ricardo Moraes / Reuters)
les Haïtiens ont traversé de nombreux pays: Colombie, Equateur, Honduras, Guatemala, Panama, Nicaragua et Mexique. Mais le voyage coûtait cher, de 1.000 à 5.000 dollars, et était dangereux. Affamés, épuisés, beaucoup sont tombés malades et certains sont morts en cours de route. Pour pénétrer aux Etats Unis, les migrants passent par San Ysidro, principal poste-frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. (Jorge Duenes / Reuters)
400 personnes arrivent chaque jour à la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis, alors que les autorités américaines n’en laissent entrer qu’à peine un quart. Selon Mexico, 11.000 migrants sont passés aux USA en 2016 à partir de Tijuana. Mais avec le nouveau président américain, les migrants craignent un renvoi immédiat vers Haïti. Ils choisissent donc de rester sur place. 3.500 Haïtiens sont actuellement bloqués à Tijuana et à Mexicali, deux villes mexicaines de Basse-Californie.  (Jorge Duenes / Reuters)
seuls quatre centres catholiques pour migrants hébergeaient des Haïtiens à Tijuana. Aujourd’hui, il en existe 22 grâce aux dons de la société civile, précise le journal «La Croix». Comme l’explique Mary Galván, responsable du centre Madre Assunta, (qui accueille entre 110 et 120 personnes par jour), «nous avons dû installer des lits dans la salle à manger. Plusieurs églises ont ouvert leurs portes pour loger des migrants. Mais, malgré tout, beaucoup d’entre eux dorment dans la rue. Et cela va continuer, au moins jusqu’à l’été 2017.» (Edgard Garrido / Reuters)
700 déjà ont entamé un processus de régularisation de leur statut. Mais la commission d'aide aux réfugiés (INM) et l'Institut national de la migration n’ont pour l’instant réussi à obtenir des permis de séjour que pour 131 personnes (76 détenteurs d’une carte de visiteur pour des raisons humanitaires et 55 avec le statut de réfugiés).  (Edgard Garrido / Reuters)
L’INM précise aussi que seuls 20 réfugiés haïtiens ont accepté la proposition d’un «retour assisté» vers le pays d’où ils provenaient, c’est-à-dire le Brésil. Pour ceux qui voudraient rentrer en Haïti, ils seront entièrement pris en charge. (Juan Carlos Ulate / Reuters)
vivent actuellement dans des conditions très difficiles près d'un égout évacuant les eaux usées de Tijuana. Ils ont décidé de construire leur première colonie dans le Canyon Alacranes. «Il y a de la place pour une centaine de familles sur ces parcelles, ce qui signifie environ 400 personnes. Ils ne peuvent pas continuer à vivre dans les refuges», a déclaré à Reuters, Gustavo Banda, un pasteur de la localité. Il a lui-même abandonné ses terres pour la construction de cette colonie déjà surnommée «Little Haïti».  (Edgard Garrido / Reuters)
Mais la construction des logements est suspendue temporairement, en attente de l’obtention d’un permis. En mars 2017, la Protection Civile a déclaré que cette zone courait un risque élevé d’inondation. Le révérend Gustavo Banda trouve étrange d’avoir déclaré ce lieu à «haut risque». «J’habite ici depuis plus de 40 ans, dit-il, et pas une seule fois, je n’ai vu la zone inondée.» (Edgard Garrido / Reuters)

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