Débat Trump-Harris : migrants "tueurs de chatons", immigrés évadés de prisons… Trois fausses affirmations sur l'immigration
Donald Trump juge que le premier débat pour la présidentielle américaine, dans la nuit de mardi à mercredi, était "truqué", en faveur de sa concurrente Kamala Harris. Le candidat républicain dénonce l'attitude des journalistes de la chaîne ABC, qui "corrigeaient tout" ce qu'il disait. Le débat a en effet été marqué par les fausses informations. CNN en a dénombré pas moins de 31. 30 fausses informations venant de Donald Trump et une de Kamala Harris. Un sujet en particulier est propice aux fausses informations : l'immigration. Franceinfo décrypte trois affirmations de l'ancien président américain.
Les migrants haïtiens "mangent les chiens et les chats des habitants"
Donald Trump a repris une rumeur qui circule sur les réseaux sociaux, concernant les migrants haïtiens. En plein débat, il a déclaré : "À Springfield (Ohio), les gens qui viennent, ils mangent les chiens, ils mangent les chats, ils mangent les animaux de compagnie des habitants, c'est ce qui arrive dans notre pays et c'est une honte."
Il s'agit d'une fausse information. Cette rumeur a été démentie par la ville et par police locale de Springfield, comme le relatent CNN ou encore CBS News. "Nous voulons clarifier qu'il n'existe pas d'informations crédibles ou d'affirmations précises sur des animaux de compagnie maltraités, blessés ou victimes d'abus de la part de la population immigrée", a écrit la police locale dans un communiqué.
L'un des journalistes modérateurs du débat a donc corrigé Donald Trump mais le candidat républicain affirme qu'il y a des "témoignages" qui le prouvent. Cette infox est en réalité partie d'une publication sur Facebook, comme le relate The Springfield News-Sun. Une internaute assure que son voisin lui a raconté qu'une amie de ses filles a perdu son chat et qu'il a été mangé par ses voisins, des migrants haïtiens.
Le témoignage a été relayé en masse sur les réseaux sociaux, et notamment par le camp républicain. Dans un tweet vu plus de 9 millions de fois, le colistier de Donald Trump et candidat à la vice-présidence J.D. Vance assure que des "rapports montrent que des gens ont vu leurs animaux de compagnie enlevés et mangés par des gens qui ne devraient pas être dans ce pays". Des comptes pro-Trump assurent aussi que leur candidat va "déporter" les migrants qui mangent des animaux de compagnie. Le patron de X, Elon Musk a même posté une photo d'un caneton et d'un chaton avec écrit "Sauvez-les !". Une infox partie des réseaux sociaux et qui s'est donc retrouvée sur le plateau de télévision.
Des "millions" de migrants arrivant aux États-Unis "sortent de prison ou de cliniques psychiatriques"
"Des millions de migrants affluent aux États-Unis en provenance des prisons, des établissements psychiatriques et des asiles de fou", a affirmé Donald Trump lors du débat. Une déclaration qu'il a répétée plusieurs fois, lors de meetings ou d'interviews. Rien ne permet d'affirmer ce qu'il dit.
CNN s'est déjà penché sur le sujet, en enquêtant et en interrogeant des associations pro et anti-immigration. Elles n'ont jamais entendu parler de migrants sortis de prisons ou de cliniques psychiatriques et envoyés aux Etats-Unis.
Face à la contradiction, Donald Trump a déjà tenté d'argumenter par le passé, en assurant qu'il y avait bien une baisse de la population carcérale mondiale, et que ce n'était pas un hasard. Sauf qu'il n'y a aucun lien entre la population carcérale et l'immigration aux États-Unis, et le nombre de prisonniers dans le monde n'a pas baissé, au contraire il augmente.
"21 millions de personnes traversent la frontière chaque mois" vers les États-Unis
Donald Trump a fustigé la politique migratoire menée par Joe Biden. Il donne même un chiffre : selon lui, 21 millions de personnes traversent la frontière chaque mois vers les États-Unis. "Et je pense que c'est même encore plus élevé", a-t-il ajouté.
Ce chiffre est faux. D'après les données de l'US Customs and Border Protection, depuis le début du mandat de Joe Biden, moins de 10 millions de migrants ont rejoint la frontière. Cela correspond à environ 218 000 migrants chaque mois. Un chiffre très loin de celui avancé par Donald Trump.
Et toutes ces personnes ne sont pas forcément autorisées à entrer dans le pays. Par ailleurs, même en prenant en compte les migrants "illégaux", on n'atteint pas le chiffre avancé par Donald Trump, comme l'explique le groupe de réflexion Migration Policy Institute, interrogé par CNN.
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