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Etats-Unis : ce que l'on sait des tensions à Philadelphie, après la mort de Walter Wallace Junior, tué par des policiers

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Publié Mis à jour
Temps de lecture : 6min
Des manifestants à Philadelphie (Etats-Unis), au lendemain de la mort de Walter Wallace Junior, un homme noir abattu par des policiers, le 26 octobre 2020. (MARK MAKELA / GETTY IMAGES NORTH AMERICA)

La ville américaine est le théâtre d'importants troubles depuis la mort de cet homme noir de 27 ans, abattu dans la rue par deux policiers, lundi après-midi.

A quelques jours de la présidentielle américaine, le 3 novembre, la colère contre les violences policières éclate à nouveau aux Etats-Unis. Les manifestations et les affrontements avec les forces de l'ordre se multiplient à Philadelphie, dans l'Etat de Pennsylvanie, après la mort de Walter Wallace Junior, un homme noir de 27 ans, abattu par des policiers, lundi 26 octobre.

La scène, filmée par des habitants du quartier et relayée sur internet, rappelle la mort de George Floyd, un quadragénaire noir asphyxié sous le genou d'un policier blanc, fin mai, et qui avait relancé le mouvement Black Lives Matter. Voici ce que l'on sait de cette affaire.

L'homme a reçu plusieurs balles

Les policiers ont été dépêchés lundi après-midi, dans le quartier de West Philadelphia, après un appel mentionnant un homme tenant un couteau. Une vidéo filmée par un habitant du quartier et partagée sur les réseaux sociaux montre effectivement Walter Wallace Junior dans la rue, brandissant un couteau. Ce dernier se tient toutefois à environ trois mètres des agents.

"Je disais à la police d'arrêter. 'Ne tirez pas sur mon fils. S'il vous plaît, ne tirez pas sur mon fils'", a raconté la mère de Walter Wallace Junior à la presse, mardi, rapporte la chaîne locale CBS Philly*Selon un porte-parole de la police, l'homme a refusé de lâcher son arme, malgré les injonctions des agents. Il a été abattu de plusieurs balles par deux policiers. Walter Wallace Junior a ensuite été transporté à l'hôpital, où il est mort, selon le Philadelphia Inquirer*.

Le jeune homme, atteint de troubles bipolaires, était sous traitement, a expliqué son père au Philadelphia Inquirer. "Pourquoi [les policiers] n'ont pas utilisé un Taser ?", interroge-t-il. Par ailleurs, selon l'avocat de la famille, l'appel qui a débouché sur l'intervention de la police avait été effectué par le frère de Walter Wallace Junior, et n'était pas destiné aux forces de l'ordre, mais aux urgences médicales, indique Associated Press*.

Des pillages et des arrestations en marge des manifestations

Quelques heures après les faits, quelque 300 manifestants se sont rassemblés dans les rues de Philadelphie pour protester contre les violences policières et le racisme, entraînant des confrontations avec les forces de l'ordre. Trente policiers ont été blessés, dont plusieurs qui ont été hospitalisés, a rapporté la police de Philadelphie à l'AFP. Des commerces ont été vandalisés, une voiture de police incendiée et de nombreux individus ont été interpellés, selon les autorités.

Mardi, la ville américaine a vécu une nouvelle soirée de manifestations. Plus d'un millier de personnes ont marché dans les rues, avant d'être stoppées par la police, qui avait établi un cordon. Le cortège s'est alors dispersé, mais plusieurs petits groupes d'une centaine de personnes chacun ont sillonné le quartier, certains brûlant des poubelles. En plusieurs endroits, la police est intervenue sans sommation pour disperser ces petits groupes, parfois à coups de matraques, et a procédé à plusieurs interpellations.

La police de la ville a également précisé sur Twitter* qu'"une foule importante" s'en était prise à des commerces dans le nord-est de la ville. Un magasin de sport Foot Locker et un supermarché Walmart ont notamment été pillés, selon les médias locaux. 

La crainte d'une montée brutale des tensions

"J'ai vu la vidéo de cet incident tragique et elle soulève des questions difficiles auxquelles il faut répondre", a déclaré mardi le maire démocrate de Philadelphie, Jim Kenney. Les deux policiers impliqués dans la mort de Walter Wallace Junior ont été suspendus dans l'attente des résultats d'une enquête menée par la police et le procureur local.

Le maire s'est par ailleurs montré inquiet d'une brutale montée de tension, dans une ville où les manifestations Black Lives Matter après la mort de George Floyd avaient été accompagnées de pillages et violences. Jim Kenney a annoncé mardi le déploiement de renforts policiers et de la Garde nationale. Il a cependant fait la distinction entre les "manifestants pacifiques" et  le "vandalisme et [le] pillage qui ne sont pas des formes acceptables de la liberté d'expression"

"Ayez du respect pour ma famille et mon fils, et arrêtez cette violence et ce chaos dans la ville", a de son côté demandé le père de Walter Wallace Junior, mardi soir*. "Je ne veux pas voir ma ville détruite. Nous n'avons pas besoin de cela. Vous ne résolvez rien pour notre famille. Ne faites pas cela au nom de mon neveu parce que ce n'est pas ce qu'il aurait voulu", a également déclaré Rodney Everett, l'oncle de Walter Wallace Junior, rapporte CBS Philly*. 


La Maison Blanche "surveille la situation de près"

Si les violences se poursuivaient dans les prochains jours, la situation à Philadelphie pourrait devenir un sujet central de cette fin de campagne présidentielle. Donald Trump a d'ailleurs fait de la montée de la criminalité dans les grandes métropoles, souvent gérées par des démocrates, un argument contre son rival Joe Biden.

"Nous surveillons la situation de près. Nous nous tenons prêts à déployer des ressources fédérales, si besoin", a indiqué mardi matin Alyssa Farah, directrice de la communication de la Maison Blanche.

"Nos cœurs se brisent à la pensée de la famille de Walter Wallace, et pour tous ceux qui souffrent à l'annonce de la perte d'une autre vie noire en Amérique", a quant à lui déclaré Joe Biden dans un communiqué. Tout en déplorant une nouvelle "injustice" contre la communauté noire, il a également mis en garde contre tout pillage et attaque contre des policiers.

*Ces liens renvoient vers des articles en anglais.

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