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À vrai dire. Présidentielle américaine : le festival des fausses déclarations

Publié
Temps de lecture : 3min
Article rédigé par TV5MONDE - Antoine Fonteneau
France Télévisions

Non, Joe Biden ne prévoit pas un confinement de plusieurs mois. Non, Donald Trump n'a pas dit qu'il avait choisi sa candidate à la Cour Suprême pour son physique. L'élection présidentielle américaine suscite des vocations d’auteurs ou de faussaires. De nombreuses phrases chocs attribuées aux deux principaux candidats font le tour des réseaux sociaux, en général pour les mettre en difficulté. Sauf qu’elles sont souvent inventées de toutes pièces. 

Voici deux exemples. 


D'abord, cette phrase attribuée à Joe Biden, et largement partagée sur les réseaux sociaux. Elle concerne l'épidémie de Covid-19 : "Quand je serai à la Maison Blanche, j'instaurerai un confinement du pays jusqu'à ce que notre vaccin soit prêt et que tout le monde soit vacciné."

De quoi faire craindre aux électeurs américains de très longs mois de confinement. Une internaute se dit d'ailleurs "terrifiée" par cette soi-disant déclaration du candidat démocrate.

Nous avons tenté de remonter à la source, de retrouver où, quand et dans quel contexte cette phrase choc aurait été prononcée ou écrite.

Mais nous n'avons rien trouvé. Elle ne semble pas exister ailleurs que dans cette publication Facebook.

Les différentes déclarations de Joe Biden tendent à montrer une position bien plus modérée sur le sujet. En août, sur la chaîne américaine ABC, il se disait prêt à "fermer l'économie" si les scientifiques le lui recommandaient. Mais il annonçait dans le même temps des aides pour les entreprises et surtout une réouverture rapide. 

Cette fausse citation a fini par être démentie par l'équipe de campagne de Joe Biden.

Pour Divina FRAU-MEIGS, sociologue des médias, "le truc des désinformateurs qualifiés que nous connaissonsn c'est qu'ils mettent la charge de la preuve sur l'autre : prouvez-moi que je ne l'ai pas dit, ou prouvez-moi qu'il ne l'a pas dit. Au lieu, au contraire, de prendre responsabilité et de montrer où ils ont trouvé la source."


Dans l'autre camp, Donald Trump aussi est victime de déclarations apocryphes, imaginaires.

Celle-ci concerne la nomination de la nouvelle nouvelle juge à la Cour Suprême. A en croire cette publication Facebook, Donald Trump aurait choisi Amy Coney Barrett pour son seul physique : "Je crois qu'Amy est beaucoup, beaucoup plus belle que les autres femmes que nous avons eu. Les gens le savent. Si les gens sont plus attirants, ils obtiennent beaucoup plus de respect".

Une phrase sexiste que nous n'avons jamais retrouvé dans la bouche ou dans les écrits de l'actuel président américain.

Une recherche sur un site qui recense la totalité des déclarations, des tweets et des interventions de Donald Trump reste négative également.

Une fausse déclaration donc. Mais qui colle avec une image que certains peuvent avoir du président.

Pour Laurent Bigot, auteur de "Fact-checking vs fake news", "on va faire en sorte que cette fausse affirmation, elle repose quand même sur un contexte qui pourrait laisser présupposer que ça tient quand même debout et avec une petite touche sulfureuse pour assurer sa diffusion à grande échelle, à la fin, le succès est garanti. Et puis on sait que, derrière, tout ceux qui voudront essayer de vérifier, vont y passer tellement de temps qu'elle aura déjà fait son chemin et que le mal sera fait."


Pour résumer : il est facile d'inventer des déclarations chocs dans la bouche d'un homme politique. Il est crucial de ne pas les partager s'il n'est pas possible de les vérifier.






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