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Accord de Paris : une sortie des États-Unis serait "dommageable pour l'avenir de la planète"

Donald Trump pourrait annoncer jeudi que les Etats-Unis vont sortir de l'Accord de Paris sur le climat. Un "abandon du navire" et une décision "désinvolte et sans intérêt pour les États-Unis" selon Jean Jouzel, climatologue. 

Article rédigé par franceinfo
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L'incendie "Blue Cut Fire" a détruit plus 7 000 hectares, et fait évacuer plus de 80 000 personnes en 2016, en Californie.  (JOSH EDELSON / AFP)

Le président américain Donald Trump doit annoncer jeudi 1 juin à 21 h (heure française) sa décision de sortir ou non de l'Accord de Paris sur le climat, signé en France en 2015 par 197 parties. Ce texte engage les signataires à tout mettre en œuvre pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés.

Cette sortie des États-Unis de l'Accord de Paris "serait une véritable déception", a estimé sur franceinfo le climatologue Jean Jouzel, ancien vice-président du GIEC, le Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat. La décision de Donald Trump "serait extrêmement dommageable pour l'avenir de la planète".

franceinfo : Une sortie de l'accord serait-elle désastreuse pour la lutte contre le dérèglement climatique ?

Jean Jouzel : Ce serait une véritable déception. Un désastre, peut-être pas. Cela dépend de l'attitude des autres pays. On voit déjà que l'Europe et la Chine envisagent de se retrouver pour apporter un soutien à cet accord. On sent une dynamique européenne qui peut renaître de ces difficultés. Mais d'un point de vue de climatologue, c'est négatif. Les États-Unis est le deuxième pays émetteur de gaz à effet de serre. Son retrait signifie que les objectifs définis ne seront pas atteints. Il faudrait que les autres pays augmentent leurs ambitions de 10 à 15% si on voulait combler ce départ des États-Unis. Les engagements de l'Accord de Paris ne sont pas suffisants par rapport à l'objectif de maintenir le réchauffement climatique à 2 degrés. Il aurait fallu que l'ambition soit relevée et que l'engagement soit multiplié par deux. 

Existe-t-il un moyen de forcer Donald Trump à poursuivre les efforts en faveur du climat ou d'obtenir des compensations financières ?

Non. C'est plutôt un risque car il y a tous les autres volets de l'accord climat. Il y a la promesse des pays développés de mettre 100 milliards de dollars à disposition des pays en voie de développement pour les aider à lutter contre le réchauffement climatique. Ces pays comptaient beaucoup sur les États-Unis. Si, comme l'avait promis Donald Trump, les États-Unis retirent tous leurs soutiens aux organisations internationales environnementales, c'est un risque. Le GIEC repose beaucoup sur le soutien des États-Unis. Ce serait dramatique si Donald Trump retirait ses soutiens financiers à toutes ces organisations qui font le travail et le font bien.

On voit la difficulté dans laquelle Donald Trump met la planète. C'est désinvolte et c'est sans intérêt économique pour les États-Unis.

Jean Jouzel, climatologue

à franceinfo

L'annonce intervient alors que tous les signaux climatiques sont au rouge. Est-ce un mauvais signal envoyé ?

Bien sûr. Regardez le nouveau film d'Al Gore, qui est centré sur les États-Unis. On montre New York, la Floride, l'élévation du niveau de la mer, les incendies à cause de la sécheresse. Les conséquences du réchauffement climatique toucheront aussi les États-Unis comme elles toucheront tous les pays de la planète. Il y a très peu de gagnants dans ce jeu. C'est extrêmement dommageable pour l'avenir de la planète si Donald Trump s'oriente délibérément vers une négation de cette nécessité de lutter contre le réchauffement climatique et vers un abandon du navire de l'Accord de Paris.

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