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"Aujourd'hui, le monde connaît enfin la vérité" : qui est E. Jean Carroll, la femme qui a remporté une victoire judiciaire contre Donald Trump ?

Donald Trump a été jugé mardi responsable d’"agression sexuelle" par un tribunal civil de New York sur Elizabeth Jean Carroll. L'ancienne chroniqueuse estime que "le monde connaît enfin la vérité" sur l'ancien président américain.
Article rédigé par franceinfo
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E. Jean Carroll quitte le tribunal fédéral de Manhattan à New York le 9 mai 2023. (ED JONES / AFP)

C'est avec un grand sourire et escortée par une forêt de caméras qu'E. Jean Carroll a quitté le tribunal new-yorkais. Au terme de deux semaines de procès au civil, les neuf jurés ont reconnu, mardi 9 mai, Donald Trump responsable d'"agression sexuelle" sur l'ancienne chroniqueuse. Le milliardaire devra aussi lui verser 5 millions de dollars pour diffamation.

>> Etats-Unis : l'ancien président Donald Trump déclaré responsable d'agression sexuelle par un tribunal civil de New York

Journaliste célèbre

Aujourd'hui âgée de 79 ans, Elizabeth Jean Carroll est une journaliste et autrice américaine reconnue. Née en décembre 1943, elle grandit dans l'Indiana sous le nom de Betty Jean Carroll rapporte le New York Times (article en anglais). Elle étudie à l'Indiana University dans les années 1960 puis décide de poursuivre son rêve de devenir écrivaine et journaliste. Elle décide de changer son nom en Elizabeth Jean, puis le raccourci en "E. Jean" pour sa première signature dans le magazine Esquire.

Connue pour ses récits à la première personne, elle est publiée dans les magazines The Atlantic, Vanity Fair et Playboy où elle a été la première femme à contribuer à la rédaction. E. Jean Caroll écrit aussi pour la télévision et notamment pour le célèbre Saturday Night Live dans les années 1980. Elle anime sa propre émission dans les années 1990 reprenant sa chronique "Ask E. Jean" qui est publiée dans le mensuel Elle US pendant près de 30 ans, où elle répond aux interrogations des lectrices. Une chronique qui s'arrête fin 2019, selon E. Jean Caroll, en raison des accusations de viol qu'elle porte, en juin de la même année, sur Donald Trump dans des articles et une autobiographie intitulée What Do We Need Men For ? A Modest Proposal

"Je suis ici parce que Donald Trump m'a violée"

E. Jean Carroll réitèrera ses accusations devant la justice. Après avoir déposé plainte tout d'abord pour "diffamation ", car Donald Trump l'avait accusée de mentir pour faire vendre son ouvrage, elle intente un procès pour viol, grâce à une nouvelle loi de l'Etat de New York en 2022 permettant aux victimes présumées d'agir en justice au civil même pour des faits potentiellement prescrits.

"Je suis ici parce que Donald Trump m'a violée", déclare E. Jean Carroll lors du procès qui s'est tenu en avril 2023. Elle explique avoir croisé au printemps 1996, de façon fortuite, Donald Trump à l'entrée d'un grand magasin de New York, ce dernier la reconnaissant pour sa rubrique dans le magazine Elle. Il l'invite, sur un ton très badin, à l'aider à choisir un cadeau. Au rayon lingerie, Donald Trump attrape un "sous-vêtement" et lui demande de l'essayer. E. Jean Carroll explique alors l'avoir suivi dans une cabine, où elle affirme qu'il l'a poussée contre le mur, coincée, puis baissé son collant et l'a pénétrée avec "ses doigts dans [son] vagin", puis avec son sexe.

 "Quand j'ai écrit sur le sujet, il [Donald Trump] a dit que cela n'était pas arrivé. Il a menti et a brisé ma réputation. (...) Je suis ici pour reprendre le cours de ma vie."

E. Jean Carroll

au procès

Dans leur verdict, les neufs jurés new-yorkais ont déterminé à l'unanimité que Donald Trump était responsable d'une "agression sexuelle" sur E. Jean Carroll et qu'il devra lui verser cinq millions de dollars de dommages-intérêts. L'avocat du milliardaire, Joe Tacopina, assure qu'il va faire appel dénonçant "un verdict étrange" : "L'accusation concernait un viol, c'était un procès pour viol, tout du long, et cela, le jury l'a rejeté, mais pour arriver à d'autres conclusions. Donald Trump est convaincu (et comme beaucoup de monde)… qu'il ne peut pas être jugé de façon équitable à New York."

À l'annonce du verdict, E. Jean Carroll était très émue et a serré dans ses bras plusieurs de ses avocats et son entourage qui avaient les larmes aux yeux. Elle a quitté le palais de justice de Manhattan sans faire de déclaration et accompagnée de sa fidèle avocate Roberta Kaplan. "Ce verdict est une honte", a dénoncé de son côté sur son réseau social Truth Social l'ancien président américain qui veut être candidat à l'élection de 2024 et qui est déjà empêtré dans de nombreux ennuis judiciaires. "Cette victoire n'en est pas juste une pour moi, mais c'en est une pour chaque femme qui a souffert parce qu'on ne la croyait pas", a déclaré E. Jean Carroll ajoutant qu'"aujourd'hui, le monde connaît enfin la vérité" sur Donald Trump.

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