Election américaine : dans le camp républicain, l'unité derrière Donald Trump se fissure doucement
Deux jours après l'élection, les résultats sont encore incertains et la bataille politique est marquée par un grand silence du camp républicain. Quelques sénateurs, minoritaires, montent toutefois au créneau pour dénoncer les mensonges du président.
Les jours passent et les Etats-Unis ne sont toujours pas fixés sur l'identité de leur futur président. Les bulletins de vote de plusieurs Etats clés continuent d'être dépouillés, et l'écart entre les deux candidats y est particulièrement serré, enflammant la scène politique américaine. Le président Donald Trump a une nouvelle fois crié jeudi 5 novembre à la fraude, sans la moindre preuve, lors d'une conférence de presse surréaliste depuis la Maison Blanche. Ce qui lui a valu d'être coupé en direct par les chaînes américaines MSNBC, NBC News et ABC News. Le candidat républicain a réaffirmé qu'il était le vainqueur de l'élection, alors que les résultats ne sont pas actés et que le bilan donne, pour l'heure, son adversaire démocrate, Joe Biden, en tête et bien parti pour atteindre le nombre décisif de 270 grands électeurs nécessaires pour être élu.
>> Retrouvez en direct les dernières informations sur l'élection présidentielle américaine
Près de trois jours après l'élection du 3 novembre, Donald Trump apparaît isolé au sein de son propre parti. Sa croisade contre un "vol" du scrutin dont il serait la victime et ses dernières assertions mensongères poussent même la très conservatrice chaîne Fox News, et plusieurs représentants républicains à prendre leurs distances. De quoi faire enrager le fils du président, Donald Trump Junior, qui s'est pourfendu d'un tweet à leur égard : "L'absence totale d'action de la part de la quasi-totalité des 'républicains pleins d'espoir pour 2024' est assez étonnante", écrit-il. Et son frère, Eric Trump, se demande* lui : "Où sont les Républicains ! Ayez une colonne vertébrale. Luttez contre cette fraude."
The total lack of action from virtually all of the “2024 GOP hopefuls” is pretty amazing.
— Donald Trump Jr. (@DonaldJTrumpJr) November 5, 2020
They have a perfect platform to show that they're willing & able to fight but they will cower to the media mob instead.
Don't worry @realDonaldTrump will fight & they can watch as usual!
Des rappels constitutionnels
Le clan politique du président est en retrait depuis que Donald Trump crie à la fraude et accuse les démocrates de lui "voler" l'élection. Mitch McConnell, leader des républicains au Sénat réélu mardi pour un mandat de six ans, est resté silencieux dans les heures qui ont suivi l'allocution du président sortant. "Son bureau a refusé de commenter après le discours de Donald Trump jeudi", note le journal canadien Métro. Le vice-président, Mike Pence, et d'autres proches du président ne sont pas non plus montés au créneau.
Mitch McConnell s'est finalement exprimé sur son compte Twitter* vendredi matin : "Voici comment cela doit fonctionner dans notre grand pays : chaque vote légal doit être compté. Les bulletins de vote illégaux ne doivent pas être comptés. Toutes les parties doivent pouvoir observer le processus. Et les tribunaux sont là pour appliquer les lois et résoudre les litiges". Marco Rubio, sénateur républicain de Floride, avait lui rappelé plus tôt que* "si un candidat pense qu'un Etat viole les lois électorales, il a le droit de le contester devant un tribunal et de produire des preuves à l'appui". Pas de soutien clair au candidat ni de désaveu, de simples rappels juridiques pour rassurer les électeurs républicains.
"Compte tenu de l'imprévisibilité de la politique américaine, il est probable que les républicains fassent marche arrière s'ils estiment qu'il est politiquement opportun de le faire", analyse The Intercept*.
Des sénateurs énervés
Compte tenu des graves accusations proférées par Donald Trump, des élus républicains ont tout de même commencé à se désolidariser, voire à désavouer leur candidat. "Il n'y a aucune défense possible des commentaires du président qui, ce soir, sapent notre processus démocratique. L'Amérique compte les votes, et nous devons respecter les résultats comme nous l'avons toujours fait auparavant. Aucune élection ou personne n'est plus importante que notre démocratie", a tweeté* le gouverneur républicain du Maryland, Larry Hogan.
"Un président en exercice qui sape notre processus politique et qui remet en question la légalité des voix d'innombrables Américains sans preuve est non seulement dangereux et mauvais, mais il sape également les fondations mêmes sur lesquelles cette nation a été construite", accuse Will Hurd, ancien représentant républicain du Texas à la Chambre des représentants. D'autres membres du parti ont remis en cause la nature des accusations proférées par Donald Trump :"nous n'avons entendu parler d'aucune preuve", a souligné l'ancien gouverneur du New Jersey et allié du président, Chris Christie, sur ABC.
A sitting president undermining our political process & questioning the legality of the voices of countless Americans without evidence is not only dangerous & wrong, it undermines the very foundation this nation was built upon. Every American should have his or her vote counted.
— Rep. Will Hurd (@HurdOnTheHill) November 6, 2020
Une minorité de représentants républicains a quant à elle brisé le silence pour manifester son soutien au candidat. "Je peux vous dire que le président est en colère et je suis en colère, et les électeurs devraient être en colère", a déclaré le sénateur Ted Cruz sur Fox News. L'issue du scrutin et le comportement de Donald Trump dans les prochains jours pourraient exacerber cette fracture interne du camp rouge.
What we've been seeing the last three days of #ElectionResults2020 is partisan, political, & lawless. The American people are angry that vote counting has been shrouded in darkness. We must count every vote legally cast. pic.twitter.com/U4DJVWnpsr
— Senator Ted Cruz (@SenTedCruz) November 6, 2020
À regarder
-
Kamala Harris reconnaît sa défaite
-
Election américaine : pourquoi un tel raz-de-marée républicain ?
-
Donald Trump encense Elon Musk après avoir déclaré sa victoire
-
Donald Trump revendique "une victoire politique jamais vue"
-
Comment les expatriés américains font pour voter ?
-
La mort de cet écureuil est récupérée par le camp de Donald Trump
-
Peut-on comparer démocrates et républicains à la gauche et la droite française ?
-
Donald Trump imite Emmanuel Macron
-
Présidentielle américaine : l'artiste Bad Bunny soutient Kamala Harris
-
Election américaine : qu'apporte Elon Musk à la campagne de Donald Trump ?
-
Election américaine : quand connaîtra-t-on le nom du prochain président élu ?
-
Maya Harris, plus proche conseillère de Kamala depuis plus de 50 ans
-
Quelle est la position des candidats à la présidentielle américaine sur le conflit au Proche-Orient
-
Aux Etats-Unis, "Superman" appelle les Américains à voter
-
Présidentielle américaine : des cookies Trump et Harris controversés
-
Election américaine : plus de 6 millions de dollars de paris sur le duel Harris-Trump
-
Les célébrités peuvent-elles influencer le scrutin américain ?
-
Pourquoi n'y a-t-il que deux grands partis aux Etats-Unis ?
-
Élection présidentielle aux États-Unis : le business des produits dérivés
-
Election américaine : "I have a Glock", quand Kamala Harris parle de son arme
-
Élection américaine : les démocrates contrôlent-ils la météo ?
-
Un bar à thème présidentiel aux États-Unis
-
La "Bible Trump" bientôt dans les écoles ?
-
Une interview de Melania Trump à 250 000 dollars ?
-
Une statue géante de Donald Trump aux États-Unis
-
Kamala Harris traite Donald Trump de poule mouillée
-
Des singes prédisent le résultat de l'élection américaine
-
Élection américaine : rencontre avec Raymond, électeur de Donald Trump
-
Visée par Donald Trump, la communauté haïtienne de Springfield est devenue la cible de l'extrême droite
-
Une possible tentative d'assassinat visant Donald Trump
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.