Cet article date de plus de quatre ans.

Election américaine : dans le camp républicain, l'unité derrière Donald Trump se fissure doucement

Deux jours après l'élection, les résultats sont encore incertains et la bataille politique est marquée par un grand silence du camp républicain. Quelques sénateurs, minoritaires, montent toutefois au créneau pour dénoncer les mensonges du président.

Article rédigé par franceinfo
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Le leader des républicains au Sénat, Mitch McConnell, a cherché à rassurer les électeurs, sans manifester son soutien au candidat Donald Trump.  (JON CHERRY / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Les jours passent et les Etats-Unis ne sont toujours pas fixés sur l'identité de leur futur président. Les bulletins de vote de plusieurs Etats clés continuent d'être dépouillés, et l'écart entre les deux candidats y est particulièrement serré, enflammant la scène politique américaine. Le président Donald Trump a une nouvelle fois crié jeudi 5 novembre à la fraude, sans la moindre preuve, lors d'une conférence de presse surréaliste depuis la Maison Blanche. Ce qui lui a valu d'être coupé en direct par les chaînes américaines MSNBC, NBC News et ABC News. Le candidat républicain a réaffirmé qu'il était le vainqueur de l'élection, alors que les résultats ne sont pas actés et que le bilan donne, pour l'heure, son adversaire démocrate, Joe Biden, en tête et bien parti pour atteindre le nombre décisif de 270 grands électeurs nécessaires pour être élu. 

>> Retrouvez en direct les dernières informations sur l'élection présidentielle américaine

Près de trois jours après l'élection du 3 novembre, Donald Trump apparaît isolé au sein de son propre parti. Sa croisade contre un "vol" du scrutin dont il serait la victime et ses dernières assertions mensongères poussent même la très conservatrice chaîne Fox News, et plusieurs représentants républicains à prendre leurs distances. De quoi faire enrager le fils du président, Donald Trump Junior, qui s'est pourfendu d'un tweet à leur égard : "L'absence totale d'action de la part de la quasi-totalité des 'républicains pleins d'espoir pour 2024' est assez étonnante", écrit-ilEt son frère, Eric Trump, se demande* lui : "Où sont les Républicains ! Ayez une colonne vertébrale. Luttez contre cette fraude." 

Des rappels constitutionnels

Le clan politique du président est en retrait depuis que Donald Trump crie à la fraude et accuse les démocrates de lui "voler" l'élection. Mitch McConnell, leader des républicains au Sénat réélu mardi pour un mandat de six ans, est resté silencieux dans les heures qui ont suivi l'allocution du président sortant. "Son bureau a refusé de commenter après le discours de Donald Trump jeudi", note le journal canadien MétroLe vice-président, Mike Pence, et d'autres proches du président ne sont pas non plus montés au créneau. 

Mitch McConnell s'est finalement exprimé sur son compte Twitter* vendredi matin : "Voici comment cela doit fonctionner dans notre grand pays : chaque vote légal doit être compté. Les bulletins de vote illégaux ne doivent pas être comptés. Toutes les parties doivent pouvoir observer le processus. Et les tribunaux sont là pour appliquer les lois et résoudre les litiges". Marco Rubio, sénateur républicain de Floride, avait lui rappelé plus tôt que* "si un candidat pense qu'un Etat viole les lois électorales, il a le droit de le contester devant un tribunal et de produire des preuves à l'appui". Pas de soutien clair au candidat ni de désaveu, de simples rappels juridiques pour rassurer les électeurs républicains.

"Compte tenu de l'imprévisibilité de la politique américaine, il est probable que les républicains fassent marche arrière s'ils estiment qu'il est politiquement opportun de le faire", analyse The Intercept*.

Des sénateurs énervés

Compte tenu des graves accusations proférées par Donald Trump, des élus républicains ont tout de même commencé à se désolidariser, voire à désavouer leur candidat. "Il n'y a aucune défense possible des commentaires du président qui, ce soir, sapent notre processus démocratique. L'Amérique compte les votes, et nous devons respecter les résultats comme nous l'avons toujours fait auparavant. Aucune élection ou personne n'est plus importante que notre démocratie", a tweeté* le gouverneur républicain du Maryland, Larry Hogan.

"Un président en exercice qui sape notre processus politique et qui remet en question la légalité des voix d'innombrables Américains sans preuve est non seulement dangereux et mauvais, mais il sape également les fondations mêmes sur lesquelles cette nation a été construite", accuse Will Hurd, ancien représentant républicain du Texas à la Chambre des représentants. D'autres membres du parti ont remis en cause la nature des accusations proférées par Donald Trump :"nous n'avons entendu parler d'aucune preuve", a souligné l'ancien gouverneur du New Jersey et allié du président, Chris Christie, sur ABC

Une minorité de représentants républicains a quant à elle brisé le silence pour manifester son soutien au candidat. "Je peux vous dire que le président est en colère et je suis en colère, et les électeurs devraient être en colère", a déclaré le sénateur Ted Cruz sur Fox News. L'issue du scrutin et le comportement de Donald Trump dans les prochains jours pourraient exacerber cette fracture interne du camp rouge.

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.