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États-Unis : "Il faut reconstruire le contrat social américain", analyse un chercheur après I'intrusion de pro-Trump au Capitole

Romain Huret, directeur d'étude à l'École des hautes études en sciences sociales, juge "inquiétant de voir un président américain être allé très loin dans la transgression des règles démocratiques". D'autant plus que cela fait "quelques décennies" qu'une partie de la population déplore la disparition de "la démocratie blanche, éternelle, des pères fondateurs". 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
Le Capitole, Washington (illustration). (JOSE LUIS MAGANA / AFP)

"Les militants ont voulu occuper l'espace sans forcément prendre le pouvoir", analyse Romain Huret, directeur d'étude à l'École des hautes études en sciences sociales (Ehess) et spécialiste des États-Unis, jeudi 7 janvier sur franceinfo, après l'intrusion de militants pro-Trump dans l'enceinte du Capitole, à Washington. "Beaucoup d'Américains ont été choqués par ce qu'il s'est passé. Il faut reconstruire le contrat social américain", estime-t-il.

>> Suivez en direct les réactions au lendemain de l'envahissement du Capitole par des partisans de Donald Trump.

franceinfo : S'agit-il d'une "insurrection" comme l'a dit le président élu Joe Biden ?

Ce n'est pas inédit, il y a eu des scènes similaires à Washington, des scènes de dérapages de manifestations. Je pense qu'il s'agit davantage d'une occupation violente. Les militants ont voulu occuper l'espace sans forcément prendre le pouvoir. On les a vus dans le bureau de Nancy Pelosi par exemple pour montrer que la démocratie leur appartient et non aux membres du congrès. Ils n'ont pas l'intention de céder la démocratie à des gens qui, selon eux, ont été élus de manière frauduleuse. Il y avait des risques très importants autour des manifestations prévues et des interrogations sont aujourd’hui soulevées dans les médias américains aujourd’hui autour de la facilité des militants à rentrer. Le nombre d'arrestations est faible, avec 52 personnes arrêtées alors que de nombreuses violations ont été commises.

Pourquoi cet acte traduit-il le sentiment d'une "démocratie volée" comme l'affirment de nombreux militants ?

Cela fait des décennies que ce sentiment que la démocratie a disparu est présent dans une partie de la population américaine. La démocratie blanche, éternelle, des pères fondateurs, a disparu selon eux. Ce sentiment là ne va pas s’effacer du jour au lendemain.

"C'est l'ultime transgression, ce qui s’est passé, car le moment du passage d'une administration à l'autre est respecté et sacré."

Romain Huret, directeur d'étude à l'École des hautes études en sciences sociales

à franceinfo

Beaucoup d'Américains ont été choqués par ce qu'il s'est passé. Il faut reconstruire le contrat social américain.

Il y a des voix qui s'élèvent pour déclencher le 25e amendement, des élus démocrates exhortent Mike Pence, le vice-président, de faire usage de cette procédure pour destituer Donald Trump. Qu'en dites-vous ?

Le problème de cette procédure, c'est qu'elle est très longue alors qu'on a peu de temps. Ce qui est intéressant, c'est qu'on a de plus en plus de membres du parti Républicain qui ne sont pas fermés à cette destitution. Ce sentiment se propage dans l'entourage de Donald Trump. Mais ce qui restera et ce qui est inquiétant, c'est de voir un président américain être allé très loin dans la transgression des règles démocratiques.

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