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Neuf moments (parmi tant d'autres) où Donald Trump a prouvé qu'il était un gros macho

Tout au long de sa carrière, le candidat à la Maison Blanche a rabaissé des femmes en public. Un sexisme qui pourrait lui coûter cher lors de l'élection présidentielle.

Article rédigé par Mathieu Dehlinger
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 13min
Donald Trump, candidat à la Maison Blanche, à New York (Etats-Unis), lors d'un discours à l'issue des primaires républicaines du 7 juin 2016. (KENA BETANCUR / AFP)

Cette fois-ci, Donald Trump n'a pas eu le choix. Habitué aux propos outranciers, le candidat rébublicain à la Maison Blanche a finalement été obligé de s'excuser, dans la nuit du vendredi 7 au samedi 8 octobre, après la diffusion d'un enregistrement de 2005, dans lequel il décrit sa façon d'approcher les femmes qui l'attirent. Le récit évoque des comportements proches du harcèlement sexuel. "J'avais tort et je m'excuse", a reconnu le candidat républicain à la Maison Blanche dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux.

Tout au long de sa carrière, les femmes ont été l'une de ses cibles favorites. Mais ce sexisme affiché depuis des années finira-t-il par nuire à ses affaires ? "Les femmes ont le pouvoir de le stopper", a estimé Hillary Clinton après cette nouvelle polémique. Dans certains sondages, le milliardaire accuse plus de 20 points de retard sur sa rivale auprès de l'électorat féminin. De quoi entraver son rêve d'accéder au bureau ovale. Sans aucune prétention à l'exhaustivité, franceinfo revient sur neuf moments – parmi d'innombrables autres – où Donald Trump a prouvé qu'il était un gros macho.

1Quand il racontait comment il "attrapait" les femmes par le sexe

Les termes sont crus, à tel point qu'il est impossible pour la télévision américaine de les diffuser sans les bipper. Dans une vidéo de 2005, Donald Trump est enregistré à son insu avant le tournage d'une émission people. Le magnat de l'immobilier n'apparaît pas à l'image, mais ses propos sur les femmes sont bien audibles. 

Quand on est une star, [les femmes] nous laissent faire. On fait tout ce qu'on veut.

Donald Trump

en 2005

La célébrité lui offre un pouvoir tel que Donald Trump assure pouvoir sans problème "attraper" les femmes par le sexe. Dans cette séquence diffusée par le Washington Post (en anglais), le mot employé par le milliardaire est bien plus vulgaire. Ni plus ni moins que le récit d'une "agression sexuelle", expliquent les démocrates"C'était des plaisanteries de vestiaire, une conversation privée il y a des années", a d'abord minimisé le principal intéressé dans un communiqué, avant de présenter des excuses filmées.

2Quand il voulait que ses femmes restent à la maison

Comparer sa compagne à un immeuble, il fallait oser. Donald Trump l'a fait. "J'aime créer des stars", explique-t-il dans une interview télévisée en 1994. L'homme d'affaires pense alors avoir réussi cela avec sa deuxième femme, Marla, actrice et habituée des plateaux télé.

Malheureusement, une fois qu'elles deviennent des stars, ce n'est plus marrant pour moi. C'est comme un processus de création, c'est presque comme créer un bâtiment. C'est assez triste.

Donald Trump

sur ABC, en 1994

D'ailleurs, Donald Trump n'apprécie pas tant que ça l'idée d'avoir une femme active. "Certains jours, je trouve ça génial, concède-t-il. Et puis, je ne veux pas paraître macho, mais il y a des jours où quand je rentre chez moi et que le dîner n'est pas prêt, je saute au plafond."

A l'entendre, "mettre sa femme au travail est une chose très dangereuse". Il évoque alors sa première compagne, Ivana, qui a joué un rôle dans son empire. "Tout d'un coup, elle pouvait s'énerver contre quelqu'un au téléphone et commencer à crier, raconte-t-il. Et une certaine douceur a disparu. Ivana était très douce, mais à ce moment-là, elle est devenue une patronne, pas une femme." Et pas question de mélanger les deux.

3Quand il s'en est pris à une journaliste trop incisive à son goût

Dès son entrée en campagne, Donald Trump fait fort : il parvient à à se mettre à dos tout son camp ou presque, notamment en s'en prenant à une journaliste. Sa cible : Megyn Kelly, journaliste à Fox News, l'une des animatrices du premier débat des primaires républicaines. Le milliardaire l'accuse de lui avoir réservé un traitement "injuste" à cette occasion.

Ce soir-là, la journaliste lui demande de s'expliquer sur certaines des remarques sexistes qu'il a proférées dans le passé. Sur CNN, le lendemain, Donald Trump déclare n'avoir "pas beaucoup de respect pour elle" : "On pouvait voir du sang sortir de ses yeux, du sang sortir de son... où que ce soit." Une allusion claire aux menstruations de Megyn Kelly, même si le businessman assure qu'il voulait parler… de son nez.

La journaliste est restée l'une de ses cibles préférées au cours de la campagne : "Je refuse de la qualifier de bimbo car cela ne serait pas politiquement correct", écrit-il en janvier 2016. Après avoir boycotté un nouveau débat de Fox News, Donald Trump a finalement accordé une interview à Megyn Kelly en mai, un entretien plus apaisé au cours duquel il lui a confié : "J'aime notre relation à présent."

4Quand il s'est moqué d'une adversaire républicaine

Elle était la seule femme en lice lors des primaires républicaines : Carly Fiorina, ancienne PDG de Hewlett-Packard, avait fait sensation lors d'un premier débat télévisé réservé aux "petits" candidats, en août 2015. Mais sa performance n'avait visiblement pas convaincu Donald Trump. "Regardez sa tête, répond le milliardaire, interrogé par le magazine Rolling Stone (en anglais). Qui voterait pour ça ? Est-ce vous pouvez imaginer ça, la tête de notre prochain président ?" La réponse, cinglante, de Carly Fiorina est arrivée lors d'un débat : "Je pense que toutes les femmes de ce pays ont clairement entendu les paroles de monsieur Trump."

5Quand il a raillé le poids de ses détracteurs ou de ses employées

Donald Trump se fait un malin plaisir à juger le physique de ses interlocuteurs, qu'il s'agisse de ses propres employés ou de ses détracteurs. En 2006, le milliardaire s'en prend à l'animatrice Rosie O'Donnell, qu'il traite de "grosse truie". "Elle est dégoûtante, aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur, lâche-t-il. Comment se retrouve-t-elle à la télévision ? Si je m'occupais de son émission, je la virerais. Je regarderais son visage gros et moche et je lui dirais : 'Tu es virée, Rosie'. (…) On est tous un peu joufflus, mais Rosie est pire que la plupart d'entre nous." Classe.

Une ancienne cadre de son groupe, Barbara Res, a pris beaucoup de poids pendant la dizaine d'années qu'elle a passée au sein de l'entreprise. Et Donald Trump n'a pas manqué de le lui rappeler. "Vous aimez les bonbons", lui aurait-il dit, selon le New York Times (en anglais) : "C'était sa façon de me rappeler que j'étais en surpoids."

Pour Alicia Machado, l'humiliation fut encore plus cruelle. Couronnée Miss Univers 1996, la jeune femme prend un peu de poids. Elle réclame à la patronne du concours, propriété de Donald Trump, du temps pour récupérer et faire de l'exercice. "Je leur ai demandé de faire venir un médecin pour m'aider et ils ont dit oui, explique-t-elle au quotidien américain. Ils m'ont emmenée à New York, m'ont installée dans un hôtel."

"Le jour suivant, ils m'ont emmenée à la salle de sport, et je me suis retrouvée avec 90 médias face à moi, poursuit-elle. Donald Trump était là. Je n'avais aucune idée que cela allait arriver. J'étais à deux doigts de pleurer, avec toutes ces caméras. J'ai dit : 'Je ne veux pas faire ça, monsieur Trump'. Il m'a répondu : 'Je m'en fiche'." Alicia Machado confie avoir souffert et dû consulter de nombreux psychologues. "Après ça, j'ai été malade, anorexique et boulimique pendant cinq ans." Interrogé par le journal, Donald Trump "plaide coupable" et assume cet épisode.

6Quand il s'est vanté de ses performances sexuelles

Le 16 février 1990, Donald Trump fait la une du New York Post. Pas pour parler de l'un de ses nouveaux projets immobiliers, non. Pour évoquer ses performances sexuelles. A côté de la photo du milliardaire, le journal titre avec cette citation, attribuée à sa compagne de l'époque : "Le meilleur coup que j'aie jamais eu." "On a toujours su que Donald Trump était un tigre en salle de réunion, maintenant on sait que c'est un chat sauvage dans la chambre à coucher", écrit le quotidien à l'époque, sur la base des pseudo-confidences de Marla Maples. La jeune femme se serait "épanchée" auprès d'amis avec ce constat : "Donald est un amant merveilleux, merveilleux."

La une du "New York Post" du 16 février 1990. (NEW YORK POST)

"Il a adoré cela, se remémore Barbara Res, une ancienne cadre de son entreprise, interrogée par le New York Times (en anglais). Il a brandi la une au bureau. 'Vous avez vu ça ?' Tous ceux qui travaillaient là étaient un peu terrifiés. On pensait tous que cela lui donnait une mauvaise image. Lui, non."

Des souvenirs que Donald Trump conteste aujourd'hui. Mais cela n'a pas empêché son pénis de s'inviter dans la campagne des primaires républicaines. L'attaque est venue de l'un de ses adversaires, Marco Rubio. "Il m’appelle 'Little Marco' et je reconnais qu’il est plus grand que moi, a taclé le sénateur. Il doit faire 1,90 m. Mais je ne comprends pas pourquoi ses mains sont celles d’un homme de 1,60 m. Et vous savez ce qu’on dit sur les hommes qui ont de petites mains ? On ne peut pas leur faire confiance." "Regardez ces mains, est-ce que ce sont de petites mains ?" a répondu le businessman… en plein débat télévisé.

7Quand il a réduit Hillary Clinton à son genre 

Quand il s'agit d'attaquer sa principale adversaire démocrate, Hillary Clinton, les commentaires ne volent pas très haut chez Donald Trump. Le milliardaire l'a ainsi accusée de "jouer la carte femme" pour se faire élire. "Franchement, si c'était un homme, je ne pense pas qu'elle obtiendrait 5% des voix", lâche-t-il lors d'un discours. Tellement absurde que Mary Pat Christie, la femme de l'un de ses soutiens, le gouverneur Chris Christie, ne peut visiblement s'empêcher de lever les yeux au ciel. Compréhensible.

8Quand il a moins payé les femmes de son équipe de campagne

C'est une réalité : aux Etats-Unis comme en France, les femmes sont en général moins rémunérées que les hommes. Au sein de l'équipe de campagne de Donald Trump, elles sont minoritaires – seulement 28% des employés – et moins payées : elles ont touché en moyenne 4 500 dollars au mois d'avril, contre 6 100 dollars pour leurs collègues masculins, révèle le Boston Globe (en anglais). De son côté, Hillary Clinton emploie une équipe plutôt mixte, avec des salaires plutôt égalitaires : les femmes touchent en moyenne 3 710 dollars, contre 3 760 dollars pour les hommes, assure le journal.

D'ailleurs, quand Donald Trump a employé sa première femme, Ivana, il lui a confié des responsabilités, mais pas le salaire correspondant. Lorsqu'elle présidait le Trump's Castle, un casino, ainsi qu'un hôtel, elle ne touchait pour cela que la coquette somme de 1 dollar par an, d'après les documents consultés par le New York Times (en anglais)

A sa décharge, Donald Trump explique "être celui qui a vraiment brisé le plafond de verre pour les femmes dans l'industrie de la construction", "plus que quiconque". Une vision visiblement partagée par certaines de ses employées, interrogées par le Washington Post (en anglais). Barbara Res, pourtant pas avare de critiques sur le comportement de son ancien patron, reconnaît qu'il a été "courageux" de l'embaucher quand encore peu de femmes travaillaient dans ce domaine.

9Quand il a fait un commentaire salace à une candidate de son émission

Pendant de nombreuses années, Donald Trump a été un visage incontournable de la télévision américaine, avec son émission de télé-réalité "The Apprentice". Là encore, il a eu l'occasion d'y faire montre de tout son sexisme, par exemple lors d'une édition spéciale "célébrités" diffusée en 2013.

Dans l'un des épisodes, un candidat, Brett Michaels, décrit le comportement de l'une de ses adversaires, Brande Roderick. A l'entendre, cette dernière se serait "mise à genoux" pour le supplier de faire quelque chose. Le commentaire de Donald Trump fuse : "Excusez-moi, vous vous êtes mise à genoux ?" "Oui", répond l'intéressée, à laquelle le milliardaire répond : "Ça doit être plutôt sympa, de vous voir vous mettre à genoux." Le bon goût, toujours.

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