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"Je n'ai jamais vu une attaque raciste aussi horrible de toute ma vie" : les témoignages de militants antifascistes à Charlottesville

Des militants antifascistes racontent les violences dont ils ont été la cible, samedi, à Charlottesville dans l'État de Virginie aux États-Unis.

Article rédigé par Philippe Randé - Edité par Alexandra du Boucheron
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des heurts ont éclaté, samedi 12 août, entre suprématistes blancs et militants antifascistes, à Charlottesville, aux Etats-Unis. (JOSHUA ROBERTS / REUTERS)

Un rassemblement d'extrême droite a dégénéré à Charlottesville, en Virginie, dans l'est des États-Unis, lors de heurts entre suprématistes blancs et militants antifascistes samedi 12 août.

Dès le début de la journée, devant les premières échauffourées très violentes, les autorités locales ont décrété l'état d'urgenceUne femme de 32 ans a été tuée lorsqu'une voiture a foncé dans la foule, deux policiers ont péri dans l'accident de leur hélicoptère aux abords de la ville, sans qu'un lien explicite avec les affrontements ne soit établi, et 35 personnes ont été blessées. 

Charlottesville : le récit des violences par les militants antifascistes (reportage de Philippe Randé)

La voiture est encore en train de reculer, elle vient de foncer sur les manifestants dans la rue étroite en sens unique. Des dizaines de personnes crient dans tous les sens en criant le nom de leurs proches. "C'est complètement dingue, des personnes sont en train de mourir", dit ce militant antifasciste. "Est-ce que ça va ?", demande-t-il à une jeune fille au visage en sang. Un peu plus loin, John attend les secours, adossé à un mur. "Il y a quelqu'un par terre avec la jambe à moitié arrachée, indique-t-il en montrant un manifestant allongé sur le bitume. Il y a des chaussures partout, du sang sur le trottoir. Je n'ai jamais vu une attaque raciste aussi horrible de toute ma vie."

Très vite, au milieu du chaos, les premières ambulances et les policiers arrivent. Jane a passé la journée à arpenter les rues de Charlottesville pour chasser les membres de groupuscules d'extrême-droite. "Ça a été tendu toute la journée, raconte-t-elle en pleurant dans son foulard. On sait qu'il y a des gens qui sont capables de ce genre de comportement, des blancs racistes qui nous en veulent. On sait qu'ils existent à tous les niveaux mais, là, c'est complètement dingue. Il nous a foncé dessus. Il ne savait même pas qui il y avait dans la foule. C'était une foule mélangée, mixte."

C'est vraiment de la haine gratuite. C'est de la folie totale.

Jane, militante antifasciste, à Charlottesville

à franceinfo

La "haine" et la "folie", triste résumé de ces quelques heures de violences à Charlottesville. Par petits groupes, tout l'après-midi, des suprématistes blancs se sont battus à coups de battes de baseball et de poings contre des centaines de militants antifascistes. Lui aussi a affronté "les nazis", Terry, un bâton à la main ne cache pas sa colère : "Je suis un homme noir. Je suis un homme noir et homosexuel et je le suis ouvertement. Je me bats ici pour la ville dans laquelle j'ai grandi. Ma grand-mère est d'ici, toute ma famille est originaire d'ici. J'aime ma ville. Et il y a des fascistes qui sont venus de l'extérieur pour leurs objectifs débiles. Ils veulent nous diviser, nous humilier, mais ici c'est ma ville !"

Quelques minutes plus tard, dans la rue piétonne de Charlottesville, les membres des groupuscules d'extrême-droite sont désormais invisibles. Les magasins ont tous fermé. Des groupes de militants antifascistes déambulent en silence, survolés par un hélicoptère.

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