Etats-Unis : ce que l'on sait des violences qui ont fait un mort à Charlottesville
Une voiture a foncé sur des manifestants antiracistes, qui défilaient pour protester contre la tenue d'un rassemblement de militants d'extrême droite.
Un rassemblement de mouvements d'extrême droite américains a dégénéré en violences, samedi 12 août, à Charlottesville (Virginie, Etats-Unis). Une femme de 32 ans est morte, renversée par une voiture qui a foncé sur les militants d'une contre-manifestation antiraciste. La réaction de Donald Trump, qui s'est refusé à condamner les suprémacistes blancs, a suscité la controverse.
Quel était ce rassemblement d'extrême droite ?
Vendredi soir, déjà, plusieurs centaines d'hommes et de femmes portant des flambeaux ont défilé sur le campus de l'université de Virginie aux cris de "Vous ne nous remplacerez pas". Le mouvement s'appelle Unite the Right (Unir la droite) et prétend rassembler toute l'extrême droite américaine : néo-nazis, suprémacistes blancs, Ku Klux Klan (KKK) jusqu'à la droite alternative (alt-right), qui avait soutenu Donald Trump à l'élection présidentielle. Ces militants voulaient dénoncer le projet de démontage de la statue du général Lee, chef des armées des Etats de la Confédération (les Etats du Sud, qui étaient favorables à l'esclavage) durant la guerre de Sécession, entre 1861 et 1865.
Dès le début de la journée, samedi, de nombreux manifestants arboraient tenues militaires et armes semi-automatiques (la loi l'autorise en Virginie). Devant de premières échauffourées très violentes, les autorités locales ont décrété l'état d'urgence et l'interdiction du rassemblement, en vain. De nombreux partisans de l'extrême droite se sont tout de même mobilisés, brandissant torches et drapeaux confédérés. Certains faisaient le salut nazi, tandis que d'autres entonnaient des chants racistes antisémites et homophobes.
Face à cette présence massive de militants d'extrême droite, des militants antiracistes se sont également mobilisés, agitant des drapeaux du mouvement Black Lives Matter. Ils scandaient des slogans comme "Nous disons non à la peur raciste" ou "Pas de nazis, pas de KKK, pas de fascistes aux USA".
Que s'est-il passé ?
Une voiture a foncé dans une foule des contre-manifestants hostiles au rassemblement d'extrême droite. "On marchait dans la rue quand une voiture, une berline, nous a foncé dessus, elle a percuté tout le monde. Puis elle a reculé et nous a encore heurtés", a déclaré un témoin à l’AFP. "Une fille au sol a été mutilée. C’était volontaire, ils ont fait exprès de faire marche arrière", a raconté un autre homme qui a assisté à la scène.
Sur une vidéo amateur diffusée sur les réseaux sociaux, une voiture de couleur sombre percute violemment un autre véhicule par l’arrière, puis repart vivement en marche arrière, au milieu des manifestants. Une femme de 32 ans a été tuée et 19 personnes ont été blessées.
Le FBI a annoncé l'ouverture d'une enquête sur les circonstances dans lesquelles la voiture a foncé sur la foule. Le conducteur du véhicule a été placé en garde à vue et la police traite les faits comme un "homicide criminel", a déclaré le chef de la police de Charlottesville, Al Thomas. Selon la chaîne de télévision CNN, le suspect, James Alex Fields Jr, 20 ans, originaire de l'Ohio, a été inculpé de meurtre, de blessures et de délit de fuite.
Quel est le bilan ?
Une femme de 32 ans, habitante de Charlottesville, a été conduite à l'hôpital où sa mort a été constatée. Au total, 19 piétons ont été blessés plus ou moins gravement. En fin d'après-midi, au moins 35 personnes recevaient ou avaient reçu des soins pour des blessures graves ou légères dans la ville, a indiqué le chef de la police.
Par ailleurs, deux policiers sont morts dans un accident d'hélicoptère à une dizaine de kilomètres de la ville, après être intervenus pour aider à la dispersion des manifestants. On ignore pour le moment la cause de l'accident.
Qui est l'homme suspecté d'avoir foncé dans la foule ?
James Fields, 20 ans, a été interpellé et il se trouve désormais entre les mains de la police. Ce jeune homme originaire de l'Ohio est "accusé de meurtre, de trois chefs d'accusation pour blessures volontaires et de refus de s'arrêter sur les lieux d'un accident mortel", a précisé la police locale. Pendant le rassemblement de Charlottesville, il est apparu avec un bouclier aux couleurs de Vanguardia America, un groupe suprémaciste blanc qui a toutefois assuré que le jeune homme ne faisait pas partie de ses militants.
>> Charlottesville : qui est James Fields, accusé d'avoir précipité son véhicule sur la foule ?
La police n'a pour l'instant pas fourni d'explication à cet acte mais les services du procureur et le FBI ont ouvert une enquête, a indiqué le bureau local de la police fédérale américaine.
Comment a réagi Donald Trump ?
"Nous condamnons dans les termes les plus forts possibles cette énorme démonstration de haine, de sectarisme et de violence venant de diverses parties", a déclaré le président américain, depuis son golf de Bedminster (New Jersey), où il passe ses vacances.
Cette façon de renvoyer dos à dos les deux camps, a provoqué l'indignation chez les Démocrates mais aussi un profond malaise chez les Républicains. Interpellé par des journalistes, il d'abord a refusé de condamner spécifiquement les mouvements d'extrême droite. Le sénateur républicain de Floride, Marco Rubio, est intervenu sur Twitter, pour demander une réaction plus claire à Donald Trump. "Très important pour la nation d'entendre le président décrire les événements de Charlottesville pour ce qu'ils sont, une attaque terroriste menée par des suprémacistes blancs".
Very important for the nation to hear @potus describe events in #Charlottesville for what they are, a terror attack by #whitesupremacists
— Marco Rubio (@marcorubio) August 12, 2017
La démocrate Hillary Clinton l'a à son tour critiqué, sans le nommer. "Chaque minute où nous permettons à cette situation de se poursuivre par un encouragement tacite ou par inaction est une honte et un danger pour nos valeurs", a-t-elle tweeté.
Every minute we allow this to persist through tacit encouragement or inaction is a disgrace, & corrosive to our values.
— Hillary Clinton (@HillaryClinton) 12 août 2017
L'ex-président Barack Obama est aussi sorti de sa réserve en citant Nelson Mandela : "Personne ne naît en haïssant une autre personne à cause de la couleur de sa peau, ou de ses origines, ou de sa religion. Les gens doivent apprendre à haïr et s'ils peuvent apprendre à haïr alors on peut leur apprendre à aimer, car l'amour vient plus naturellement au cœur que son opposé".
"No one is born hating another person because of the color of his skin or his background or his religion..." pic.twitter.com/InZ58zkoAm
— Barack Obama (@BarackObama) 13 août 2017
"...For love comes more naturally to the human heart than its opposite." - Nelson Mandela
— Barack Obama (@BarackObama) 13 août 2017
"Le président a dit avec force hier qu'il condamnait toutes les formes de violence, de sectarisme et de haine, a finalement précisé un porte-parole de la Maison Blanche, dimanche. Cela inclut, bien sûr, les suprémacistes blancs, le KKK, les néo-nazis et tous les groupes extrémistes".
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