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Neuf fois où Donald Trump a prouvé que l'écologie était le dernier de ses soucis

Alors que le président américain réfléchit à sortir de l'accord de Paris sur le climat, franceinfo revient sur ses positions sur la protection de l'environnement.

Article rédigé par Julie Rasplus
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 10min
Le président Donald Trump signe un décret devant un trophée de chasse, le 26 avril 2017, à Washington (Etats-Unis).  (KEVIN LAMARQUE / REUTERS)

Il laisse planer le doute sur une éventuelle sortie des Etats-Unis de l'accord de Paris sur le climat. Donald Trump a reporté, à une date indéterminée, une réunion cruciale qui devait se tenir, mardi 9 mai, à la Maison Blanche. Il va encore falloir patienter pour connaître la décision officielle du président américain, alors qu'il a promis "d'annuler" l'accord tout au long de sa campagne.

Climatosceptique élu à la tête du deuxième pays plus gros émetteur de gaz à effet de serre, Donald Trump n'a jamais placé la lutte contre le réchauffement climatique au rang de ses priorités et s'illustre souvent comme un ennemi de la planète. La preuve en neuf (autres) exemples.

1Quand il martèle que le réchauffement climatique est un "canular"

C'est l'un des slogans de Donald Trump, qu'il expliquait déjà sur CNN en 2015, comme le relate L'Obs : "Je ne crois pas au changement climatique". Bien avant d'être élu à la tête des Etats-Unis, le milliardaire a multiplié les sorties fracassantes sur le climat. Son compte Twitter regorge de messages dans lesquels l'homme d'affaires assure que la crise climatique n'est qu'une invention des scientifiques. "Le concept de réchauffement climatique a été créé par les Chinois pour rendre l'industrie américaine non-compétitive", avançait-il (déjà) en 2012.

Un an après, Donald Trump jurait que le réchauffement climatique ne pouvait être qu'un "hoax" (un canular) vu les températures glaciales qui frappait le Texas, le Tennessee ou Los Angeles. Pourtant, le réchauffement climatique n'est pas incompatible avec des hivers rudes. Troublé par la météo et visiblement peu informé sur le sujet, le milliardaire est même allé jusqu'à suggérer au comité des Nobel de retirer son prix à Al Gore, décerné en 2007 pour son engagement environnemental.

2Quand il nomme un climatosceptique pour protéger l'environnement

Ce fut l'un des choix contestés de son début de mandat. Pour défendre l'environnement au niveau fédéral, Donald Trump n'a pas eu d'autre idée que de nommer le climatosceptique Scott Pruitt. Principaux faits d'armes de cet ancien procureur général de l'Oklahoma : avoir voulu supprimer l'Agence de protection de l'environnement (qu'il dirige aujourd'hui) et avoir mené une bataille judiciaire pour bloquer le plan de Barack Obama pour le climat.

Sa nomination, bien que contestée par le sénateur démocrate Bernie Sanders, n'a rien changé : Scott Pruitt continue toujours de rejeter les conclusions scientifiques concernant le réchauffement climatique. Invité de NBC News (en anglais) en mars, il a jugé que le CO2 n'était "pas le premier responsable du réchauffement climatique que l'on constate".

3Quand il juge que le budget alloué à la recherche n'est que du "gâchis"

Trois mois après sa prise de fonction, Donald Trump a présenté son premier projet de budget. Et la lutte contre le réchauffement climatique et contre la pollution ne compte pas parmi les priorités, bien au contraire. Le président a proposé d'amputer de presque un tiers l'enveloppe allouée à l'Agence de protection de l'environnement, soit 2,6 milliards de dollars en moins. Dans les faits, cette coupe drastique entraînerait la suppression de 3 200 postes sur 15 000 et cinquante programmes de recherches visant à améliorer la qualité de l'air ou l'énergie. En conférence de presse, le responsable du budget a ainsi défendu le choix de Donald Trump :

Nous ne dépensons plus d'argent sur cela, désormais. Nous considérons qu'il s'agit d'un gaspillage de votre argent.

Mick Mulvaney

le 16 mars, à la Maison Blanche

4Quand il offre un boulevard au charbon

Durant la campagne présidentielle américaine, Donald Trump, casque de mineur sur le crâne, n'a cessé de répéter une de ses promesses-phares : "Trump creuse le charbon." Au nom de l'emploi, et alors même que cette industrie ultra-polluante n'a plus la cote, le milliardaire s'est rangé aux côtés des mineurs, leur promettant un nouvel âge d'or.

Donald Trump enfile un casque de mineur lors d'un meeting à Charleston (Virginie), le 5 mai 2016, durant la campagne présidentielle américaine.  (BRENDAN SMIALOWSKI / AFP)

Lors d'une réunion publique à Louisville (Kentucky), en mars, Donald Trump en a remis une couche : "Nous allons remettre nos mineurs au travail. Ils n'ont pas bien été traités, mais ils vont être mieux traités maintenant. Charbon propre, pas vrai ?" a-t-il lancé en promettant de redonner des emplois aux mineurs. Une semaine plus tard, il a joint le geste à la parole grâce à un décret supprimant le "Clean Power Plan" de Barack Obama. Ce plan imposait aux centrales électriques de réduire leurs émissions de CO2 d'ici à 2030 et promouvait le développement des énergies renouvelables. 

5Quand il envisage d'autoriser de nouveaux forages en mer

Barack Obama a tenté de l'en empêcher, mais la sanctuarisation de larges zones maritimes situées en Arctique (au nord de l'Alaska) ou dans l'Atlantique, au large du Massachusetts jusqu'à la Virginie, n'a pas refroidi Donald Trump.

On ne va pas passer trop de temps à parler des forages dans l'Arctique, pas vrai ? Alors, on les autorise.

Donald Trump

le 28 avril

Le 28 avril, soit quatre mois après la loi passée par son prédécesseur, le nouveau président a signé un décret ordonnant de revenir sur l'interdiction des forages pétroliers et gaziers dans les océans Arctique, Atlantique et Pacifique. Cette mesure autorise l'exploration de millions d'hectares maritimes, détaille le Washington Post (en anglais). Objectif : "Faire rentrer de l'argent dans les caisses de l'Etat et créer du travail."

Malheureusement pour Donald Trump, ce n'est pas si simple. D'abord, de nombreuses villes de Californie, de l'Oregon ou encore de l'Etat de Washington sont opposées à de nouveaux forages. Il faudra les contourner. De plus, des avocats interrogés par ABC (en anglais) doutent que la décision de Barack Obama de protéger les zones puisse être totalement renversée. La bataille devrait donc se poursuivre en justice.

6Quand il veut alléger les normes anti-pollution des voitures

Le 15 mars, à Detroit (Michigan), Donald Trump a continué de s'en prendre aux régulations environnementales, en promettant aux constructeurs automobiles de les libérer des normes trop contraignantes. Le président a ainsi annoncé un réexamen de la limite autorisée de consommation moyenne des véhicules neufs, mise en place par son prédécesseur. Elle devait atteindre 4,3 litres pour 100 km à l'horizon 2025. Concrètement, cela ouvre la porte à une augmentation de la pollution de l'air et des émissions de CO2 liées au secteur automobile.

7Quand il relance deux projets d'oléoducs

Dès son entrée en fonctions, Donald Trump a affiché la couleur en relançant, par décret, deux projets d'oléoducs controversés et suspendus par l'administration Obama : le Keystone XL et le Dakota Access Pipeline. Le premier doit relier les champs de sables bitumineux de l'Alberta (Canada) aux raffineries américaines situées sur les côtes du golfe du Mexique. Or, ce mode d'extraction du pétrole est l'un des plus polluants. C'est pourquoi l'administration Obama avait décidé de bloquer l'avancée du projet, en l'occurrence la construction d'un tronçon entre le Canada et l'Etat du Nebraska. 

De son côté, le pipeline Dakota Access, long de 1 900 km, permettra de transporter des milliers de barils de pétrole de schiste du Dakota du Nord jusque dans l'Illinois. Son tracé avait suscité une forte contestation de tribus amérindiennes et de militants écologistes, inquiets d'éventuelles fuites, notamment dans la rivière Missouri sous laquelle le pipeline doit passer. Leur mobilisation avait réussi à mettre le projet sur pause. 

Mais cela n'a pas bloqué Donald Trump. Dans le Dakota, les travaux ont repris dans la foulée du décret passé par le nouveau président. Concernant le Keystone XL, des associations écologistes ont tenté de bloquer la décision. Mais elles ne devraient pas obtenir gain de cause. 

8Quand il rouvre la chasse aux loups et aux ours

Donald Trump se positionne aussi comme un président peu sensible à la conservation de la biodiversité. Une de ses dernières lubies consiste d'ailleurs à rouvrir la chasse aux ours et aux loups dans les réserves naturelles protégées de l'Alaska. Début avril, Donald Trump a promulgué une loi supprimant les protections pour ces animaux, accordées sous le mandat de Barack Obama.

Les élus républicains de l'Alaska, soutenus par le principal lobby des armes, la National Rifle Association (NRA), estimaient que cette législation empiétait sur leurs prérogatives et mettait en danger d'autres animaux, comme les cerfs. En conséquence, les chasseurs ont désormais la voie libre pour abattre les ours et les loups dans leurs abris, en présence de petits. Ils peuvent viser les grizzlis depuis des avions, ou les tuer à l'aide de pièges situés près des tanières ou en se servant d'appâts, détaille The Independent (en anglais)

9Quand il protège quand même ses intérêts de la montée des eaux (au cas où)

Donald Trump "ne croit pas" au réchauffement climatique... sauf quand ça pourrait le concerner ! Alors qu'il valide, chaque mois, des mesures anti-écologiques, le président américain s'est inquiété, en mai, de la perspective d'une montée du niveau de la mer aux abords d'un de ses complexes hôteliers, situé en Irlande. 

Selon le site Politico (en anglais), le milliardaire réfléchit à construire un mur côtier pour protéger de l'érosion le terrain de golf de son hôtel du comté de Clare. Une demande de permis de construire a été établie par la Trump International Golf Links Ireland et cite, explicitement, le phénomène du réchauffement climatique (et ses conséquences) pour le justifier. Un comble, d'autant que ce projet pourrait menacer un minuscule escargot en voie de disparition. Selon le Guardian (en anglais), les autorités locales ont d'ailleurs brandi cet argument pour bloquer la construction du mur.

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