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Pittsburgh : Donald Trump "catalyse mais ne cause pas" l'antisémitisme

Juste après l'attaque d'une synagogue à Pittsburgh qui a fait onze morts, Donald Trump a évoqué une "action maléfique". Pour Lauric Henneton, maître de conférences à l'université de Versailles Saint-Quentin, le président des États-Unis "catalyse" l'antisémitisme.

Article rédigé par franceinfo
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Donald Trump, samedi 27 octobre à Indianapolis, a réagi à l'attaque d'une synagogue de Pittsburgh. (JUSTIN CASTERLINE / EPA)

Onze personnes sont mortes dans la pire attaque antisémite de l'histoire des Etats-Unis, samedi 27 octobre, quand un homme a ouvert le feu dans une synagogue de Pittsburgh. Le président américain Donald Trump a aussitôt condamné "une action maléfique de meurtre de masse" et annoncé qu'il se rendrait sur place.

Mais Donald Trump est aussi visé par les critiques, souvent accusé d'attiser les haines. Il "catalyse" l'antisémitisme en jouant "sur deux tableaux", explique Lauric Henneton, maître de conférences à l'université de Versailles Saint-Quentin, auteur de La fin du rêve américain ?, dimanche 28 octobre sur franceinfo.

franceinfo : Que dit ce fait divers sur l'Amérique de Donald Trump ?

Lauric Henneton : C'est difficile, cette entente généralisée de voir Donald Trump comme le responsable numéro un. C'est sûr qu'il a une fonction de catalyseur plutôt que de cause. C'est-à-dire que quand on regarde les chiffres de l'antisémitisme et des actes antisémites, qui sont de natures très variables, on voit qu'il y a eu un pic en novembre 2016. C'est resté assez élevé dans les premiers mois de la présidence Trump, donc disons début 2017, après ça redescend mais sans redescendre en-dessous du niveau d'avant l'élection. Mais ce qu'on voit plus généralement c'est qu'il y avait une recrudescence qui commence vers 2014, donc Trump catalyse mais ne cause pas. L'Anti-Defamation League, qui traque l'antisémitisme aux États-Unis, rappelle que dans les années 1960 par exemple l'antisémitisme était beaucoup plus répandu, pas forcément au niveau des actes violents, mais de l'antisémitisme du quotidien. Donc on a une modification peut-être de sa nature et des passages à l'acte qui sont rares mais qui ont connu un certain nombre de pics, dont là cette tuerie tragique et inédite aux États-Unis.

Donald Trump a-t-il soufflé sur les braises pendant sa campagne pour la présidentielle notamment ?

C'est difficile de généraliser là-dessus puisque son gendre et sa fille sont juifs tous les deux. Sa fille s'est convertie au judaïsme. Dans son gouvernement, il y a un certain nombre de gens qui sont très proches de lui, son secrétaire du Trésor qui est le dernier des fidèles qui est juif aussi. Donc c'est difficile de le taxer d'antisémitisme lui-même, en revanche il a agité un certain nombre d'idées qui indirectement font échos dans le monde antisémite qui existait bien avant Trump et qui a trouvé dans Trump une espèce de messager. L'homme en Floride qui a été mis en cause pour les bombes avait trouvé une espèce de père spirituel en Donald Trump, c'est quelqu'un qui était paumé. Donc il y a des gens qui ont trouvé ce qu'ils voulaient y trouver. Les messages contre la presse, la presse est l'ennemie du peuple, ça reprend des thématiques antisémites, donc Trump en fait joue sur deux tableaux.

Est-ce que cette fusillade va jouer sur les midterms, les élections de mi-mandat ?

Je pense assez modérément, dans la mesure où ça reste quand même globalement des élections locales et que les camps sont déjà extrêmement tranchés. Les démocrates ne seront pas forcément plus démocrates par ce fait, et les républicains ne seront pas forcément moins républicains. Les indécis eux se fondent sur d'autres critères, notamment économiques, le rejet de Donald Trump qui est déjà là, donc ça se jouera plutôt à la fois sur des questions économiques et nationales, et sur des questions plutôt locales.

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