Pourquoi les relations entre les Etats-Unis et la Corée du Nord se détériorent
Le ton est brutalement monté, mercredi, entre Donald Trump et Kim Jong-un. Le dirigeant nord-coréen menace en effet de frapper Guam, une île du Pacifique où se trouve une importante base militaire américaine.
Les Etats-Unis et la Corée du Nord se sont engagés dans une guerre des mots. D'un côté, Donald Trump promet "le feu et la fureur" à Pyongyang en cas de nouvelles menaces, s'évertuant à vanter la puissance de l'arsenal nucléaire américain. De l'autre, le régime de Kim Jong-un dit développer un plan de "tir simultané" de quatre missiles de portée intermédiaire vers l'île de Guam, territoire américain situé dans le Pacifique, ajoutant que Donald Trump est "dépourvu de raison" et que "seule la force absolue peut fonctionner sur lui".
Le 1er mai, Donald Trump déclarait au sujet du dirigeant asiatique : "Si les conditions étaient réunies pour que je le rencontre, je le ferais, absolument. Je serais honoré de le faire." Pourquoi la relation entre les deux pays, depuis toujours acrimonieuse, s'est-elle à ce point dégradée ? Franceinfo récapitule les raisons de cette escalade entre les deux leaders.
Parce que Pyongyang détient des Américains
Quand Donald Trump est arrivé à la Maison Blanche, deux ressortissants américains étaient détenus dans les geôles nord-coréennes : Otto Warmbier, un étudiant condamné à 15 ans de travaux forcés pour avoir volé du matériel de propagande, et Kim Dong-chul, un pasteur américano-coréen accusé d'espionnage.
Depuis, deux universitaires américains ont été également arrêtés. Kim Sang-duk a été interpellé le 22 avril à l'aéroport de Pyongyang, le gouvernement lui reprochant d'avoir "commis des actes criminels hostiles ayant visé à renverser la République populaire démocratique de Corée". Le 6 mai, Kim Hak-song, ressortissant américain qui enseignait à l'université des sciences et de la technologie de Pyongyang, est à son tour arrêté. Ils sont toujours en détention. Quant à Otto Warmbier, il est rapatrié dans le coma aux Etats-Unis le 13 juin dernier, et décède six jours plus tard.
Le 3 août, les Etats-Unis décident de prendre une mesure radicale : interdire à tous ses ressortissants de se rendre en Corée du Nord à partir du 1er septembre. Le département d'Etat a clairement justifié cette décision en raison des risques de détention de longue durée dans le pays.
Parce que Kim Jong-un multiplie les essais nucléaires
Le 12 février, la Corée du Nord procède avec succès à son premier tir de missile balistique depuis l'investiture de Donald Trump. Il s'agit d'un engin à longue portée, ce qui constitue une violation des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU. L'agence officielle KCNA précise que Kim Jong-un a personnellement supervisé l'essai du missile Pukguksong-2, nouveau type d'arme stratégique qui serait capable de transporter une tête nucléaire.
La prochaine grande démonstration de force de la Corée du Nord survient le 4 juillet, jour férié aux Etats-Unis, qui fêtent leur indépendance. Pyongyang annonce avoir procédé avec succès à un tir de missile balistique intercontinental, et se dit désormais en mesure de frapper n'importe quel endroit de la planète. Idem le 28 juillet. Selon les données recueillies par les Etats-Unis, le Japon et la Corée du Sud, l'engin semble être plus puissant encore que celui testé le 4 juillet. L'agence de presse officielle présente le tir comme un "avertissement solennel" adressé aux Etats-Unis. Pour le renseignement américain, la Corée du Nord est sans doute en mesure, désormais, d'atteindre les Etats-Unis.
Elle aurait également réussi à mettre au point une ogive nucléaire miniaturisée pour être logée dans ses missiles, rapporte le Washington Post (en anglais) mardi, précisant que la Corée du Nord franchit ainsi un seuil décisif dans l'accession au statut de puissance nucléaire pleine et entière. Néanmoins, il n'est pas encore certain que cette ogive miniaturisée ait été testée.
Parce que la Corée du Nord menace les Etats-Unis
En parallèle de ses tirs, la Corée du Nord a aussi proféré des menaces visant directement les Etats-Unis. Fin avril par exemple, alors qu'un porte-avion américain et son escorte stationnent depuis quelques jours dans la région, l'agence de presse KCNA accuse Washington "d'avoir amené la situation au bord de la guerre nucléaire". "Nos forces révolutionnaires sont en ordre de combat pour couler le porte-avion américain à propulsion nucléaire d'une seule frappe", écrit le quotidien Rodong Sinmun, organe officiel du parti unique au pouvoir, .
"Il est possible que nous finissions par avoir un conflit majeur avec la Corée du Nord", rétorque Donald Trump dans un entretien à Reuters le 27 avril. "Nous souhaiterions résoudre tout cela par la voie diplomatique, mais c'est très difficile", estime-t-il. Le ton du président américain se montre plus acrimonieux encore le 29 avril, dans une conversation téléphonique avec le président philippin Rodrigo Duterte, dont la transcription est publiée fin mai par le Washington Post (en anglais) et le site américain The Intercept. "On ne peut pas laisser un fou avec des armes nucléaires dans la nature comme ça", aurait-il déclaré.
Le 8 août, Trump promet que la Corée du Nord fera face "au feu et la fureur comme le monde n'en a jamais vu" si elle réitère ses menaces. Dans les heures qui ont suivi, les autorités nord-coréennes ont fait savoir qu'elles "examin[ai]ent soigneusement" un projet de frappe sur l'île de Guam, où vivent 163 000 personnes et qui abrite une base militaire américaine.
Techniquement, les Etats-Unis sont toujours en état de guerre avec la Corée du Nord : le conflit de 1950-1953 s'était achevé par un armistice, non un traité de paix.
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