Reportage "Il faut se débarrasser de tous ces bureaucrates qui empêchent l'économie de bien fonctionner" : à Atlanta, le trumpisme gagne du terrain chez les plus diplômés

C'est une surprise de l'élection présidentielle américaine : 42% des diplômés ont voté pour Donald Trump dans la course à la Maison Blanche. En Géorgie, on ne s'en cache plus.
Article rédigé par franceinfo - Cécile de Kervasdoué
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Donald Trump danse sur scène lors d'un meeting à Atlanta, en Géorgie, le 15 octobre 2024. (KEVIN DIETSCH / GETTY IMAGES NORTH AMERICA / AFP)

Le trumpisme est-il (aussi) devenu un mouvement de cols blancs ? Aux États-Unis, les données sur le profil des électeurs de ce scrutin 2024 montrent un changement démographique de l’électorat du nouveau président élu. Il a rassemblé plus de jeunes, plus d’électeurs de couleur, principalement des hommes. Sa base reste très blanche et très ancrée chez les moins diplômés, mais Donald Trump a aussi gagné chez les diplômés dont 42% l’ont plébiscité.

Le quartier de Buckhead, au nord d'Atlanta, est un quartier d'affaires aux grandes tours et boutiques haut de gamme qui cachent des villas luxueuses. Dans ce quartier, qui a voté massivement pour Donald Trump lors de cette élection présidentielle, au détriment de Kamala Harris, les trois quarts des électeurs sont blancs et diplômés, comme Alex Johnson.

"Le gouvernement doit rester en retrait, estime cet avocat d'affaires. C'est la priorité de Donald Trump pour ce deuxième mandat : peu de gouvernement, promotion des droits et des responsabilités individuelles, baisse des impôts... Et surtout, il faut se débarrasser de tous ces politiciens et bureaucrates qui empêchent l'économie de bien fonctionner. Il faut un état nationaliste fort qui ne s'occupe que des Américains", plaide-t-il.

Une stratégie de Trump qui fonctionne

Il n'est pas étonnant que l'avocat mentionne le peuple américain, parce qu'il est aussi le président de la Fédération nationale des assemblées républicaines, la branche ultraconservatrice du parti qui a proposé de mettre en place un soutien à l'immigration volontaire des citoyens américains vers le pays d'origine de leurs ancêtres. Mais il n'est pas le seul à avancer ce genre de propos.

C'est une idée que partage Sarah, tout juste diplômée, qui vit chez ses parents : "Je voudrais que mes futurs enfants puissent être éduqués sans qu'on leur enseigne de force l'homosexualité, qui est une chose intime et privée. Et je voudrais que ma famille soit en sécurité face à l'afflux massif d'immigrés illégaux qui sont violents. Mais ça ne me fait pas peur parce que je porte une arme."

À côté d'elle, son frère rit, très grand et sûr de lui. Gabriel est vice-président du Parti des jeunes républicains de Géorgie. Il appartient aussi à d'autres organisations plus nébuleuses, dont une libertarienne. Il l'assure : il n'arrive pas à payer son loyer. "Les loyers ont augmenté de 30 à 55 % ces quatre dernières années, déplore-t-il. Je pense que le Parti républicain va pouvoir légiférer pour inciter à la baisse des loyers via des subventions à la construction ou même des plafonnements de loyer."

Une idée déjà proposée par l'administration démocrate cet été, mais Gabriel ne voit pas la contradiction. Une preuve que la stratégie du nouveau trumpisme fonctionne, analyse Bernard Fraga, professeur de sciences politiques à l'Université Emory d'Atlanta : "La politique aux USA ressemble de plus en plus à ce qu'il se passe en Europe, avec des partis de plus en plus à droite qui mélangent des propositions économiques très populistes et des idées xénophobes et nationalistes." 

Il rappelle également que même si Donald Trump décidait de fermer les frontières, l'Amérique resterait un pays multiethnique.

Le reportage de Cécile de Kervasdoué à Atlanta

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