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Trois raisons de se méfier de Michael Wolff, l'auteur du livre qui déclenche le feu et la fureur de Donald Trump

Publié vendredi 5 janvier aux Etats-Unis, "Fire and Fury : Inside the Trump White House" est une enquête sur les coulisses de la présidence Trump.

Article rédigé par franceinfo
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Michel Wolff, le 23 octobre 2017, au 50e anniversaire du "New York Magazine", à New York (Etats-Unis). (BEN GABBE / GETTY IMAGES / AFP)

C'est un best-seller en puissance. Le livre explosif sur Donald TrumpFire and Fury : Inside the Trump White House (Le Feu et la fureur : A l'intérieur de la Maison Blanche de Trump en français) a été publié vendredi 5 janvier aux Etats-Unis. Le président américain, Donald Trump, a tenté, en vain, d'empêcher la sortie de cette enquête à charge sur les coulisses de sa première année à la Maison Blanche. Mais la personnalité et les méthodes de l'auteur, le journaliste Michael Wolff, 64 ans, sont également controversées. Voici trois raisons de prendre ces affirmations avec des pincettes.

1Il prend ses aises avec la vérité

Du New York Times Magazine à Vanity Fair, en passant par le Hollywood Reporter, Michael Wolff a fait l'essentiel de sa carrière dans la presse magazine. En quatre décennies, il s'est fait connaître par ses enquêtes sur les "tycoons" des médias. Son livre le plus retentissant jusqu'à présent était déjà consacré à un magnat, l'Australien Rupert Murdoch (The Man Who Owns the News : Inside the Secret World of Rupert Murdoch sorti en 2008).

Ses méthodes sont-elles irréprochables pour autant ? Les confrères de l'essayiste notent que Michael Wolff prend volontiers des libertés avec la vérité, même s'il a été récompensé deux fois, en 2002 et en 2008, du prix National Magazine (dans la section "commentaire"). Le journaliste se fait ainsi épingler dans le journal politique The Hill par sa consœur de CNN Alisyn Camerota. L'ouvrage de Michael Wolff sur Donald Trump, estime-t-elle, "ne relève pas vraiment du journalisme" parce qu'il "ne vérifie pas" les propos des personnalités interviewées et ne les recoupe pas avec d'autres sources.

Pas de quoi démonter l'écrivain. En exergue de Fire and the Fury,  Michael Wolff reconnaît volontiers que "de nombreux événements se produisant à la Maison Blanche sous Donald Trump entrent en contradiction les uns avec les autres ; beaucoup, dans un style typiquement trumpiste, sont évidemment faux. Ces contradictions, ce rapport fluctuant avec la vérité, si ce n’est avec la réalité même, sont des éléments constitutifs de ce livre." 

2Il a des méthodes peu orthodoxes

On prête aussi à Michael Wolff des méthodes douteuses, dont il s'est d'ailleurs vanté. Pour écrire Autumn of the Moguls (L’Automne des magnats, éditions Flamingo), le journaliste cherchait ainsi des renseignements sur le train de vie de Steven Rattner, un ancien journaliste du New York Times devenu une éminente personnalité de Wall Street. Et il n'a pas trouvé mieux, raconte Le Monde, que de recruter comme espion son propre fils de 7 ans.

Compagnon de jeux du fils de Steven Rattner, l'enfant a été invité dans la somptueuse demeure du financier sur la 5e avenue, une des adresses les plus chics de New York. Selon le Daily Beast, Michael Wolff se serait vanté d'avoir arraché à son rejeton, dès qu'il est revenu à la maison, quelques détails choquants sur le mode de vie luxueux de la famille Rattner.

3Il invente des scènes

Enfin, la sauce à laquelle il accommode ses récits n'est pas du goût de tous. En 2004, à la sortie de L'Automne des magnats, le magazine américain New Republic affirmait : "Les scènes que Wolff dépeint dans ses chroniques ne sont pas tant rapportées que créées, surgissant de [son] imagination plutôt que de faits existants."  Le journal le décrivait comme une plume "en partie éditorialiste mondain, en partie psychothérapeute, en partie anthropologue social (qui) invite les lecteurs à être une mouche sur le mur du premier cercle des magnats".

En 2008, l'exigeant journaliste David Carr surenchérissait. "Historiquement, écrivait le critique littéraire dans le New York Times, à propos du livre sur Murdoch, l'un des problèmes avec l'omniscience de Wolff est que même s'il peut tout savoir, il a parfois tout faux."

Autant dire que Donad Trump a quelques alliés de marque dans son combat au nom de la vérité. A la veille de la sortie du livre qui met à mal sa première année à la Maison Blanche, le président des Etats-Unis s'en est pris sur Twitter à un ouvrage "plein de mensonges" et "de sources qui n'existent pas".

Reste quand même, au-delà des critiques faciles, un professionalisme avéré. Pour son dernier ouvrage, Michael Wolff a eu un accès permanent à la Maison Blanche, facilité par Donald Trump, visiblement inconscient du brûlot éditorial à venir. Et il a ainsi pu interviewer quelque 200 personnalités, dont l'ancien conseiller de Donald Trump Steve Bannon. Celui-ci n'a pas démenti les propos qui lui sont attribués. Et il accuse ni plus ni moins le fils du président américain d'avoir "trahi" son pays en prenant contact avec une avocate russe offrant des informations compromettantes sur Hillary Clinton, pendant la campagne présidentielle.

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