"Sous peine d'innocence" : le combat inlassable d'un condamné contre le système judiciaire américain
Le documentaire "Sous peine d'innocence" sort mercredi dans les salles. Il raconte l'histoire du combat de Severino Diaz, condamné aux États-Unis pour un crime qu'il a toujours nié. L'histoire aussi d'une formidable amitié avec un aumônier français.
Il a passé vingt-cinq ans derrière les murs de Rikers Island, l'île-prison au large de Manhattan, à New York, aux États-Unis. Il a toujours nié le crime pour lequel il a été condamné. Pourtant, à 77 ans, Severino Diaz ne manque pas d'humour. L'homme nous accueille avec un regard malicieux... et cette phrase : "S'il y a bien une chose que j'ai retenue, c'est qu'il vaut mieux être un milliardaire coupable qu'un innocent pauvre !" C'est l'histoire de son combat contre le système judiciaire américain que raconte le documentaire Sous peine d'innocence qui sort mercredi 1er mars au cinéma.
Condamné pour avoir refusé d'avouer
Le réalisateur Pierre Barnerias, un ancien grand reporter, a passé treize ans à filmer le parcours de Severino Diaz. La vie de cet exilé cubain, arrivé à New York en 1969, bascule un soir de décembre 1981. L'homme assiste au meutre d'un dealer dans un bar. Il a tout du coupable idéal. Malgré les éléments qui le disculpent, Severino Diaz est condamné en 1983 à quinze ans de prison car il refuse de plaider coupable et n'a pas les moyens de se défendre.
"À l'époque, ils m'ont dit que n'écoperai que de cinq ans de prison. Mais en échange je devais dire : 'Oui, j'ai tué ce type', raconte-t-il aujourd'hui. Je n'ai pas pu. Parce que ce n'était pas vrai." Arrivé au bout de sa peine initiale, Severino Diaz comparaît devant une commission de libération conditionnelle. Là encore, on lui demande d'avouer. Là encore, il refuse. Il écope une première fois de deux ans de prison supplémentaires. Pour avoir refusé obstinément d'avouer le crime dont on l'accuse, il passera au total dix ans de plus derrière les barreaux.
Je n'ai jamais avoué ce crime tout simplement parce que je n'ai pas commis ce crime.
Severino Diazà franceinfo
"Si je ne suis pas devenu fou", raconte aujourd'hui l'ancien détenu, c'est surtout grâce aux visites en prison du père Pierre. Quand le réalisateur Pierre Barnerias rencontre ce prêtre ouvrier français, aumônier à Rikers Island, Severino Diaz s'apprête à demander pour la cinquième fois une libération conditionnelle. "Ma foi et l'aide que j'ai reçues du père Pierre et de sœur Simone, sa collègue, m'ont énormément aidé, raconte-t-il. Ils m'ont soutenu. Ils sont restés à mes côtés tout le temps. Ils m'ont encouragé à me battre. J'ai toujours gardé espoir. Mais à un moment, ma foi m'a abandonné... Eux, ils m'ont gardé la tête hors de l'eau."
Pendant treize ans, Pierre Barnerias va cheminer aux côtés de ces deux hommes : "Vous êtes obligés de vous laisser prendre par la force de l'histoire, par la force du personnage, par cette sérénité qui se dégage de Severino, par la force tranquille de ce petit curé à la vitalité incroyable qui a réalisé quelque chose de fou". Aujourd'hui, Severino Diaz caresse un dernier rêve. Celui d'être un jour totalement innocenté.
C'est une belle histoire. Elle m'a impacté. Severino Diaz, c'est une usine à recycler du mal
Pierre Barnerias, réalisateurà franceinfo
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