Les Eglises d'Amérique Latine
Le Brésil, plus vaste Etat d’Amérique du Sud, recense presque autant de fidèles que l'Italie, la France et l'Allemagne réunies, soit 132 millions de personnes. Mais les communautés évangéliques y font une rude concurrence à l’église romaine, surtout dans les milieux pauvres. La principale d'entre elles, l'Eglise universelle du Royaume de Dieu, possède radios, télévisions et un influent parti politique.
Bon second avec ses 93 millions de fidèles, le Mexique possède une règlementation stricte quant à la séparation de l'Eglise et de l'Etat: les cérémonies religieuses en dehors des lieux de culte y sont encore interdites sans autorisation officielle et l'enseignement de la religion n'est pas autorisé dans les écoles publiques (un projet de loi est actuellement en discussion au Sénat mexicain pour modifier l'article 24 de la Constitution mexicaine sur la liberté de croyance).
Contrairement au Mexique, où 83% de la population est catholique, seulement 10% des Cubains le sont et moins de 100.000 confessent une pratique catholique régulière. En cause, les multiples confessions religieuses de l’île.
Depuis le retour à la laïcité dans l’île en 1992, après trente ans d'athéisme officiel, les églises évangéliques protestantes se sont fortement implantées à Cuba. Les autorités en dénombrent officiellement 54, dont 25 pentecôtistes, essentiellement concentrées à La Havane.
Le pape Benoît XVI au Mexique
Euronews, le 24 mars 2012
Rencontre symbolique du pape avec Fidel Castro
Un courant chrétien de défense des pauvres s’appuyant sur la doctrine marxiste et véhiculé par les mouvements révolutionnaires s’est développé dans les années 70-80 en Amérique Latine. Appelé théologie de la Libération, il a été combattu comme une dérive par le Saint-Siège.
Après son élection en 1978, Jean Paul II avait chargé Benoît XVI de contrer l'influence marxiste sur l'église en veillant à la bonne application du dogme dans cette partie du monde. Les religieux s’en réclamant avaient alors été muselés ou remplacés par des membres de l'Opus Dei et de mouvements très conservateurs, devenus par la suite influents.
Vue par les catholiques comme repliée sur elle-même et se coupant des terrains social et politique, l’Eglise avait alors perdu des fidèles. Le sujet semble moins sensible aujourd’hui et la rencontre du pape avec Fidel Castro lors de son voyage au Mexique et à Cuba, fin mars 2012, est là pour le prouver.
Des cultes syncrétiques omniprésents
L’identité religieuse en Amérique Latine s’est également construite avec les croyances des esclaves noirs ou les rites indiens.
Ainsi, les trois-quarts des Cubains sont adeptes de la santeria (vidéo), mélange de rites afro-cubains et de catholicisme. On y célèbre la divinité aquatique au visage de Madone Yemanja (vidéo) dans diverses variantes en Haïti, au Brésil, au Venezuela, en Uruguay ou en Argentine et dans de plus en plus de pays où les descendants d'esclaves sont rares.
Hors Cuba et Haïti, Yemanja est une déesse umbanda (vidéo), mélange de croyances africaines, chrétiennes et amérindiennes qui vénère un panthéon d'entités associées aux «forces de la nature» ou aux saints catholiques. Proche des cultes précédents, le candomblé s’est implanté au Brésil, au Paraguay, en Uruguay, au Venezuela et jusqu’en Argentine.
Quant au Mexique, où les croyances indiennes ont été expurgées de leurs pratiques barbares ou ostentatoires, la religion prend souvent une expression pagano-chrétienne.
Un phénomène difficile à quantifier
Beaucoup d'adeptes de ces mouvements religieux se disent chrétiens. Ils seraient 500.000 à se déclarer comme tels.
Quoi qu’il en soit, dans un Brésil où le syncrétisme religieux ne souffre que d'un léger repli, le dernier recensement officiel a montré une stagnation du nombre d'évangélistes et une baisse des catholiques au profit des musulmans et des «sans religion» qui gagnent du terrain. Ces derniers seraient un peu plus de 6% dans toute l’Amérique Latine.
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