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"L'élection du pape François rappelle celle de Jean-Paul II"

Un pape argentin, Jorge Mario Bergoglio, a été élu mercredi soir. Pour le vaticaniste Antoine-Marie Izoard, le choix de ce "pape des pauvres" réserve de nombreuses surprises.

Article rédigé par Hervé Brusini - Propos recueillis par
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Jorge Bergoglio, élu pape sous le nom de François, mercredi 13 mars au balcon de la basilique Saint-Pierre, au Vatican. (GIUSEPPE CACACE / AFP)

Jorge Mario Bergoglio a été élu pape, mercredi 13 mars. Agé de 76 ans, le cardinal argentin est le premier pape sud-américain. Il a choisi le nom de François, en hommage à Saint François d'Assise. Francetv info a interrogé Antoine-Marie Izoard, directeur de l'agence de presse I.Média, spécialisée dans l'information sur les activités du Vatican. Fin connaisseur de l'Eglise romaine, il avoue sa surprise devant le choix des cardinaux.

Francetv info : Jorge Mario Bergoglio... le nom du nouveau pape semble avoir stupéfait la place Saint-Pierre au moment où il a été prononcé. C'est aussi ce que vous avez ressenti ?

Antoine-Marie Izoard : Plus qu'une stupéfaction, je parlerais d'une sidération. Je n'avais pas décelé les signes avant-coureurs de ce choix. Car il y en a eu au moins un. Lors des congrégations générales, des cardinaux nous ont confié que Jorge Bergoglio avait déclaré que si la guillotine s'approchait - allusion aux propos de Benoît XVI lorsqu'il fut élu - il ne fallait pas refuser le poids de cette charge. Or en 2005, lui, le cardinal de Buenos Aires, avait bien failli être choisi. Mais il avait décliné l'offre et c'est ainsi que Joseph Ratzinger était devenu Benoît XVI.

Mercredi soir au balcon de la basilique Saint-Pierre, Jorge Bergoglio semblait très à l'aise, presque décidé à ne pas stopper son dialogue avec les fidèles...

Il semblait très en communion, grave, impressionné. Mais il était aussi dans une attitude très ouverte vers tous ceux qui étaient là, leur souhaitant même une bonne nuit mais surtout, s'inclinant devant eux, leur demandant de prier pour lui, pour sa bénédiction. Le silence était total sur la place Saint-Pierre, je n'avais jamais vu cela. Benoît XVI parlait de l'humilité, Jorge Bergoglio, lui, nous a prouvé qu'il était humble.

C'est un Argentin, sa réputation est d'être proche des pauvres. Est-ce que le pouvoir du Vatican change de registre ?

Le choix de François est une révolution. Je rapprocherais son élection de l'arrivée de Karol Wojtyla, c'est-à-dire Jean-Paul II, au Vatican. Souvenez vous : à l'époque, tout le monde se demandait qui il était, ce qu'il allait faire. Le choix de Jorge Bergoglio est du même ordre, mais dans un registre différent.

Jean-Paul II s'est confronté au monde communiste ; François, dans le choix même de son patronyme, affiche son combat contre la pauvreté. C'est un homme de grand courage. Il s'est heurté au pouvoir politique de son pays, n'a pas hésité à critiquer le néo-libéralisme, la mondialisation. Il a traité d'hypocrites les hommes d'Eglise qui, chez lui, refusent de baptiser les enfants nés hors mariage. Nul doute que, devenu pape, François ne dira pas avec la même radicalité ce que disait Jorge Bergoglio. Mais on voit nettement son positionnement. Nous aurons rapidement des signes concrets de ce que sera son pontificat, puisque des Journées mondiales de la jeunesse vont avoir lieu sur son continent, au Brésil, à Rio, en juillet prochain. La stupéfaction que nous avons vécue est positive, et il y en aura certainement beaucoup d'autres avec, en pleine crise économique mondiale, ce pape des pauvres.

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