Crise économique et politique au Venezuela : "La population est en situation de grande détresse"
Des opposants au président Nicolás Maduro ont défilé dans les rues, mercredi 26 octobre. Paula Vasquez, chargée de recherche au CNRS, décrypte pour franceinfo la grave crise qui traverse ce pays.
Le naufrage économique tourne à la crise politique. Voilà neuf mois que le Venezuela, dépendant de la manne pétrolière, souffre de la chute du cours du brut. Pénurie des aliments, taux d'inflation de 475% en 2016... Les conséquences sont désastreuses pour la population.
De grandes manifestations se sont tenues mercredi 26 octobre à l'initiative de l'opposition, qui appelle à une grève générale vendredi afin de réclamer le départ du président Nicolás Maduro, le socialiste qui a succédé à Hugo Chávez en 2013. Mardi, les députés votaient en faveur d'un procès en destitution contre lui. Nicolás Maduro dénonce un "putsch parlementaire". La situation est "extrêmement inquiétante", selon Paula Vasquez, chargée de recherche au CNRS, spécialiste du Venezuela.
franceinfo : Est-ce la fin de l'ère du président Nicolás Maduro ?
Paula Vasquez : Il faut bien comprendre que la crise dépasse largement celle de la chute du prix du baril de pétrole. L'État est en faillite. Ce qui s'effrondre actuellement au Venezuela, c'est tout le modèle socio-économique et politique mis en place par Hugo Chávez. La crise est la conséquence de quinze ans de politiques socio-économiques extrêmement dures, qui ont aujourd'hui de lourdes conséquences sur la population vénézuélienne.
Quelles sont les conséquences concrètes pour la population ?
Il y a une pénurie alimentaire, une pénurie de médicaments... Une pénurie de tous les biens de consommation de base. La population vénézuélienne est en grande détresse. Les femmes enceintes et les enfants n'ont pas accès aux protéines nécessaires à une bonne alimentation. Le taux de mortalité infantile est à peine digne d'un pays en développement. Les malades du Sida n'ont même plus accès aux médicaments antirétroviraux. Les gens sont en train de mourir, là où ce serait tout à fait évitable, dans un pays au système de soins correct.
Cette situation débouche aujourd'hui sur un bras de fer politique. Quelle peut en être l'issue ? Est-ce qu'un mouvement populaire peut renverser le président actuel ?
Il faut avoir en tête que la répression est forte au Venezuela. Or si l'on en croit les dernières déclarations du ministre de la Défense, Padrino López, l'arbitre du conflit est militaire. Le chavisme a fait de l'armée un corps politique à part entière. Et l'armée a ouvertement dit qu'elle allait défendre la position de l'exécutif. C'est extrêmement inquiétant.
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