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Venezuela : Nicolás Maduro est-il illégitime ? [À vrai dire]

Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Article rédigé par TV5MONDE - Laurie Fachaux
France Télévisions

Ce jeudi 10 janvier, le président vénézuélien entame un deuxième mandat contesté. Plus de cinquante pays ne reconnaissent pas ce mandat, à l'issue d'un scrutin controversé. L'Assemblée nationale vénézuélienne considère sans ambages Nicolás Maduro "illégitime".

"Nicolás Maduro est illégitime." C'est ce que déclarent la Conférence épiscopale vénézuélienne, et l'Assemblée nationale, la seule institution du pays contrôlée par l'opposition, au pouvoir symbolique.

Ces accusations remontent à l'élection présidentielle du 20 mai 2018. Nicolás Maduro est réélu avec  68 % des voix, mais les grands partis d'opposition jugent cette victoire truquée. Que signifie la légitimité ?

Est légitime qui possède les qualités requises par la loi, et le droit.

Définition Larousse

Comment réagit la communauté internationale ?

Au total, 51 pays ne reconnaissent pas la réélection de Nicolas Maduro, l'héritier de Hugo Chávez : les États-Unis, mais aussi l'Union européenne, ou l'Organisation des États américains.

Ces derniers jours, tout s'est accéléré ; le 4 janvier, treize des quatorze pays du groupe de Lima, comme le Canada ou le Brésil, ont déclaré "illégitime" le deuxième mandat de Nicolás Maduro. Pour eux, l'élection présidentielle du 20 mai dernier n'est pas valide car elle n'a permis "ni la particiption de tous les acteurs politiques vénézuéliens, ni la présence d'observateurs internationaux indépendants".

Alors, ces élections sont-elles conformes au droit, ou pas ? Pour Yoletty Bracho, doctorante vénézuélienne en sciences politiques à l'Université Lyon 2, "des pressions politiques et économiques vis-à-vis de l'exercice du vote" ont été exercées.

Certains opposants, de gauche et de droite, n'ont pas pu se présenter à l'élection, dont la date a été modifiée. Un cadre assez peu démocratique fait que cette élection n'est pas très légitime.

Yoletty Bracho, doctorante vénézuélienne en sciences politiques à l'Université Lyon 2

Pourquoi certains États reconnaissent-ils cette élection ?

La Russie, la Chine, la Turquie, le Mexique, ou encore le Nicaragua, reconnaissent la réelection de Nicolás Maduro. Pour ces États, rien à redire sur les résultats et l'organisation du scrutin. Des résultats certes "incontestables", mais dans le cadre d'une élection "singulière", nuance le directeur de recherche à l'IRIS et spécialiste de l'Amérique latine, Christophe Ventura. Le contexte au Venezuela est "hors normes" depuis 2013, souligne le chercheur qui évoque une "situation inextricable". Deux légitimités et deux positions politiques s'affrontent de manière assez radicale".

Ce pays ne fonctionne plus comme un pays standard du point de vue de ses références politiques, institutionnelles, et judiciaires.

Christophe Ventura, directeur de recherche à l'IRIS et spécialiste de l'Amérique latine

Dans ce contexte, cette élection a été boycottée par les Vénézuéliens,
avec moins d'un électeur sur deux qui s'est deplacé aux urnes - 46% de participation.

Dernier coup d'éclat en date : le juge du Tribunal suprême de justice Christian Zerpa s'est exilé aux États-Unis, car il refusait de valider la prestation de serment de Nicolás Maduro.

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