Visite de Laurent Fabius au Proche-Orient pour tenter de relancer le processus de paix
L'initiative diplomatique française part d'un constat partagé par tous. Les négociations israélo-palestiniennes sont bloquées, dans l'impasse depuis un an. La situation sur le terrain peut se dégrader à tout moment. Le ministre français évoque un risque d’embrasement et d’enlisement. Il y a donc urgence à agir répète-t-on dans l'entourage de Laurent Fabius. D'autant que les djihadistes de l'Etat Islamique pourraient être tenté un jour de s'inviter dans ce conflit.
Si le constat est déjà connu par toutes les chancelleries, c'est sur la question de la méthode que la France entend faire valoir sa différence. Le face à face entre Israéliens et Palestiniens sous l'égide des Américains n'a donné aucun résultat, dit-on au Quai d'Orsay. Il faut donc que la communauté internationale s'engage.
L'idée du ministre français des Affaires étrangères, c'est d'abord de créer un groupe de soutien international au processus de paix, rassemblant des pays arabes, des pays européens et les membres du conseil de sécurité de l'ONU. C'est l'objet de ce voyage. Associer les acteurs clés de la région aux discussions. Laurent Fabius a rencontré samedi ses homologues Marocains, Jordaniens, Egyptiens et Palestiniens.
Une résolution à l'ONU
Deuxième étape, plus délicate : la France voudrait faire adopter une résolution au conseil de sécurité de l'ONU, appelant à la reprise des négociations et appelant à une solution juste et durable dans les 18 mois. Elle pourrait être déposée au mois de septembre prochain. Pas question avant cela d’interférer avec les discussions en cours sur le nucléaire iranien. Elles doivent se terminer le 30 juin. Il s’agirait donc d’agir au moment de la traditionnelle Assemblée générale de l’Onu en septembre.
D’ici là, reste d’abord à convaincre les Palestiniens du bien-fondé de la démarche. Voilà les idées que Laurent Fabius est venue soumettre au président Mahmoud Abbas, le président de l’autorité palestinienne. Aider à la paix mais ne pas se substituer aux 2 parties.
Les palestiniens ont déjà remercié la France pour ses propositions. La question est de savoir toutefois s’ils accepteront un texte plus consensuel à l’ONU. En décembre dernier, ils avaient déjà déposé leur propre résolution mais elle a été rejetée par le conseil de sécurité,
"On est venu pour écouter"
Côté israélien, cette initiative française est accueillie très fraîchement. Benjamin Netanyahu n’a même pas attendu sa rencontre avec Laurent Fabius pour s’exprimer sur le sujet. L’initiative française n’est rien d’autre qu’un Diktat, a-t-il dit, qui nuirait à la sécurité d’Israël. Dans ce genre de propositions internationales, il n’y a jamais vraiment de référence aux besoins sécuritaires d’Israël.
Les risques d'échec de cette initiative française sont donc nombreux. Les Israéliens et les Palestiniens manifestent peu d'envie de discuter, tous les pays européens ne sont pas convaincus par la démarche, notamment l'Allemagne, les pays arabes sont aux prises avec des défis beaucoup plus urgents que la question palestinienne, comme l'Etat Islamique ou l'Iran. Et enfin, il y a la question des Etats-Unis. Washington se dit certes prêt à réévaluer ses positions face à Israël. Mais jusqu'où ? Personne ne le sait. En particulier, personne ne sait si dans l'hypothèse d'une résolution à l'ONU les Etats Unis seraient prêts à ne pas mettre leur veto. Laurent Fabius est conscient de toutes ces difficultés. "On est venu pour écouter ", répète-t-il depuis le début de sa visite.
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