Une nouvelle plainte annoncée contre la maternité de Port-Royal
Une femme ayant elle aussi perdu son bébé in utero en 2011 a décidé de porter plainte pour homicide involontaire.
"Ça a été très dur pour moi. Je n'avais pas eu la force jusqu'ici de le faire. Mais je me dis aujourd'hui qu'il ne faut plus laisser passer de pareilles choses." C'est par ces mots qu'une jeune femme, Yamina G., s'est confiée à Libération.fr, lundi 4 février. Elle explique au quotidien les circonstances qui ont conduit à la mort de son bébé in utero, à la maternité de Port-Royal à Paris, en 2011. Son avocate a annoncé lundi le dépôt "dans les jours qui viennent" d'une plainte pour "homicide involontaire", la deuxième contre l'établissement en quelques jours.
Cette annonce intervient au lendemain de l'ouverture dimanche d'une triple enquête (médicale, administrative et judiciaire) sur la mort in utero d'un bébé dans cette maternité. Un décès imputé par les parents à la saturation de l'établissement.
Cette jeune mère, qui avait déjà connu un premier accouchement difficile en 2006, s'était présentée le 24 novembre 2011 à la maternité, le jour de son terme, pour confier "ses peurs" et demander qu'on "lui fasse une césarienne". La sage-femme qui l'avait reçue l'aurait renvoyée chez elle, expliquant que le "col de l'utérus n'était pas encore suffisamment dilaté", a expliqué Me Abdi, son avocate. Dès "le lendemain, sentant des contractions, elle est revenue à l'hôpital où elle a été placée sous monitoring, afin de surveiller les battements de cœur du bébé", a ajouté l'avocate. C'est lors de cet examen que la jeune femme a réalisé que le cœur de son bébé "ralenti[ssait]" puis devenait "imperceptible", écrit Libération.
Un service dépassé par les évènements
"On m'a dit que l'appareil avait dû perdre le battement parce que j'avais de la graisse sur le ventre. Ils ont mis vingt-cinq minutes avant de constater que le cœur était effectivement arrêté", continue la jeune femme. Un peu plus tard, une sage-femme est revenue et a malheureusement constaté qu'il n'y avait plus rien à faire, a indiqué l'avocate. Tout comme les parents du bébé mort in utero la semaine dernière à la maternité de Port-Royal, elle impute le décès à la saturation de la maternité et pointe un service dépassé par les évènements : "J'ai eu l'impression que tout le monde était débordé, ça courait dans tous les sens. Tout est à la chaîne."
Caroline Sinz, Nabila Tabouri et les équipes de France 2 ont rencontré cette jeune femme, ainsi que deux autres ex-patientes de la maternité Port-Royal, qui pointent également des dysfonctionnements. L'une a préféré accoucher de ses jumeaux ailleurs, l'autre a dû se faire opérer en urgence dans un autre établissement d'un stérilet mal posé.
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