Nouveau coup de filet dans des milieux islamistes radicaux
Dix personnes qui auraient des profils comparables à celui de l'auteur des tueries de Montauban et Toulouse, Mohamed Merah, ont été arrêtées mercredi matin dans plusieurs villes de France.
Une nouveau coup de filet contre de présumés islamistes radicaux a été lancé tôt mercredi 4 avril dans plusieurs villes de France, selon une source proche de l'enquête à l'Agence France-Presse. Dix personnes ont été interpellées. Elles présenteraient des profils comparables à celui de Mohamed Merah, l'auteur des tueries de Montauban et Toulouse.
L'opération, qui s'est déroulée dans le cadre d'une enquête préliminaire du parquet antiterroriste de Paris, confiée à la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI), a débuté à 6 heures. Elle visait des personnes susceptibles de s'être rendues en Afghanistan ou au Pakistan, ainsi que celles qui désireraient s'y rendre pour mener le jihad.
Le coup de filet a eu lieu à Marseille (où un homme a été interpellé), dans les quartiers Nord, mais aussi à Roubaix, Carpentras (Vaucluse), Valence (Drôme), Pau (Pyrénées-Atlantiques) ou encore dans le Lot-et-Garonne.
Trois personnes arrêtées à Roubaix
A Roubaix, où trois personnes ont été interpellées vers 6 heures, une vingtaine de policiers cagoulés ont investi, sans bruit, un petit immeuble de trois étages dans un quartier résidentiel de Roubaix (Nord). Un homme vêtu d'une djellaba et une femme, visages masqués, ont été emmenés dans deux monospaces noirs, qui sont partis vers 8h15, toutes sirènes hurlantes. Neuf policiers cagoulés avaient auparavant sécurisé les lieux, dont quatre en civil et cinq policiers semblant appartenir au GIPN.
L'homme n'était pas chez lui lorsque les policiers ont investi son logement. Arrivé à pied devant son immeuble vers 6h30, soit quelque 25 minutes après le début de l'opération, les policiers en faction devant son immeuble lui ont demandé qui il était. "C'est moi, c'est moi", a-t-il répondu, selon une journaliste de l'AFP présente avec une dizaine d'autres confrères, dont certains avaient été prévenus la veille. Un voisin a décrit "une famille tranquille, sans histoire, qui occupait l'appartement depuis deux ans environ" et a expliqué que l'homme, qui se rend à la prière tous les matins, revenait probablement d'une salle de prière située dans une rue adjacente.
A deux rues de là, un autre homme âgé d'une trentaine d'années, le visage caché par un keffieh et habillé en djellaba, a également été arrêté dans le calme. Une équipe de France 3 était présente :
"Il n'a rien fait, c'est un fils de France. Parce qu'il a une petite barbe, qu'il porte la djellaba, qu'il va à la mosquée faire la prière, on dit qu'il est violent, ça y est, c'est un terroriste !", a protesté le père de ce jeune homme de 28 ans, âgé lui de 64 ans. "Ils ne respectent pas les gens, je suis écœuré", a-t-il ajouté, vindicatif, à l'adresse des forces de l'ordre.
"Ils sont arrivés à douze personnes, ils n'ont même pas sonné, ils ont tout de suite défoncé la porte. Pourquoi ils n'ont pas toqué ?", s'est interrogée la mère du jeune homme. "Mon fils, il n'a rien fait du tout, il n'appartient à aucun groupe. Il est juste parti en vacances au Maroc, mais moi aussi. Il ne demandait rien à personne. Jamais mon garçon n'a manié des armes."
Des individus au "profil à la Mohamed Merah"
Selon Audrey Goutard, journaliste à France 2, les personnes interpellées auraient le même profil que le tueur de Toulouse et de Montauban, Mohamed Merah. Soit des individus isolés, autoradicalisés, présentant pour certains des profils de petits délinquants, et susceptibles de s'être rendus au Pakistan et en Afghanistan.
"Il n'y a pas d'appartenance à un réseau. Ce sont des individus isolés avec pour la plupart un profil à la Mohamed Merah", a abondé une source policière à l'AFP. Toutefois, il n'y a aucun lien entre ce nouveau coup de filet et l'enquête Merah, selon la source. Mohamed Merah est présenté par la police comme un petit délinquant qui s'est radicalisé seul.
Un coup de filet moins d'une semaine après un précédent
Cette nouvelle opération intervient moins d'une semaine après l'interpellation de membres du groupuscule salafiste Forsane Alizza, le 30 mars. Treize d'entre eux ont été mis en examen mercredi matin.
Mais, là encore, les deux enquêtes ne sont pas liées. Le président candidat Nicolas Sarkozy avait prévenu après le premier coup de filet que les opérations policières dans les milieux islamistes radicaux allaient "continuer", après l'effroi provoqué par les tueries de Toulouse et Montauban.
L'opposition dénonce des arrière-pensées de Nicolas Sarkozy
Une partie de l'opposition à Nicolas Sarkozy a dénoncé les arrière-pensées politiques qui se dissimuleraient derrière ces opérations policières, le FN dénonçant un "coup de filet électoraliste". "Ça tombe bien" pour la campagne de Nicolas Sarkozy, avait ironisé le candidat du Front de gauche, Jean-Luc Mélenchon.
Michel Sapin, un proche du candidat socialiste François Hollande, avait jugé "légitime" la lutte contre l'islam radical mais "critiquable" de l'utiliser "à des fins électorales". Il avait regretté "la présence de caméras" lors de l'opération contre Forsane Alizza.
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