Pacifistes ou belliqueux, les ténors de l'UMP dans la bataille Copé-Fillon
La confusion règne toujours à l'UMP, mais les responsables prennent position. Jeter de l'huile sur le feu ou trouver une solution d'apaisement, chacun choisit son camp.
SUCCESSION A L'UMP – "Le surréalisme, c'est bien pour un dimanche soir, ça ne doit pas durer très longtemps." Les éditorialistes de la presse régionale ne sont pas les seuls à critiquer le spectacle offert par François Fillon et Jean-François Copé, lundi 19 novembre. Après le vote pour la présidence de l'UMP, l'ex-ministre Bruno Le Maire a qualifié de "surréaliste" la soirée de déchirements qui s'est déroulée dimanche entre les deux candidats.
Comme certains ténors de son parti, Bruno Le Maire a appelé "au calme et au respect des militants". D'autres préfèrent camper sur leurs positions et continuer de proclamer leur candidat vainqueur. Francetv info dresse un état des lieux des positions de chacun.
Ils jettent de l'huile sur le feu
Eric Ciotti. "Nous n'accepterons pas de nous faire voler ces résultats", a martelé l'invité de Bruce Toussaint lundi matin sur Europe 1, Eric Ciotti, directeur de campagne de François Fillon pour l'élection à la présidence de l'UMP. "Nous avons, nous aussi, notre système de comptabilisation des résultats et hier soir, tard dans la nuit, François Fillon avait plusieurs centaines de voix d’avance", a-t-il ajouté.
Nadine Morano. "Je regrette d'entendre Eric Ciotti dire des mensonges", a rétorqué l'ancienne ministre, soutien de Jean-François Copé. Elle était aussi interrogée sur Europe 1, en même temps qu'Eric Ciotti, mais au téléphone.
"J'ai trouvé regrettable que Fillon vienne à la télé, annonce lui aussi des résultats et fasse le procès à Jean-François Copé d'être venu annoncer des résultats", a déclaré Nadine Morano. "Il y avait des observateurs dans tous les bureaux de vote, il y avait des chiffres", a-t-elle ajouté, passablement énervée.
Valérie Pécresse. "Je ne comprends absolument pas pourquoi M. Copé s'est précipité pour annoncer une victoire qui n'était corroborée par aucun chiffre officiel donné par la commission en charge, précipité pour annoncer un chiffre qu'après, vous avez été bien incapables de nourrir et d'étayer", a réagi de son côté la députée UMP des Yvelines (pro-Fillon), également sur Europe 1.
En fin de matinée, elle a indiqué refuser de ne pas comptabiliser les bulletins des bureaux suspects, comme le demandent les partisans de Jean-François Copé. "S'il y a des contestations sur le vote, elles ne peuvent intervenir qu’après la publication officielle des résultats. (...) C'est comme ça en droit électoral", a-t-elle déclaré sur BFMTV.
Christian Estrosi. Le député-maire de Nice (Alpes-Maritimes), pro-Fillon, s'est dit "convaincu" lundi matin sur France Info que son camp allait "vers une victoire" dans la course à la présidence de l'UMP. "Je considère même qu'elle est acquise, mais que ce n'est pas à nous de la proclamer", a ajouté Christian Estrosi. Il a toutefois modéré ses propos sur i-Télé, en se disant d'accord avec la proposition de mettre en place une "instance collégiale", formulée par Bernard Accoyer lundi matin.
Ils appellent au calme
Bernard Accoyer. L'ancien président de l'Assemblée nationale (pro-Fillon) a en effet lancé lundi matin sur BFMTV un appel au calme. Il a proposé la mise en place temporaire d'une "instance collégiale". Avec par exemple un sage, comme l'ancien Premier ministre Alain Juppé ? "Oui, tout à fait, Alain Juppé est tout à fait le type de personnage qui peut jouer un rôle majeur pour sortir de cet épisode regrettable", a expliqué le député de la Haute-Savoie.
Alain Juppé. De son côté, l'ancien Premier ministre, très remonté contre la situation, a demandé aux candidats de cesser les "invectives" et de se rencontrer. Sur son blog, Alain Juppé, qui ne s'est prononcé pour aucun des candidats à la présidence du parti, écrit : "Il faut sortir de cette situation lamentable si l'on veut éviter l'éclatement de notre parti, à un moment où la France a plus que jamais besoin d'une opposition pugnace et intelligente." Il les a aussi appelés à se rencontrer pour "jeter les bases d’une nécessaire réconciliation".
Peu après, sur i-Télé, le maire de Bordeaux a réaffirmé sa position. Il a estimé que "l'existence même de l'UMP" était en cause en raison de la confrontation entre Jean-François Copé et François Fillon pour la présidence. Toutefois, il a assuré que l'un et l'autre lui ont dit être prêts à accepter la décision de la commission de contrôle du parti.
Laurent Wauquiez. Soutien de François Fillon, l'ancien ministre a estimé que l'UMP "donne une très mauvaise image". Selon lui, les partisans de l'ancien Premier ministre ont choisi d'être "des facteurs de calme et de sérénité".
Bruno Le Maire. Sur LCI, le député de l'Eure a appelé "chacun au calme et au respect des militants". "La commission va proclamer" les résultats, "il faudra tourner la page, se rassembler et se mettre au travail", a-t-il dit. "La démocratie peut se jouer à une voix" et "c'est la commission qui tranchera", a observé l'ancien ministre de l'Agriculture.
Jean-Pierre Raffarin. Autre ancien Premier ministre, Jean-Pierre Raffarin (pro-Copé) a lancé lundi matin sur RTL un appel à la "dédramatisation". Il a exprimé "beaucoup de regrets, une certaine tristesse puisqu'il y a une forte participation, c'était la première fois qu'il y avait un grand débat". "Chaque fois que des élections sont serrées, ça se passe un peu comme ça, il y a ce type de conflit, il faut l'accepter", a-t-il ajouté.
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