Exposition : « La Lune » au Grand Palais, du 3 avril au 22 juillet 2019
Du voyage réel aux voyages imaginaires, entre exploration scientifique et création artistique, quelle relation entretient-on avec la Lune ? Peinture, sculpture, vidéo, photos… De Chagall à Rodin en passant par Man Ray et Miro, l’exposition invite à une promenade contemplative et onirique à travers plus de 190 œuvres de l’antiquité à nos jours.
Le premier pas de l'Homme sur la Lune
Après le vol orbital du soviétique Youri Gagarine en 1961, les Américains lancent le programme Apollo. La finalité est d’envoyer un homme sur la Lune avant la fin de la décennie. Le 21 juillet 1969, les astronautes américains Neil Armstrong et Buzz Aldrin foulent le sol lunaire. L’événement, retransmis en direct à la télévision, rassemble des millions d’individus. Casque, gant, appareil photographique, échantillons de roches lunaires témoignent de cette expédition devenue historique. Les visiteurs pourront découvrir ces objets et cette aventure comme point de départ dans l’exposition du Grand Palais.
L’idée d’aller marcher sur la Lune est vieille comme le monde. Elle inspirait déjà les Histoires vraies de l’auteur satirique Lucien de Samosate (Anatolie, 120-180) au 2e siècle. Dans l’un des récits, le navire du narrateur est emporté jusqu’à la Lune par une tempête. Il faut attendre le 17e siècle pour qu’amateurs et savants, comme Galilée en 1609, observent cet astre à la lunette astronomique. La littérature imagine alors des véhicules pleins de fantaisie : des fioles remplies de rosée pour Savinien Cyrano de Bergerac (États et Empires de la Lune,1655).
Avec les progrès de la photographie, à la fin du 19e siècle, des clichés pris au foyer de lunettes astronomiques permettent désormais de réaliser des cartographies très détaillées. Ces images scientifiques peuvent également être observées avec un regard artistique et poétique. Dans les années qui suivent le « premier pas sur la Lune », les artistes questionnent cet événement qui a concerné des hommes blancs. La longue absence des femmes est dénoncée par Aleksandra Mir qui met en scène le premier pas d’une femme sur la Lune dans une vidéo (1999). Sylvie Fleury crée des fusées dont la forme évoque la virilité mais aussi des tubes de rouge à lèvres roses et brillants. Yinca Shonibare quant à lui, revendique, avec Space Walk (2002) la part que l’homme africain pourrait jouer dans la conquête spatiale.
La lune aux 3 visages
La Lune déroute par son aspect changeant et sa disparition 3 jours par mois. Nombre de calendriers sont basés sur les « lunaisons » : dans l’Egypte antique et dans les traditions du Livre. Peu pratique, car comptant 11 jours de moins que l’année solaire, le calendrier lunaire sert au calcul des célébrations religieuses. Malgré leurs différences, l’artiste Kader Attia insiste dans Big Bang sur la mémoire commune aux cultures islamique et hébraïque. La plupart des artistes contemporains s’interrogent davantage sur l’aspect transitoire de la Lune. Dans son installation de téléviseurs, Moon is the Oldest TV (1965-1992), Nam June Paik manipule les images du cycle lunaire à l’aide d’un aimant. D’un écran à l’autre le spectateur peut suivre ses phases successives. Avec le titre de cette oeuvre, l’artiste suggère avec poésie ou ironie que la Lune pourrait bien avoir été la première télévision.
Le russe Leonid Tishkov lui, recueille depuis 2003 une Lune, comme tombée du ciel et parcourt le monde à ses côtés (The Moon). Les différents états de la Lune s’expriment avec 3 têtes dans les représentations de la déesse gréco-romaine Hécate. Mystérieuse, elle reçoit les peines des voyageurs et on place son image aux carrefours. La Lune est aussi caressante et luit doucement la nuit. Cet astre doux illumine les amoureux de Marc Chagall et même la mort de La Jeune Martyre de Delaroche, qui semble sereine. Elle peut enfin être noire. Froide, elle éclaire de ses rayons blancs les activités inavouables ou les exactions de ceux que la raison a abandonnés. Chez les peintres de la fin du siècle des Lumières, comme Füssli, l’éclat blafard nocturne est le moment propice aux fantômes, aux cauchemars et à la mélancolie.
La lune personnifiée
Omniprésente et familière, la face visible de l’astre peut ressembler à un visage. Les cultures antiques lui confèrent une dimension sacrée. En Mésopotamie, la Lune prend le nom de Sin, fils de l’Air et père du Soleil. Ce dieu fait partie des puissances primordiales qui règnent sur le monde et maîtrisent le temps. Entité masculine dans l’Égypte ancienne également, la Lune est le pendant du Soleil, Rê, sous la forme d’une divinité ancienne appelée Iah. L’astre se lit aussi sous la figure d’un babouin : Thot, dieu de la sagesse et de la connaissance. En revanche, pour les Grecs et les Romains la Lune est féminine, incarnée par Séléné, « la brillante », mais surtout par Artémis, la Diane des Romains, soeur jumelle d’Apollon, le Soleil. Comme la Lune, elle erre au-dessus des montagnes et des contrées sauvages. Ses flèches font d’innombrables victimes. La Diane de Jean-Antoine Houdon (1776-1790) traduit ce caractère farouche (voir en couverture).
Un parcours rassemblant sculptures et peintures de différentes époques constitue un dernier temps dans l’exposition, celui d’une immersion libre dans la beauté et le rêve. Le visiteur est invité à voyager dans l’imaginaire et méditer devant la dernière oeuvre placée dans une alcôve, Endymion du sculpteur Canova (1757-1822). Cette statue ne montre pas la Lune elle-même, ni ses rayons, mais lejeune-homme endormi et rêvant.
Plus d'informations sur le site du Grand Palais
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