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Exposition « Louis-Philippe et Versailles » au Château de Versailles jusqu’au 3 février 2019

Pour la première fois, le château de Versailles consacre une exposition d’ampleur à Louis‑Philippe et à sa décision de transformer, sous la monarchie de Juillet, l’ancienne résidence royale en musée.

Article rédigé par franceinfo
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Louis Philippe et Versailles 2018 (Louis Philippe et Versailles 2018)

L’exposition, qui ouvrira à la date anniversaire de la naissance de Louis‑Philippe, permettra de rappeler ce moment décisif pour Versailles qui connaît, dès lors, une nouvelle vie. Elle insistera aussi sur le rôle fondamental de Louis‑Philippe dans cette transformation. En effet, le 6 octobre 1789, lorsque Louis XVI, Marie-Antoinette et la famille royale sont contraints de partir à Paris, le château, déserté, cesse définitivement d’être une résidence royale.

Découvrez la présentation en images de l’exposition avec une interview de Catherine Pégard, présidente du Château de Versailles. Réalisation : Jean-Luc Grzeskowiak.

Présentation de Louis-Philippe

Héritier de la famille d’Orléans, Louis‑Philippe a peu d’histoire commune avec le Versailles de l'Ancien Régime. Dès son accession au trône en 1830, le nouveau roi des Français marque son intérêt pour le palais et s’attache à transformer ce bâtiment monarchique en un monument national dédié «  à toutes les gloires de la France ». Son but, véritable manœuvre politique, est certainement de réconcilier les Français, profondément divisés mais surtout d’inscrire son règne dans l’histoire nationale. D’une part, Louis‑Philippe suit de près le chantier d’architecture et d’autre part, il passe commande aux plus grands artistes de l’époque – Horace Vernet, Eugène Delacroix, Edouard Picot, Antoine-Jean Gros entre autres - d’œuvres destinées à enrichir ce musée.

Cet ensemble exceptionnel retraçant l’épopée nationale sera mis en valeur par la scénographie de l’exposition confiée à Hubert Le Gall, tout autant que par les œuvres extérieures réunies à cette occasion. Des ensembles disparus des Galeries Historiques seront restitués, comme la galerie de sculptures dédiée à Louis XIV au premier étage de l’aile du Midi. A travers des correspondances établies avec des œuvres personnelles de Louis-Philippe, l’exposition montrera également comment ce dernier a formé son goût de collectionneur avant de passer des commandes pour Versailles.

Plus de deux cent trente œuvres exposées

Peintures, sculptures, dessins, maquettes, journaux intimes, mobilier, objets d’art, provenant des collections de Versailles et de grands musées internationaux (Ermitage de Saint-Pétersbourg, Cooper-Hewitt Museum de New York, National Gallery de Londres, Ashmolean Museum d’Oxford, Galerie Municipale de peinture de Luxembourg), retraceront le goût de Louis‑Philippe et l’implication directe du roi dans les travaux qui ont abouti à l’inauguration des Galeries Historiques le 10 juin 1837.

La fabrique d’un musée « à toutes les gloires de la France »

Sous le règne de Louis‑Philippe, deux Versailles vont cohabiter : l’ancienne résidence royale et les Galeries Historiques. Dans le corps central, les Grands Appartements, restaurés et remeublés, conservent leur appellation et leur destination. Dans les ailes, des chantiers considérables sont entrepris. Des Galeries Historiques sont créées d’une extrémité à l’autre du palais par Louis‑Philippe qui ponctue le parcours d’importants ensembles iconographiques : la galerie des Batailles de Tolbiac a Wagram, la salle des Etats-Généraux et la salle de 1792, la salle du Sacre de Napoléon à laquelle répond la salle de 1830 à la gloire du nouveau monarque, enfin les salles des Croisades et les salles d’Afrique restées inachevées à la chute de la monarchie de Juillet.

 L’architecte du palais, Fréderic Nepveu, plus ingénieur que scénographe, est obligé de compter avec les conseillers du roi. En effet, Louis‑Philippe prend les avis de ceux qu’il a fait travailler au Palais-Royal quelques années plus tôt : l’architecte Pierre-Léonard Fontaine, les peintres François Gérard et Horace Vernet. L’ornementation des parties modernes passe par la définition d’un vocabulaire décoratif hérite de l’Ancien Régime ; elle évoque celle des Grands Appartements mais cette décoration traditionnelle utilise de nouvelles techniques, notamment une structure métallique pour la galerie des Batailles.

De nombreuses commandes de tableaux sont passées. Elles entraînent une expérience sans précèdent : alors que sous la Restauration l’histoire nationale s’était surtout jouée sur le mode mineur de la peinture troubadour, le passage de l’anecdotique vers l’historicisme est définitivement consommé. Le programme iconographique versaillais appuie le discours politique voulu par Louis‑Philippe qui a hérité de son éducation une conscience aigüe de l’histoire, avivée par la Révolution et par la sensibilité romantique.

 Par le choix de la peinture rétrospective et narrative, par exemple dans la galerie des Batailles, il fait revivre les héros de la France. Les œuvres illustrent une histoire évènementielle, tandis que les noms glorieux incitent à la litanie ou à l’incantation magique. Quant aux salles d’Afrique, elles mettent en scène les fils de Louis‑Philippe partis promouvoir la conquête de l’Algérie.

L’histoire de France en image

Quelle que soit l’importance des symboles accumulés depuis l’Ancien Régime, Versailles évolue, grâce à Louis‑Philippe, vers un lieu didactique d’éducation. En transformant l’ancienne résidence des Bourbons en musée ouvert à tous, le roi confirme sa vision pédagogique du palais au sein duquel les tableaux se lisent comme un livre d’images. Toute la leçon de Versailles tient dans ce discours officiel qui résume l’histoire à une chronique didactique : prendre possession du passé pour inscrire le présent.

Plus d’informations sur le site du château de Versailles

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