Ce que contient l'enseignement de la morale laïque présenté par Peillon
Le ministre de l'Education nationale prévoit une heure de cours par semaine pour le primaire et le collège et 18 heures par an au lycée.
Il s'agit de "faire partager les valeurs de la République" aux élèves. Le ministre de l'Education nationale, Vincent Peillon, a présenté, lundi 22 avril, l'enseignement de "morale laïque" destiné aux élèves de primaire et de collège à raison d'au moins une heure par semaine, et de 18 heures par an au lycée. Il devrait être mis en place à partir de la rentrée 2015.
Alors que la majorité est bousculée, entre l'affaire Cahuzac et la mise en place de la moralisation de la vie politique, la présentation de ce nouvel enseignement intervient à un moment sensible. Pour le préparer, le ministre de l'Education nationale s'est appuyé sur un rapport, commandé en octobre à l'historien Alain Bergounioux, secrétaire national à l'éducation au Parti socialiste, Laurence Loeffel, professeure de philosophie de l'éducation à l'université Lille-3 et Rémy Schwartz, conseiller d'Etat. Décryptage.
Qu'est-ce que la "morale laïque" ?
Dans un entretien accordé au Monde (lien abonnés), Vincent Peillon définit la morale laïque ainsi : "Un ensemble de connaissances et de réflexions sur les valeurs, les principes et les règles qui permettent, dans la République, de vivre ensemble selon notre idéal commun de liberté, d'égalité et de fraternité. Cela doit aussi être une mise en pratique de ces valeurs et de ces règles."
Initialement appelé "la morale laïque", l'enseignement devrait s'intituler "enseignement moral et civique". Un glissement sémantique qui ne change rien, selon le ministre. Et ce dernier de préciser que cette "morale" n'est pas antireligieuse, "c'est exactement l'inverse". Selon le ministre, elle "vise l'autonomie" et prend "le pari de la liberté de conscience et de jugement de chacun."
Que va contenir l'enseignement ?
"On ne peut enseigner de la même manière la morale laïque du CP à la terminale. Nous devons donc penser une progression, tant du point de vue du contenu que des méthodes et des pédagogies", précisait déjà Vincent Peillon, dans son livre Refondons l'école. En septembre, le ministre avait souhaité une discipline à part entière, notée. En octobre, François Hollande avait défendu ce projet.
Aujourd'hui, Vincent Peillon confie au Conseil supérieur des programmes, qui est institué par la loi de refondation de l'école, le soin de définir les contours exacts de l'enseignement. Cependant, le ministre précise déjà que la morale laïque fera l'objet de manuels à part et d'horaires dévolus, contrairement à l'éducation civique qui était jusqu'ici rattachée à l'histoire-géographie. Enfin, il souhaite que, dans le secondaire, soient "imaginés des modules interdisciplinaires autour d'une question morale, sur le modèle des travaux personnels encadrés (TPE) du lycée général".
Alors que le rapport remis au ministre préconise que cette matière soit évaluée dans le brevet des collèges et en fin de lycée, Vincent Peillon explique, sans plus de précision, que "l'évaluation n'est pas nécessairement la notation sur 20".
Quel rôle les enseignants vont-ils jouer ?
Ce doit être un "projet collectif", dixit Vincent Peillon qui "considère que tous les professeurs doivent pouvoir transmettre cet enseignement, seuls ou en interdisciplinarité". Concrètement, les futurs enseignants seront préparés via deux modules de formation proposés à tous. Rien n'est pour l'instant précisé concernant les professeurs déjà en poste.
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