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Les pères privés de la garde de leurs enfants enfin entendus ?

L'opération coup de poing d'un père retranché au sommet d'une grue à Nantes rencontre un écho favorable dans le pays. Le gouvernement dit "entendre la revendication des pères". 

Article rédigé par franceinfo avec AFP
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Serge Charnay, le père d'un enfant retranché en haut d'une grue à Nantes, vient de tagguer l'engin, le 17 février 2013.  (FRANK PERRY / AFP)

Par une action spectaculaire, deux pères ont ce week-end revendiqué leur droit à une meilleure garde partagée. L'un d'eux est toujours retranché au sommet d'une grue nantaise. Le gouvernement s'est saisi du dossier. Des associations de pères de famille doivent être reçues la semaine prochaine par les ministres de la Justice et de la Famille. Ces coups d'éclats de plusieurs pères de famille ont en effet mis en lumière des problèmes dans l'attribution de la garde des enfants après un divorce. 

Des pères en demande d'enfants

"Je ne veux pas qu'un papa soit obligé de faire une grève de la faim pour réclamer son droit à voir ses enfants", explique Serge Charnay, père de 42 ans qui réclame le rétablissement du droit de visite de son enfant. En se perchant au sommet d'une grue, l'homme a souhaité attirer l'attention sur les problèmes de garde d'enfants. Il a été brièvement rejoint samedi par Nicolas Moreno, un autre père divorcé et solidaire de son action. 

Ce dernier s'est expliqué sur le sujet, après quelques heures passées en haut d'une grue : "Le tarif de base pour un papa, c'est un week-end sur deux, en réalité quatre jours sur trente. Ce jugement de base, c'est un jugement violent, ça vous retire neuf dixièmes du temps de votre enfant, cette justice est basée sur la violence."

Des chiffres éloquents

Leur message est relayé par plusieurs associations de pères, qui militent en ce sens. L'association SOS Papa a ainsi soutenu l'action de ces papas, samedi, estimant qu'ils  "sont des victimes de la justice familiale en France". SVP Papa, autre organisation de défense des droits des pèresa elle prévu d'organiser une manifestation, mercredi à Nantes, pour "dénoncer les dérives du pouvoir judiciaire" en matière de justice familiale.

Car dans les faits, les pères divorcés sont très peu à obtenir la garde de leur enfant. Selon le président de l'association SVP Papa, cité par France Info, "les lois sont équitables depuis 1990, mais les décisions des juges sont toujours d'exclure les pères du quotidien de leurs enfants". Un rapport du ministère de la Justice publié en 2009 révèle ainsi que la garde n'est confiée au père que dans 7,9% des cas. A contrario, la mère se voit confier la garde de l'enfant dans 76,8% des cas. 

Le gouvernement se saisit du sujet

Dans ce contexte, Jean-Marc Ayrault a demandé, dimanche 17 février, à la ministre de la Justice, Christiane Taubira, et la ministre déléguée à la Famille, Dominique Bertinotti, de recevoir la semaine prochaine l'association "SOS Papa et d'autres associations de défense des droits des pères". 

Un peu plus tôt dans la journée, Dominique Bertinotti a déclaré, en marge d'une réunion publique sur la petite enfance : "On ne peut pas vouloir à la fois l'égalité femme-homme, et en même temps, ne pas entendre les revendications des pères qui entendent assumer à part égales leurs responsabilités de parents". 

A droite, Valérie Pécresse s'est aussi dit favorable, sur France 3, à ce que "la garde alternée devienne le principe et qu'il y ait des exceptions" et "que l'on puisse avoir un droit, un accès des parents, des pères, davantage à leurs enfants".

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