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Petit guide pour bien lire les sondages

Plus de 300 sondages d'intentions de vote auront été publiés pendant la campagne présidentielle. Des enquêtes aux résultats très médiatisés, mais qui doivent être maniées avec précaution.

Article rédigé par Ilan Caro
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Les sondages réalisés sur internet sont régulièrement accusés d'être moins fiables que les autres. (ERIK DREYER / STONE SUB / GETTY IMAGES)

A la veille du second tour de l'élection présidentielle, plus de 300 sondages d'intentions de vote auront été publiés sur la campagne présidentielle. Des enquêtes aux résultats très médiatisés et très commentés, mais qui doivent être maniées avec précaution. Alors que Nicolas Sarkozy dépasse François Hollande pour la première fois mardi 13 mars dans une simulation du premier tour, FTVi vous donne quelques clés pour lire correctement les enquêtes d'opinion.

1/ Ne pas considérer un sondage comme une prévision

C'est le b.a-ba en matière d'enquêtes d'opinion : toujours se souvenir que les sondages ne peuvent pas prévoir le résultat d'une élection. Les sondeurs s'accordent tous à dire qu'il ne s'agit que d'une "photographie de l'opinion" à un instant donné. De fait, nombre d'événements peuvent encore se produire dans les 40 jours qui nous séparent du premier tour de l'élection présidentielle. Et potentiellement changer la donne.

Rappelons qu'en 2002, aucun sondage n'avait placé Jean-Marie Le Pen en deuxième position. Parmi les nombreuses explications avancées, l'affaire Papy Voise, un fait divers surmédiatisé pendant le week-end précédant le premier tour qui vit l'élimination de Lionel Jospin. Les sondages n'auraient alors pas eu le temps de mesurer le choc suscité par les images diffusées en boucle de ce vieillard tuméfié après un passage à tabac.

2/ Ne pas comparer les sondages d'instituts différents

Un sondage, cela ressemble à une enquête rigoureusement scientifique. Un échantillon représentatif de la population reconstitue une sorte de France en miniature, auquel est ensuite administré un questionnaire par téléphone ou par internet. Mais les résultats ne sont pas publiés à l'état brut.

Avant de les livrer au grand public, les instituts "redressent" leurs chiffres en se basant sur l'observation des élections précédentes et le dégré de certitude des personnes interrogées. "Il y a enfin un redressement humain, subjectif, qui repose sur l'expertise du sondeur", explique l'ancien sondeur Denis Pingaud, conseil en stratégie d'opinion et auteur de Secrets de sondages (Le Seuil, 2011). Une opération propre à chaque institut, qui en garde le secret de fabrication. Ainsi, la méthode de l'Ifop n'est pas forcément celle de BVA, qui n'est pas identique à celle d'Ipsos... Difficile, dans ces conditions, de comparer deux enquêtes réalisées par des instituts différents.

3/ Observer les tendances plutôt que les chiffres

A défaut de prévoir une élection, les sondages sont précieux pour indiquer des tendances, rendre compte des dynamiques de campagne de chacun des candidats. Pris indépendamment, un sondage d'intentions de vote n'est pas très pertinent. Mieux vaut donc les comparer entre eux afin de voir si tel discours ou telle interview télévisée a eu un effet dans l'opinion. Ainsi a-t-on pu mesurer que l'entrée en campagne de Nicolas Sarkozy, mi-février, lui avait très légèrement profité, avant une rechute puis une petite remontée.

Gare à l'effet amplificateur que peut générer l'omniprésence des sondages dans les médias. Si trois sondages publiés la même semaine font état d'un gain de deux points pour Nicolas Sarkozy, on ne peut pas en conclure qu'il soit en progression de six points. On pourra simplement dire que chacun des trois instituts observe une hausse de deux points depuis sa dernière livraison, une ou deux semaines plus tôt. D'où l'importance, aussi, de vérifier les dates auxquelles les enquêtes ont été menées. Il peut en effet y avoir un décalage important avec leur date de publication.

4/ Faire la moyenne des sondages publiés dans la même semaine

Autre "truc" pour faire parler les sondages : calculer chaque semaine la moyenne des enquêtes publiées, tous instituts confondus. Ce qui permet d'éliminer les biais liés à des sondeurs qui prennent un peu trop de liberté avec le "redressement humain". "Lorsqu'on fait cette moyenne, on remarque qu'il ne se passe pas grand-chose au cours de cette campagne. Le niveau des intentions de vote reste, pour le moment, étonamment stable. C'est assez inédit," note Denis Pingaud.

(Moyenne des sondages réalisés chaque semaine. Source : OpinionLab)

5/ Tenir compte des marges d'erreur

Tous les sondages comportent une marge d'erreur, qui diminue à mesure que le nombre de personnes interrogées augmente. Certains instituts, comme l'Ifop, indiquent dans leurs études quelles sont les marges d'erreur à considérer. Par exemple, si 1 000 personnes sont interrogées, la marge d'erreur est comprise entre 1,4 et 3,1% selon les scores obtenus par les différents candidats, comme le montre le tableau ci-dessous.

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